NOUVEAU :

                   • Manuel Réaliste-Convenable du Comm-Anar

                   • Œuvres de Freddy Malot par ordre chronologique

 

Accueil Tracts & Articles Brochures Contactez-nous !

version pdf pour impression Version pdf pour impression 

La Nouvelle Religion

________

Signature de Talib Freddy  – août 2007

 

Éditions de l’Évidence – 2010

2 montée de la Rochette, 69 300 Caluire

Sommaire

La Nouvelle Religion

La Nouvelle Religion

Qu’en est-il des Innovations Blâmables ?

Jehan Calvin

Al-Afghâni

Document : Tariq Ramadan – 1998


Annexes

Je suis…

“Écrasons l’Infâme” LAÏCITÉ !

ACQUIS SOCIAUX ? “Funeste Foutaise !”

Les Trois Religions Monothéistes : le dire imbécile !

________

La Nouvelle Religion

Front

1- Elle est authentique Religion. Car elle ne veut se connaître que comme seule héritière légitime de la Foi Moraliste, c’est-à-dire du Spiritualisme de l’Humanité civilisée.

À ce titre, elle est tout autre, clairement indépendante du Matérialisme et du Réalisme. Le Matérialisme ne désigne pas du tout l’Athéisme civilisé, qui va de Démocrite à d’Holbach, et voulait la Raison sans la Foi. Le Matérialisme désigne la Sagesse Ritualiste de l’Humanité Traditionnelle (ex : juifs, hindous, druides, anté-Islam, etc.). Le Réalisme (des apôtres du Comm-Anar) se présente face à la Religion comme professant le Spiritualisme-Matérialisme. La religion nouvelle a d’autres chats à fouetter !

2- On dit que la religion est Nouvelle. C’est simplement parce qu’elle prétend sans détours apporter une Orthodoxie toute différente de celle de la religion Classique. Nous avons conscience que ce second aspect demande tout particulièrement à être précisé.

I

Un impératif domine tous les autres : nous vivons à l’heure où la Religion doit sauver sa peau ! Pour bien comprendre la chose, prenons du recul, remontons aux causes, et présentons notre situation dans sa vérité toute nue.

• Il y a près de 170 ans – disons en 1840 –, l’Occident entrepris d’imposer sa domination Barbare sur la planète.

• À l’issue de la dernière guerre mondiale – 1945 –, l’objectif fut atteint, avec une forme indépassable de la Barbarie planétaire (seuls les restes de Communisme, écroulé en Russie en 1953, et se prolongeant en Chine jusqu’en 1976, purent faire illusion). Voici en effet ce que fut le système complet, achevé, de la Barbarie planétaire orchestrée par l’Occident :

- l’ONU ;

- la Sécurité Sociale ;

- les Indépendances Nationales ;

- la Laïcité (Déclaration Universelle des Droits de l’Homme de 1948).

Bien sûr, une immense démagogie fut mise en œuvre pour faire de la Barbarie Intégrale un Miroir aux Alouettes géant, et que la Masse populaire mondiale impuissante, tombe dans les filets de la Caste dominante. Pensez donc : les Casques Bleus de l’ONU empêcheront les guerres ; la Sécurité Sociale garantira les salariés contre les soupes populaires de 1929 ; les Indépendances Nationales aboliront le Colonialisme Blanc raciste ; et la Laïcité sonnera le glas des Idéologies et de l’Intolérance !

• Où en sommes-nous 60 ans plus tard, au tournant de l’an 2000 ? Le conte de fées de 1945 a tourné en cauchemar, les lanternes se découvrent n’être que des vessies, le système a implosé et nous sommes sous ses ruines. Or, l’Idéal à l’Envers réalisé qu’on nous avait servi ne peut être poussé plus loin, et la Caste Barbare ne peut plus que provoquer la Masse populaire mondiale à une Guerre Civile générale et “interminable”. Car la perspective s’arrête là, si ne surgit pas un Message qui soit à la hauteur du défi et ne craigne pas de clamer : “aux grands maux, les grands remèdes !”

