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Dom Deschamps
et le Riénisme

Le Précurseur de l’Église Réaliste

(1716-1774)

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Freddy Malot – 1989-2003

Église Réaliste Mondiale

Sommaire

Dom Deschamps – 1989 ?

Le Rienisme – juillet 1989

La Foi Rieniste – décembre 1989

Riénisme – décembre 2002

Dom Deschamps – janvier 2003

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Dom Deschamps

Léger-Marie DESCHAMPS est né le 10 janvier 1716 à Rennes. En 1720, un incendie détruit entièrement la ville. Son père, sergent-royal, est ruiné. Sa famille vivra désormais dans l’indigence. Au collège jésuite, qui dispense un enseignement gratuit, le jeune DESCHAMPS suit la filière normale des séminaristes pour entrer dans la congrégation bénédictine de St Maur, réputée pour ses travaux d’érudition.

LE FRÈRE DESCHAMPS

En 1733, malgré le violent antagonisme qui oppose les Jésuites (ad mortem) et les Bénédictins (Jansénistes), il devient profès dans le premier et prestigieux monastère breton : l’abbaye Ste Mélaine de Rennes. C’est un choix mystique de tradition populaire. DESCHAMPS suit une formation au sein de la congrégation, attachée, comme un service d’état, à l’histoire de France et l’histoire des provinces, destinée à faire connaître le droit public.

En 1743, au terme de cette formation, il devient le R.P. DOM DESCHAMPS. Désigné pour commencer l’histoire de Touraine, il travaille à la transcription minutieuse d’archives locales. Il est dispensé d’exercices religieux, subventionné pour ses déplacements et traité avec le plus grand respect.

Sollicité par une famille noble de vieille souche, dont la filiation était contestée par l’Armorial Général, il prend parti contre cette institution d’état. Il s’appuie sur des copies de Chartres et des témoignages allant dans le sens des prétentions de cette famille.

En 1747, à la suite de cette affaire, la Diète décide de le décharger de tous ses travaux. Jusqu’en 1757, DOM DESCHAMPS est affecté à différents monastères obscurs, reculés et désertés. Les fonctions qu’il occupe sont sans prestige mais dépourvues de contraintes officielles. Il met à profit ces années pour “méditer sur le fond des choses” et écrire “La Vérité Tirée du Fond du Puits” (seul livre “fait pour être dédié à l’humanité”).

LE CÉNOBITE BIPÈDE [1]

En 1757, DOM DESCHAMPS s’installe définitivement comme procureur d’une maison perdue du Bas-Anjou, le prieuré conventuel de Montreuil-Bellay qui ne compte que quatre moines. Il déploie très vite une intense activité.

À l’occasion d’une visite de courtoisie, il entre au château des Ormes, propriété du comte d’ARGENSON, ami des philosophes et ancien ministre à la guerre, exilé sur ses terres depuis sa disgrâce. Cette somptueuse résidence, célèbre pour sa bibliothèque enrichie de chaque nouvelle publication, portait le nom d’Académie littéraire des Ormes. DOM DESCHAMPS se lie d’amitié avec le fils du châtelain, le marquis VOYER d’ARGENSON connu pour ses grandes qualités militaires (un des rares officiers français cité dans les mémoires de Frédéric de Prusse) et son esprit cultivé. Il devient son confident et son maître à penser. À la mort du comte, le marquis ne séjournant au château qu’épisodiquement, il assure un rôle de surintendant et de secrétaire chargé de recevoir les demandes d’emplois, d’attribuer des pensions, d’assister les démunis… Dépourvu de servilité, indifférent au luxe, intégré à la famille, il reçoit les visiteurs : dignitaires de l’armée, princes de l’église et ambassadeurs.

En la ville de Montreuil, la misère était extrême. Un intense chômage urbain avait engendré un complet dénuement des familles, la mendicité et la prostitution. DOM DESCHAMPS entretient des rapports avec les habitants ; il partage leurs problèmes et leur vie ; il fait dîner au prieuré des familles entières au mépris de toute règle monastique. Par une pétition publique, il fait passer la ville sous la protection du marquis de VOYER et, sans aucune attribution officielle, il transforme la ville en une communauté dont il devient le centre. Notables et curés engagent nombre de manœuvres et déposent nombre de plaintes pour obtenir son départ. Il s’emploiera à les soumettre devant les tribunaux tant ecclésiastiques que séculiers.