•••

Que signifie réellement le Dogme de la Laïcité ?

D’abord, ne perdons surtout pas de vue que Laïcité fait corps avec tout le système de la Barbarie Intégrale ; de sorte que s’il s’agit d’“écraser l’Infâme Laïcité”, cela veut dire du même coup renverser l’ONU, détruire la Sécurité Sociale et éliminer les Indépendances Nationales ! (À la clef, il y a abolition de l’Argent et des Armes).

Ensuite, que se cache-t-il derrière le maquillage officiel de la Laïcité, laquelle serait “un idéal à atteindre”, idéal consistant dans la “liberté de croire et de ne pas croire”, ceci entraînant la “neutralité gouvernementale, des Administrations et des Écoles” ?

Il n’est pas difficile d’y voir clair dans cette bouillie. En fait, au nom de la liberté “de croire ou ne pas croire”, interdiction est faite à la masse populaire de penser à la manière civilisée, selon Foi-Raison. Notez bien en passant que cela vise tout autant le Croyant que l’Athée, l’athéisme étant qualifié de “dogmatisme” exécrable, accusé de professer une religion à l’envers. Pratiquement, la Laïcité entraîne la nécessité d’une École à l’image de la “Grande Muette” (l’armée), gouvernementale – et non pas “nationale” ! –, peu importe que sa gestion directe soit “publique” ou “privée”. Ensuite, cette École avouant devoir être inspirée par l’Ignorantisme Spirituel (AGNOSIE), sa mission déclarée est que l’Instruction soit totalement consacrée à étouffer l’Intelligence. On imagine les dégâts qu’on va pouvoir observer dans l’Instruction elle-même, chez les perroquets candidats au diplôme, dressés à la servilité prétentieuse, et à qui on devra offrir les pires dérivatifs cyniques et orduriers pour meubler leur vide mental. En résumé, la Laïcité est tout simplement l’Obscurantisme Inquisitorial Intégral, la guerre déclarée à tout l’héritage civilisé par haine de la Masse populaire. C’est ainsi que, alors que la Religion était le ciment de la société civilisée, la Laïcité est le corrosif de notre société Barbare.

•••

Comprend-on maintenant pourquoi l’Infâme Laïcité met en demeure la Religion de sauver sa peau, au stade terminal actuel de la Barbarie Intégrale ? Cernons encore mieux notre problème. Car envisager sérieusement la NOUVELLE religion exige de connaître à fond l’ANCIENNE !

D’abord, observons bien que notre situation n’offre de parallèle qu’avec la dernière phase de la chute de l’empire romain, de la chute de Byzance et de la chute du Saint Empire latin. Mais ce n’est pas assez dire : nous vivons la chute de l’Occident, c’est-à-dire de l’ordre Civilisé tout entier, ce qui nous lance un défi totalement inédit. Ne nous étonnons donc pas que ce qui nous arrive entraîne une double conséquence : d’une part le Spiritualisme Politique d’antan réclame pour lui faire honneur la Nouvelle Religion ; d’autre part nous ressentons de mille manières le besoin puissant de la réhabilitation du Matérialisme parental de l’Humanité Première. Par suite, le Front populaire vivant qui doit surgir de la Masse populaire prostrée, doit nécessairement comprendre deux branches : l’une néo-Spiritualiste, l’autre néo-Matérialiste. Ce point devra constamment rester présent en notre esprit, en ne traitant plus ensuite que de la Nouvelle Religion.

Ensuite, il faut savoir que la Laïcité se présente essentiellement avec deux casquettes : la clique des Cléricaux et la clique des Libre-penseurs. Ne soyons pas simplistes : le couple Cléricalisme-Libre pensée désigne seulement le cœur, la charpente de la Laïcité ; dans chaque clique il y a une gauche, une droite et un centre dont les influences mutuelles sont mouvantes ; et il y a encore des extrémistes de la Laïcité : soit cyniques soit occultistes. Pour éviter toute confusion, précisons encore que dans le camp hostile à la Laïcité, c’est-à-dire parmi les gens fonctionnant dans la sphère religieuse, ne sortant pas de l’orbite Foi-Raison, il y a toutes sortes de courants [1].

•••

Pourquoi les deux casquettes de la Laïcité : Cléricalisme-Libre pensée ? Pour armer solidement l’Obscurantisme Inquisitorial Intégral. Et le but est atteint en se donnant par cet équipement exactement la forme perverse et corrompue du couple Classique de la Religion : Idéalisme-Empirisme [2]. Quelle est la fonction du Clérical ? Elle consiste dans l’exercice de l’art suivant : tourner le Culte contre la Foi. Quelle est la fonction du Libre-penseur ? Elle consiste dans l’exercice de l’art suivant : tourner la Science contre la Raison. Il est inévitable que le Cléricalisme, par sa bondieuserie stupide, engendre de manière chronique des fournées de Libre-penseurs et de Cyniques. La boutique Cléricale court-elle vers le dépôt de bilan ? Non pas. La loi des vases communicants produit sont effet : la Libre-pensée, par son horizon simiesque désolant, rétablit l’équilibre en engendrant de manière chronique des fournées compensatrices de Cléricaux et d’Occultistes. C’est ainsi que dans la guerre en dentelles sans fin que se livrent les uns et les autres, chaque camp peut toujours crier victoire : voyez nos recrues touchées enfin par la grâce, disent les Cléricaux ; voyez nos recrues enfin délivrées de la superstition, disent les Libre-penseurs.

La Laïcité peut-elle se satisfaire de ce genre de performance qui a tout l’air de se réduire à un piteux sur-place ? Ce n’est pas du tout ainsi qu’il faut aborder sa mission. Apprenons à mieux la connaître. Primo, rappelons-le, la Laïcité est une institution Inquisitoriale et, comme telle, son “idéal” se borne au maintien purement opportuniste de l’Obscurantisme établi. Secundo, comme on ne peut arrêter la roue de l’histoire, qu’on ne peut donc en rester à la Laïcité originelle – de 1840 [3] –, la seule solution est celle de la fuite en avant, d’un sur-place aggravé, d’une intensification programmée de l’Obscurantisme Intégral. Voici trouvée la loi de l’Immobilisme en Mouvement qui va gouverner la Barbarie Intégrale jusqu’à nos jours.

Venons-en au fin-fond de cette affaire nauséabonde de la Laïcité. C’est l’histoire de la guerre à mort déclarée par la Caste dominante contre la mentalité civilisée appuyée sur Foi-Raison. Mais peut-on faire que la Civilisation Spiritualiste n’ait pas été ? Du côté de la Masse populaire, des “simples”, c’est absolument impossible. Bien plus, chez les simples, Foi-Raison devenu comme un instinct, cette ombre de l’âme civilisée, est tout ce qui leur reste sous la domination Laïque-barbare ; et ce vestige s’éveille, prend corps, à la moindre brèche dans l’ordre établi qui permet à leur Intelligence nue de tout Savoir de s’exercer. Bref, pour les Torquemada [4] de la Laïcité, Foi-Raison est la honte de l’histoire de l’humanité, le péché originel contracté par la Masse populaire, indélébile, que les simples transmettent à leur descendance, et qui ne saurait jamais obtenir miséricorde [5]. Le Clergé Associatif laïque – comprenant les Libre-penseurs syndicaux ou autres – n’envisage donc pas d’exorciser le penchant Foi-Raison des simples. Tout juste use-t-il de la parole hypocrite du Tartuffe de Molière : “Cachez cet instinct que je ne saurais voir” [6], c’est-à-dire : pas de “signe ostentatoire” de votre Intelligence, pas de “prosélytisme” philosophique ou confessionnel civilisé, pas de vrai savoir “à des fins politiques” (de témoignage civilisé de la responsabilité du monde). Et tout le déploiement prodigieux de moyens pour l’“intégration” des simples à la Laïcité (École-Associations-Médias-Culture) ne vise qu’à répandre le Terrorisme Intellectuel, qu’à collecter le “Renseignement de proximité”, et à organiser les conditions optimales de l’appel au “bras temporel” : corruption par l’Argent de certains “meneurs”, et répression par les Armes des autres. On a bien compris que l’objectif d’une destruction, d’un anéantissement, de l’Instinct indéracinable de Foi-Raison est complètement exclu par la Caste, tenu pour Utopique. Elle sait ne devoir consacrer la Croisade Laïque qu’à traquer, obséder (assiéger), persécuter inlassablement et toujours plus “scientifiquement” les moindres débuts de manifestation de la chose. L’effroi de la Caste est naturellement de déceler une expression Moderne de l’Intelligence dans la Masse populaire.