LE PRINCE DES MÉTAPHYSICIENS [2]

À partir de 1760, par l’entremise du marquis de VOYER, DOM DESCHAMPS fait des “tentatives sur quelques-uns des philosophes au sujet de la vérité”. Il fait part de son ouvrage “La Vérité ou le Vrai Système”.

Il correspond avec J.J. ROUSSEAU qui trouve justesse et raison à la Vérité Morale, mais n’entend rien à la Vérité Métaphysique. DOM DESCHAMPS voit en lui le moins déraisonnable des philosophes, mais l’estime tout aussi inconséquent que les autres. Son seul grand mérite est “de nous faire voir l’extrême besoin que nous avons de changer de mœurs”. Leur échange est rompu lors de la proscription de l’Émile et de son auteur en 1763.

Entre 1764 et 1767, il rencontre HELVÉTIUS et d’ALEMBERT à Paris. De ce dernier, il le dit “incapable de saisir ces principes” (métaphysiques).

DOM DESCHAMPS revient à Paris en 1769 pour rencontrer DIDEROT. Celui-ci se rallie spontanément à la Vérité Morale (“diablement idéale”). Seul des philosophes à avoir absorbé la substance de la Vérité Métaphysique, Diderot voit en l’auteur “un apôtre du matérialisme” et l’appelle “mon maître”. Mais lors de la parution des “Lettres sur l’Esprit du Siècle” (dirigées contre les philosophes, ces “demi-lumières”), il en demande la censure. Même apaisé par DOM DESCHAMPS, leur relation en restera là.

Durant ce même séjour parisien, DOM DESCHAMPS a l’occasion de se faire connaître de d’HOLBACH dont il dira qu’il “n’a pas la morale conséquente de son athéisme”.

Quant à VOLTAIRE avec lequel il correspond en 1770 par l’intermédiaire du marquis, il se contente de signaler qu’il est “un vieil enfant qui mourra dans les ténèbres, comme il a vécu”.

•••

Durant toutes ces années, sous son influence connue jusqu’à Paris, le château des Ormes est devenu une Académie de métaphysique dont les membres appartiennent aux relations de VOYER. L’Ordre des Voyants, fondé en 1771, se proposa de propager la Foi Rieniste. Mais le 19 avril 1774, la santé ruinée par l’étude, DOM DESCHAMPS meurt au prieuré de Montreuil-Bellay. L’Ordre ne lui survit pas. En 1775 son disciple DOM MAZET, bibliothécaire de l’abbaye de St Germain des Prés, transcrit les manuscrits.

Freddy Malot – 1989 ?

Association DOM DESCHAMPS

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Le Rienisme

La crise spirituelle et sociale de l’époque contemporaine est celle de la putréfaction de toute la période préhistorique : ère primitive et ère civilisée. Le Rienisme de DOM DESCHAMPS a ouvert dès le 18ème siècle l’ère humaine, avant même le développement achevé de l’ère civilisée.

LA VÉRITÉ MÉTAPHYSIQUE

Le cri de la vérité métaphysique consiste à envisager la réalité toute entière sous trois façons d’existence : les êtres sensibles, Le tout et Tout.

• les êtres sensibles

- Tous les êtres sensibles, physiques, dans l’univers ne sont choses réelles que plus ou moins. Ils sont différents toujours d’eux-mêmes à chaque instant parce qu’ils sont rentrants les uns dans les autres, liés de manière organique.

- On peut les voir ou se les figurer parce qu’ils tombent sous chacun de nos sens désunis.

L’existence, ainsi vue aux yeux du corps, nous fait absurdement croire que les êtres physiques sont séparés les uns des autres et que les êtres métaphysiques (vie et mort, plein et vide, mouvement et repos, etc.) sont des contraires antagoniques qui se repoussent mutuellement.

• Le tout

- La masse commune des êtres sensibles, Le tout universel est un être réel. C’est l’être un, toujours égal à lui-même parce qu’il est le fond métaphysique dans tout et partout sous les nuances du physique, chair universelle de tout ce qui est concevable. Il est le parfait, le temps, le fini.