•••

Laissons la Laïcité, pour revenir à notre vrai problème : la Nouvelle Religion qui doit sauver la peau de l’Ancienne.

Nous avons vécu près de 170 ans de domination du Paganisme. Il faut en tirer la leçon. Le point-clef est d’avoir découvert qu’il s’agit de la Laïcité INTÉGRALE (dont nous ne nous occuperons que de la branche Cléricale, puisque les Cléricaux ont le mot Dieu à la bouche). Pourquoi cette forme “intégrale” a-t-elle tant d’importance ? Depuis que la Religion existe, il y eut toujours des païens Cléricaux. Il y eut même dans le passé, lors des graves crises religieuses, des Cléricaux Dominants. Mais ceci se produisait dans le cadre de crises de Croissance de la religion, celle-ci ayant encore à se perfectionner ; de sorte que la domination cléricale était passagère, un simple intermède douloureux annonçant l’avènement d’une nouvelle Orthodoxie. Tel était donc l’aspect Temporel des formes inconséquentes de la Laïcité. Mais il est un autre aspect, Spatial celui-là, de la Laïcité du passé. Il consiste dans le fait qu’on était en présence d’une laïcité interne aux formes de la religion dispersées Géographiquement. Exemple : une domination cléricale propre au christianisme en Europe ; une autre propre à l’Islam au Moyen-Orient ; etc. Aujourd’hui, au contraire, nous avons une domination cléricale planétaire, s’attaquant à LA religion en tant que telle – peu importe ses formes – associant prêtres, pasteurs, bonzes, imams [7], qui affichent d’ailleurs leur “photo de famille” à la télévision. C’est ainsi que notre Laïcité dominante est planétaire, œcuménique, et définitive ; ce dernier trait signifiant qu’il est tout à fait exclu d’en attendre une nouvelle Orthodoxie classique comme issue. En effet, ces chacals savent très bien, eux, que la Religion pure et parfaite a déjà eu lieu dans les Temps Modernes, et c’est précisément cette religion pure et parfaite qu’ils répudient comme la peste.

Ô combien les simples Croyants sont EN RETARD sur l’ennemi Clérical depuis 170 ans, complètement ignorants du fond du problème qu’il s’agit de résoudre ! On ne les a vus combattre que régionalement, en ordre dispersé, et provisoirement. “En ordre dispersé” veut dire chacun “dans” sa forme de religion, sous-entendue la “vraie”. Et “provisoirement” veut dire comme si une Orthodoxie classique pouvait être ou “rétablie”, ou enfantée (les deux choses ne faisaient qu’un dans l’esprit religieux d’autrefois : on faisait du neuf au nom de l’ancien “enfin” mis correctement en valeur). En vérité, depuis le Bâroud d’Honneur de 1840 pour défendre l’Orthodoxie pure déjà acquise (Occident), ou dans la volonté d’y accéder (Tiers-Monde civilisé), toute résistance spontanée à la Laïcité dominante était vouée à enfourcher le Panthéisme (sinon pire) et à s’y radicaliser toujours plus, et donc à s’offrir à une marginalisation tragique (le programme d’action correspondant étant l’Utopisme).

II

Reprenons les choses à fond, concernant les conditions de la Nouvelle Religion, qui soit authentiquement Orthodoxe, et ayant pour cela le moyen de passer de la Défensive à l’Offensive.