- On ne peut que le concevoir parce qu’il tombe sous l’entendement, sous les sens de concert et d’accord qui sont lui.

L’existence ainsi conçue aux yeux de l’esprit nous le fait voir d’une autre nature que les êtres physiques ses parties. Il n’est que rapport, comparaison, et les êtres métaphysiques sont des opposés congénères qui s’attirent mutuellement.

• Tout

- Le tout universel considéré comme ne faisant qu’un seul et même être avec ses parties n’est plus Le tout mais Tout. C’est l’être unique qui existe par lui-même parce qu’il est l’être sans parties. Il est l’imparfait, l’éternité, l’infini.

- On ne peut le concevoir que comme l’intelligible saisi en lui-même, vide de tout contenu. Il est sans rapport et les antagonismes entre sensible et intelligible sont dépassés par cette contradiction même qui fait de lui le Rien existant.

LA VÉRITÉ MORALE

Le tout universel et ses parties inséparables comme le Rien existant qui les affirme en les niant est inséparable d’eux. Ils sont les trois aspects de la même réalité, le dernier perfectionnement d’une trinité religieuse civilisée devenue rationnelle. Ils sont la seule science, tout le reste est connaissance.

Le cri de la vérité morale (sociale) consiste à voir l’histoire toute entière comme trois étapes de développement : l’état sauvage, l’état de lois et l’état de mœurs.

• l’état sauvage

L’état sauvage est l’état de désunion, sans autre union qu’une union d’instinct parce que les premiers hommes se sont attroupés pour leurs besoins et leur défense.

Il est le berceau duquel va grandir et se développer l’état de lois à proportion que le langage s’accroît et les connaissances s’acquièrent.

• l’état de lois

L’état de lois, né de l’état sauvage, est “l’état de l’extrême désunion dans l’union” parce qu’il repose sur l’ignorance déclarée des hommes, l’inégalité sociale et la propriété à l’égard des biens. Les lois humaines et divines n’existent qu’à l’appui de ces vices.

Mais il est le berceau duquel va grandir et se développer l’état de mœurs à proportion que l’homme, devenu aussi raisonneur qu’intelligent par sa société, ne trouvera plus que la somme des êtres, que Le tout et Tout.

• l’état de mœurs

L’état de mœurs est “l’état d’union sans désunion”, l’état social sans lois, sans tien ni mien, sans langues étrangères, sans pudeur.

C’est dans ce dernier état où la vérité seule peut éclairer toute la terre et concourir à ce que nous soyons un seul et même être. Le paradis sera ainsi dans le seul endroit où nous pouvions le faire, dans ce monde.

C’est par la vérité première et la vérité morale qui en découle que nous verrons tous nos systèmes fondamentaux épurés et réduits au Rienisme ; devenu lui-même une évidence, il cessera d’exister.

Freddy Malot – juillet 1989

Association DOM DESCHAMPS

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La Foi Rieniste

La pensée civilisée (c’est-à-dire “logique”) se résume toute entière dans la découverte de Dieu. Dieu fut le phare de la Science et le Foyer de la Mystique. L’époque moderne, elle, s’est déroulée sous le signe de Dieu accompli : l’Être Suprême. Alors, Dieu se trouve réduit à sa plus simple expression : il est simple rapport par sa forme (“suprême”) et simple chose par son contenu (“être”).

C’est le génie du moine DOM DESCHAMPS (1760) d’avoir établi deux choses : d’une part, le déisme pousse à son comble la pensée prisonnière du Mystère (apriorisme sans fard) ; d’autre part, ce fétichisme devenu provocant constitue la condition enfin réalisée qui obligera à rompre avec la pensée préhistorique qui se survit.

Ainsi, l’heure sonne de poser les bases de la pensée humaine proprement dite : le mode de pensée critique, l’athéisme éclairé.

INCONSÉQUENCE DES CROYANTS

Les croyants devaient périr, non pas à cause de leur “foi”, mais au contraire parce qu’ils restaient au fond des athées sans le savoir. Ils “croient”, prennent au sérieux l’intelligible, mais ils font de l’existence, de cette réalité suprême, un Être !

L’ÊTRE

La religion a dit de Dieu qu’il est créateur, de la même nature (donc) que l’homme qu’il a fait à son image. Parfait, il est l’affirmation de toute existence sensible. Prouvé lui-même sous le point de vue positif, il est l’être Un, le Temps, indépendant à tous égards des êtres.

Mais s’il est l’Être purement métaphysique – non physique –, il n’en existe pas moins par les êtres, et eux par lui. Et c’est par là qu’il est absurde de se le figurer créateur et indépendant des êtres puisque étant purement relation, rien n’est pas plus en-soi ou par-soi que lui.

SUPRÊME

La religion a dit de Dieu qu’il est non-créateur, d’une autre nature que l’homme qu’il a tiré du néant. In-fini, il est la négation de toute existence sensible. Éprouvé lui-même sous le point de vue négatif, il est l’être Unique, l’Éternité dont nous nous sommes fait une âme immortelle.

Mais s’il est l’Être purement intelligible, il ne renferme pas moins en lui l’être un et les êtres en nombre. Et c’est par là qu’il est absurde de le concevoir non-créateur (néant absolu), puisque niant les êtres sensibles il est le néant (existant) lui-même.

INDIGENCE DES ATHÉES

Les athées devaient périr, non pas à cause de leur esprit “positif”, mais au contraire parce qu’ils restaient au fond croyants sans le savoir. Ils “nient” le surnaturel, mais c’est pour vouer à la raison un culte !

CULTE

L’athéisme condamne la religion au nom de la Raison, en disant que c’est la matière organisée de telle façon qui pense.

Mais, avec cette vérité, on ne sait plus ce qu’est (le mouvement spontané). Il est l’existence universelle, la même dans tout et partout, sous toutes les façons d’être ou organisations possibles. (L’entendement, la conscience, nous donne seulement sous une forme directement sensible cette manière d’être générale de la matière).

Le système des athées embrasse le système général des êtres, pour prouver que l’homme n’est pas d’une autre nature que le reste des êtres. (Or), c’est par là, (précisément), que l’homme sort de la classe physique, qu’il est métaphysique, quoique sans principe métaphysique (restant une réalité finie, relative).

RAISON

L’athéisme combat les idées que les hommes se sont faites de Dieu en disant que la nature en général résulte de l’assemblage des différentes matières, de leurs combinaisons et des divers mouvements (mécaniques).

Mais, avec cette vérité, on ne sait pas ce qu’est (la matière première), la nature en-soi, et relativement aux êtres qui la constituent. Elle est métaphysique et ne peut pas être l’objet des sens en particulier.

Le système des athées tient à l’état actuel par les sciences et par les arts, il résulte d’une addition de connaissances particulières sur des choses jugées (absurdement) absolues. (Or), c’est par là, (précisément), que le métaphysique qu’ils embrassent n’en fait pas moins partie de celui qui leur manque.

L’ATHÉISME ÉCLAIRÉ

Croyants et athées n’ont de l’existence (de la réalité intelligible) que des lueurs, offusquées par l’absurdité de l’état de lois (régnant). (Mais c’est) cet état (même qui) demande nécessairement qu’on remonte à la vérité première (à affranchir la pensée du préjugé). (La pensée critique est) seule capable de détruire de fond en comble les lois prétendues divines (ou lois “immuables” de la nature). (Du même coup se trouvent détruits) les systèmes de leurs destructeurs – les demi-lumières –, systèmes déplacés et inutiles.

NI CROYANT, NI ATHÉE

Les croyants ont la notion intime de l’existence positive et négative, même être sous deux aspects contraires. Mais ils font de leur notion mal développée un être, (et par suite un être) intelligent et moral à notre image. (Ils inversent la relation).

Les athées détruisent sans établir. Ils n’ont pas compris que la religion était ce en quoi la raison s’est manifestée.

VOYANT

L’existence a deux façons d’être envisagée, c’est-à-dire par elle-même et par ce qui la compose. Si on l’envisage par elle-même c’est le “Rien”, l’in-fini qui ne dit point de parties. Si on l’envisage par ce qui la compose c’est “Le tout”, le fini qui dit des parties.