Il faut partir fermement du grand fait général suivant, sur lequel tout Croyant est nécessairement d’accord : par définition, il ne peut y avoir qu’un seul Dieu ; ceci est un pur pléonasme. Il s’ensuit qu’il ne peut y avoir qu’une seule Religion authentique dans le dessein de Dieu.

Or, comment se présente la situation concrète telle que la montrent la Géographie et l’“Histoire” ? Au dire des hommes, on dirait qu’il y a plusieurs religions, bien que chacune n’admette évidemment qu’un seul Dieu ! On peut bien répondre, comme les Libre-penseurs : c’est bien la preuve qu’elles sont toutes fausses, et que l’Ignorantisme (agnosticisme) concernant l’existence de Dieu est la seule idéologie valable. Mais la Laïcité Libre-penseuse n’est pas notre sujet aujourd’hui. Les Cléricaux résolvent le problème de la façon suivante : d’une part, il n’y a qu’un Dieu ; d’autre part, il est normal que chacun de nos clans reste attaché à “sa” religion, mais il faut que les différentes boutiques du surnaturel aient leur part de marché, qu’on veille à ce que toute “concurrence déloyale” soit condamnée, que les crédits pour les lieux de culte, pour les écoles sous contrat, etc., soient équitablement distribués ; bref, que la “laïcité républicaine” soit respectée : pas de prosélytisme, de dumping “spirituel”. D’ailleurs, la bonne intelligence entre cléricaux contre les vrais croyants (qualifiés d’intégristes, de fondamentalistes) est ce qui doit primer. Voilà ce qu’il en est du côté clérical. Malheureusement, les vrais croyants, résistants au Paganisme dominant, s’en tiennent à dire : il n’y a qu’un seul Dieu, “ma” religion est très bonne, je ne veux pas entendre parler de prétendues “autres” religions. D’où le slogan de l’Islam résistant – le plus résistant actuellement –, qui accumule toutes les erreurs : “guerre aux Juifs et aux Croisés” ; comme si le Judaïsme avait quoi que ce soit à voir avec la Religion, et comme si les Croisés du 12ème siècle avaient quoi que ce soit à voir avec le Cléricalisme païen de notre 21ème siècle…

•••

Alors, comment faut-il s’y prendre pour avoir la bonne réponse ?

1À l’égard de Dieu, nous condamnons l’Ignorantisme de la Laïcité Libre-penseuse. Nous critiquons par ailleurs à fond l’Athéisme des “Sans-Dieu” militants, espérant que la Science fera évaporer la Religion. Il importe au plus haut point de ne pas confondre Libre-Pensée et Athéisme, ces derniers relevant de la Civilisation et non de la Barbarie et, malgré leur position virulente, étant incomparablement moins dangereux que les serpents de la Libre-pensée.

2- Concernant ceux qui sont ou se prétendent Croyant, nous – Réalistes – disons ceci : Dieu existe et il est par définition Unique sans problème. Enfin, Dieu étant Dieu, il se connaît tout autrement que ne peut le connaître le meilleur des Croyants, lequel n’est qu’un homme. Insistons sur ce dernier point, qui doit être clairement convenu dans les relations mutuelles entre les croyants militants des diverses “confessions”, et tout d’abord même à l’intérieur de chaque confession (exemple entre catholiques et protestants, sunnites et chi‘ites, etc.).

3- Ceci bien établi (la question de Dieu), il ne reste que leproblèmedes diversesconfessions” (et de leurs “écoles” séparées). Ceci est le problème de l’Histoire et de la Géographie de la Religion, que nous découvrirons diverse bien qu’unique [8]. Qu’est-ce qui s’oppose à ce que la Religion Unique ait pu être “diverse” chez les hommes jusqu’à un certain point, et selon l’“économie divine” elle-même (le “plan” de Dieu) ? Cela vaut le coup que cette thèse soit prise en considération, l’œcuménisme Clérical païen nous y incitant déjà très fort ! Et avons-nous vu une autre hypothèse se proposer au cours de notre exposé ? Allons-y donc.