Ces deux êtres existent dans l’entendement qui est eux, qui est l’existence métaphysique même.

Développer cette faculté (critique) c’est être Voyant, c’est croire, (mais) au Rien (existant), c’est-à-dire à l’existence négative qui est inséparable de la positive (Enfin un a-théisme qui affirme !)…

Le mot Dieu est à retrancher de nos langues parce qu’il faut deux noms pour exprimer l’existence sous ses deux aspects contraires.

Mais il nous était impossible de venir à la vérité autrement que par la religion et ses dogmes absurdes, qui nous ont mis dans le cas de méditer le vrai.

Il fallait sortir du sein de la matière pour trouver l’être un et l’être unique, mais il ne fallait pas sortir hors d’elle.

Freddy Malot – décembre 1989

Association DOM DESCHAMPS

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Riénisme

– 1760 –

Dom Deschamps

A

La Réalité en-soi est la Contrariété-même.

1- La Réalité est ce qui “nie”, conteste et dépasse, les opposés que sont les Parties et LE Tout, en tant qu’extérieurs réciproquement.

2- Dès que cette négation est opérée sérieusement, nous nous ouvrons à la pensée de l’Existence pure et simple :

• L’Existence se donne tout d’abord comme affirmation du couple comme tel des Parties et DU Tout, en lequel les deux membres du rapport sont absolument confondus. Ceci nous emplit de la notion du TOUT-tout-court.

• Ensuite, si l’on se veut conséquent, l’Existence se donne comme opposition, cette fois strictement interne, de Tout avec lui-même, c’est-à-dire la relation intime nécessaire de Tout-tout-court avec LE Rien. On tient alors LE Rapport pur de la Réalité même.

3- Dès lors, l’identité foncière de Tout et DU Rien étant retenue, et le Manichéisme étant insoutenable, il faut bien admettre tout à la fois que le néant existe tout autant que l’être, et que, Tout et RIEN-tout-court sont la MÊME chose.

Arrivés à ce point, que dire sinon que tout est dit ! Le Mot de l’Enigme Métaphysique est découvert.

•••

B

1- La théorie Riéniste semble le Paradoxe à plein érigé en Vérité. Pourtant, s’y rallier est tout bêtement franchir le seuil de l’Innocence mentale. Le fait s’éclaire tout à fait, si on considère ceci : dans le Rapport de la Réalité, Rien (existant au suprême degré, quoique sous l’apparence négative), n’est que le vrai nom de l’Esprit, reconnu comme l’autre face de la Matière qui prend le nom de Tout. Ceci est d’ailleurs une confirmation radicale qu’on ne peut pas voir la Réalité, mais seulement la concevoir.

2- Penser sainement la Réalité est à vrai dire on ne peut plus aisé, au moins pour une avant-garde méditant au Siècle des Lumières, amenée à sonder à fond la dernière entrave qui bride les représentants diamétralement opposés de ce fameux siècle, lesquels s’avèrent alors n’être que des Demi-Lumières. Le grand obstacle à vaincre ne vient pas de la Réalité, mais de notre propre Cervelle prisonnière du Préjugé de la vieille Logique, A ≠ non-A. Une minorité respectable tente bien de se débattre dans ce piège, mais il lui manque la hauteur de vue qui fait le vrai génie, et elle s’arrête à des solutions rivales, Illuministe ou Athée, finalement simplistes et sans avenir, derniers feux trompeurs du passé.

3- S’affranchir réellement du Préjugé de la Raison demande un désintéressement total, nourri d’une étude impitoyablement exigeante. À cette condition seulement l’Existence comme Contrariété-même s’impose à la pensée discursive. Quand cette victoire est remportée, l’Évidence de la Réalité submerge l’heureux élu, car ce dernier se découvre la vivre effectivement dans l’expérience de ce “6ème sens” qu’est la Conscience intuitive nue. En vérité, la Conscience n’est autre que le “sens des sens” en qui l’Existence pure émerge incessamment en l’homme éveillé, sorti de la prime enfance, sain de corps et d’esprit. La vérité est tellement en nous (avec la Réalité) que sa clarté, quand elle nous frappe, ne nous semble au premier abord qu’une Réminiscence.

•••

C

1- En définitive :

• Loin de ne croire À rien, c’est croire AU Rien qu’il nous faut en venir de nos jours.

• Dans le même mouvement, nous nous trouvons émancipés de la croyance en l’Esprit exclusif, de la Foi réservée au vieux Dieu voulu raisonnable et moral.

2- La Libération mentale que représente le Riénisme, si laborieusement mûrie par l’Humanité, changera inévitablement la face du Monde. C’est que la propagation du Riénisme et son triomphe ne peuvent se concevoir sans une refonte parallèle et sans précédent de la Société. Ainsi, à l’état Sauvage et à l’état Politique qui lui succéda, doit enfin se substituer l’état de Mœurs, c’est-à-dire l’état Naturel-Moral, Anarchiste-Communiste.

Freddy Malot – décembre 2002

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Dom Deschamps

Le Riénisme


A- Plan Matériel – Spatial – Corporel – Vital – Quantitatif.

On a deux contraires :

• Inséparables, solidaires : pas de “Le tout” sans “Parties”, et réciproquement ;

• Exclusifs, extérieurs mutuellement : l’un n’est “pas” l’autre.

Qu’y a-t-il donc de Commun, d’“identique” entre ces contraires ?

C’est que “Le tout” existe ; ce n’est pas qu’un “nom”, c’est quelque chose, il est toujours réel, c’est-à-dire Défini, tout autant que Parties. Ex : une Armée par rapport aux Soldats. Si “grand” que soit un “Le tout”, il est toujours un “individu”, par rapport à ce qui l’excède indéfiniment ; et si “petite” que soit une Partie, c’est “un tout” par rapport à la division indéfinie qu’on peut lui faire subir. Entre les Parties et “Le tout”, il n’y a que la différence de degré quantitative distinguant le particulier et le général ; tout “abstrait” que semble le général, il est absolument concret. Je ne rencontre jamais que Pierre ou Paul, mais pas d’“Homme” ? Illusion qui vient du fétichisme de l’Individu ! Pierre, comme personne “privée”, fermée, qui ne change pas à chaque instant (et donc devrait être rebaptisé sans cesse), ne se “rencontre” qu’à sa… mort ! Bref, le Nominalisme ne tient que si l’espace est abstrait du temps !

L’“existence”, commune aux Parties et à “Le tout”, c’est qu’on sort du plus ou moins GRAND pour passer à la GRANDEUR, c’est-à-dire du quantitatif au qualitatif. On ne “mesure” pas la grandeur ! La Qualité qui définit “A”, en laquelle se confondent Parties et “Le tout”, c’est TOUT tout court, c’est-à-dire la Spatialité, la Corporéité. Bref, la Quantité comme telle (non pas une grandeur donnée mais LA grandeur) est UNE qualité. Mais UNE qualité comme la grandeur n’est pas LA qualité, ce n’est qu’une forme de qualité parmi les formes indéfinies de la qualité qu’on peut trouver dans la réalité : la couleur, la chaleur, etc. etc.

B- Plan Spirituel – Temporel – Psychique – Mental – Qualitatif.

Ayant “surmonté” l’opposition Parties-LE tout, avec la notion de TOUT tout court, on “tombe de Charybde en Scylla” (“de mal en pis”) sans l’avoir prévu !

Cette qualité particulière qu’est la quantité en soi, la “mesurabilité” de la réalité s’oppose aussitôt à la Qualité en soi, la qualité générale. Un homme a un nez, mais aussi des cheveux, des ongles, des yeux, des pieds. Avoir n’est pas Être ; cela désigne des attributs, des accidents. Un nez est droit, busqué, épaté, retroussé, etc. Les cheveux sont noirs, roux, châtains, blonds… Que dirait-on d’un nez qui n’a qu’une “forme” sans la qualifier ; ou des cheveux qui n’ont qu’une “couleur” sans la définir. La grandeur même “géométrique” (grand plus ou moins) est-elle du même ordre que la grandeur du “poids”, qui se réfère à la matière comme FORCE (pesanteur, c’est-à-dire MOBILITÉ) ?

TOUT n’est en fait qu’UNE qualité déterminée, particulière. LA qualité indéterminée, générale, on ne peut l’appeler que “LE rien”.