Géographie

Pour les Croyants, “l’homme est l’homme”, le seul “animal religieux” (doté d’une âme), fait pour adorer Dieu en Civilisant le monde. Il est donc créé d’une souche unique (“Adam”). Or, il se trouve que les quelques membres de la petite famille originelle entrèrent dans la véritable carrière religieuse-civilisatrice dans la Dispersion (les fils de Noé : Sem-Cham-Japhet) et en s’oubliant mutuellement complètement (Tour de Babel et “confusion des langues”). On dit que ce fut pour mieux “peupler la terre”. À tous ces authentiques croyants-civilisateurs s’ignorant mutuellement, il a bien fallu que Dieu se soit fait connaître séparément, peu importe le nom dont ils le nommèrent et les différences tout à fait secondaires du culte qu’ils lui rendirent. Ainsi les grecs parlent-ils de Zeus depuis Hésiode, les chinois disant le Ciel (TIEN) depuis Confucius ou le Grand Un (T‘AI-YI) depuis Lao-Tseu ou encore la Lumière Infinie (Amitâbha) depuis Bouddha, et les arabes chantant Allâh depuis Mahomet. Voilà la Religion dans la Dispersion Géographique.

Histoire

Dans le même mouvement où les formes dispersées de la Religion Unique peuplaient patiemment la Terre, chacune de ses formes se trouvait emportée dans une même aventure qui consistait à porter sa propre expression Simple initiale “vers” son expression Pure et parfaite finale. Dieu lui-même avait ménagé ces paliers de purification successive de la Religion à ses différents “âges” (enfance, adolescence, adulte, maturité) pour chacune de ses formes dispersées de la même manière. Et comme au seuil de chaque âge le dogmatisme religieux des hommes faisait que la “lettre” de la religion en entravait l’“esprit”, Dieu apportait son aide par des Révélations complémentaires venant à bout des crises de croissance successives. Ainsi eut-on, par exemple, le zevsisme “antique” puis le christianisme “médiéval”, et les deux choses successivement en l’Islam conservant le même nom. Sait-on que la religion antique faisait de l’âme une “matière subtile”, invisible, et non pas de l’“esprit” substantiel. Sait-on que la religion médiévale donnait l’homme comme le “milieu” entre l’Ange et l’Animal : l’ange étant un esprit sans corps, l’animal un corps doté d’une “âme de vie” ; et l’homme, corps et âme tout à la fois, ayant une âme de vie animale dominée par un esprit angélique ?

•••

Que ressort-il de l’examen des deux facteurs qui déterminent la Religion : la Géographie et l’Histoire (l’Espace et le Temps) ?

• Le facteur Géographique n’est pas d’une mince importance, puisqu’il conditionna l’expansion planétaire de la Religion.

• Mais l’homme religieux étant essentiellement porteur et responsable du Temps, les différences que l’on peut trouver entre les diverses formes géographiques, aussi déroutantes qu’elles peuvent paraître, ne peuvent être fondamentalement que folkloriques (le mot “folklore” date de 1846), relativement aux expressions historiques de chacune de ces formes.

Notre analyse a une conséquence énorme en ce qui concerne la compréhension de la Religion. Affirmons nettement que cette approche accorde seule parfaitement la Volonté unique de Dieu, et les manières variées et diverses dont les Hommes ont pu et dû l’entendre. Il reste – mais il le faut – que bien des esprits étriqués doivent se trouver désagréablement bousculés par notre thèse ! Tranchons dans le vif par un exemple. Hésiode invoquant Zeus et Mahomet Allâh, vivent à 1275 ans de distance et dans des conditions grandement différentes, ce qui doit marquer maints traits de la Révélation dont ils sont respectivement les Prophètes. Et pourtant, sur le fond, l’Islam au berceau et la Théogonie d’Hésiode proclament la même Religion Simple ! Il y a incomparablement moins de différence entre Hésiode et Mahomet, malgré la différence de langue et d’étiquette de “leur” religion, qu’entre Constantin et Boniface séparés seulement de 425 ans, et portant le même nom de Chrétien, l’un étant catholique Grec et l’autre catholique Latin.