Tout et “Le rien” sont :

• Inséparables, solidaires : impossible de concevoir UNE qualité sans LA qualité ;

• Exclusifs : les qualités particulières sont sensibles, rendent compte de la Diversité, des Contrastes (clair/sombre, etc.) ; mais LA qualité qui affecte tout ce qui est possible et imaginable ne permet de rien distinguer, n’est par définition qu’intelligible. Est-ce pour cela qu’un mot (flatus vocis) ? Tout au contraire ! Rien n’est susceptible de qualification sans être qualifiable.

Si on mesure (quantité) toujours des êtres “de l’extérieur”, avec un mètre, une balance (et même la durée, par le “chemin parcouru par un mobile”), CE QUI est quantifié, nombré, est toujours un être LUI-MÊME qualifié et qualifiable.

Qu’y a-t-il de Commun, d’“identique”, entre les contraires que sont TOUT (une qualité) et “LE rien” (La qualité) ? (LA qualité : la Diversité… Indistincte !).

C’est le Continu, le Permanent, la Temporalité, la Spontanéité, l’Intensité. Une “nuit d’encre” n’est jamais le Noir Absolu ; une “lumière aveuglante” n’est jamais le Jour Absolu. UNE qualité est toujours DE LA qualité générale ; réciproquement, LA qualité en-soi n’est absolument pas “LE rien”, absence de qualification, mais à fond Affirmative, Positive ; la réalité est essentiellement qualifiable.

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LE tout et LE rien, ces deux catégories mentales qu’on dit en commun “nominales” au sens d’irréelles, “abstraites” au sens que n’ayant de réalité que dans notre tête, subjectivement et non objectivement, sont au contraire ce qui caractérise la Réalité elle-même au plus haut point. On ne peut que les concevoir et ne pas les voir ? On ne peut les voir qu’avec les “yeux de l’esprit” ? Certes ! Cela veut dire seulement qu’on ne peut pas “expérimenter” LA Réalité, comme telle au sens ordinaire. Bien sûr : vis-à-vis de LA Réalité, on ne peut plus faire comme si on était hors et au-dessus d’elle, comme un Sujet vis-à-vis d’un Objet (ce qui était le statut réservé à Dieu, au prix du Mystère).

Donc, c’est notre “Logique” elle-même, notre Cervelle dogmatique, qui sont à remettre en cause. Il faut devenir nouvel homme, 3ème espèce, pour se sortir du piège.

LE tout et LE rien sont deux “abstractions”, “généralités”, diamétralement opposées, comme Espace et Temps, Matière et Esprit, Mécanisme et Dynamisme, Quantité et Qualité. Une fois reconnue leur “existence” au suprême degré, qu’ils sont inhérents et constitutifs de la Réalité en-soi, ce qu’on peut seulement en dire, on voit qu’ils sont la même chose dite de deux manières. LE tout et LE rien confondus sont… RIEN. La dualité du Général (ce qu’ils ont de commun) s’abolit dans l’Universel.

Pour mieux dire :

Le Riénisme

Mais alors :

1- Spirituel – Psychique – Mental, que le dogmatisme cantonnait, au sens actif des mots, à Dieu et à l’Humanité, s’applique à toute la Réalité.

2- “Expérimenter” et “Intelligible” ne s’opposent plus et prennent chacun un nouveau sens. L’homme SEUL a simplement le “privilège” de comprendre (concevoir) LA Réalité “sans mystère” ; et il l’“expérimente” effectivement et non seulement avec “les yeux de l’esprit” ; il “sent” (intuitionne) la Réalité, par le “point sans dimension se trouvant au milieu de sa tête”, qui le rend “conscient d’être conscient”, conscient de rien d’autre que cela et “conscient” qu’il ne sait au fond que “VIVRE”, et “objet” de conscience qu’après coup. Par l’expérience pure de sa consciencevide”, il “sait”, et lui seul, qu’il EST la Réalité. (Mystique anéantissant le Mystère pratiquement).

Freddy Malot – janvier 2003

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(La fin, ça va pas encore. Donc : à suivre.)





Avertissement :

Nous vous rappelons que nous vivons en pays occupé :

"Les murs ont des oreilles...".