Tenons-nous bien à l’idée que la Religion manifeste l’hégémonie nette de l’Histoire sur la Géographie, qu’on retrouve dans tous les aspects du monde civilisé. Ceci nous amène à une nouvelle observation. Tandis que chaque forme géographique de la Religion se trouve lancée sur la trajectoire menant de son expression Simple à son expression Pure, la Séparation originelle des formes géographiques les conduit inexorablement à leurs Retrouvailles ! Ceci s’annonce très visiblement à partir du moment où les derniers “vides” terrestres qui laissaient les formes de la Religion dans l’ignorance mutuelle, vont se trouver comblés par l’ardente prédication missionnaire, surtout de l’Islam et du Bouddhisme. Ceci ne vaut alors que pour l’Ancien Monde (Amérique, Australie et Pôles mis à part), mais cela suffira pour que la partie soit gagnée stratégiquement. Mais que se passera-t-il quand on aura le “face-à-face” total ? Ce sera évidemment le Grand Défi, celui que ne rencontra jamais la Religion dans le passé, tant que le facteur Géographique pesait dans la balance. Sont-ce les fils de Noé réunis, et qui ont du mal à se reconnaître ? En un sens. Plus précisément, ce sont les héritiers respectifs d’Hésiode et de Confucius, partis des antipodes, et ayant subi en route mille métamorphoses, qui sont mis en demeure d’avoir une Grande Explication !

•••

Nous avons vu la “trajectoire” théorique de la Religion, et la nécessité théorique que le poids trompeur de la Géographie finisse par s’effacer. Le chemin fut long ! Le fait s’en fait jour en 1300, avec le Vénitien MARCO-POLO. Mais tout n’est pas dit alors, loin de là. À ce moment, l’Occident est près de s’effondrer durablement dans la barbarie féodale intercalaire (1350-1500). Au Moyen-Orient, charnière entre l’Europe et la Chine, c’est le temps du Turc OSMAN, pris entre les deux tourmentes du Tatare Gengis-Khan et du Mongol Timour Leng, et qui ne peut qu’amorcer la reprise en main civilisatrice de la région par ses successeurs “ottomans” [9].

En fait, la Grande Explication purement historique des branches de la Religion n’aura son véritable cadre qu’aux Temps Modernes (1500-1800), et ceci pour deux raisons qui se conjuguent. D’abord, c’est parce que maintenant vont s’établir des contacts concrets, politiques et économiques, entre les formes géographiquement diverses de la Religion. Ensuite parce qu’en Europe-Occidentale-Atlantique paraît enfin l’expression Pure de la Religion, terme de la “trajectoire” religieuse auquel nulle part ailleurs on n’était encore parvenu.

Pourquoi la civilisation Moderne européenne est-elle si importante ?

N’oublions pas qu’elle se résume toute entière, à sa source, dans l’Évangélisme, qui rompt complètement avec le catholicisme Latin médiéval (Calvin – 1540). Que dit Calvin ? D’une part, l’instinct religieux se trouve Naturellement gravé dans l’âme. D’autre part, l’Église dirigeante est celle du Ciel. Ne prenons pas l’Évangélisme au sens étroit de “protestantisme”, car dans la foulée la “Réforme” s’opère invinciblement dans ce qui porte encore le nom de “catholicisme”. C’est ainsi que, pour la France, nous pouvons suivre l’enchaînement religieux suivant :

• CALVINISME (1540). ž 1603 : mort d’Élisabeth. 1610 : assassinat d’Henri IV. 1618 : Guerre de Trente Ans.

• NÉO-CATHOS :

- Ultra-Gallicans (Richer – 1603) ;

- Oratoriens (Bérulle – 1611) et Sulpiciens (Olier – 1651) ;

- Jansénistes (Arnaud : 1662-1694 et Quesnel : 1634-1719).

• MAÇONNERIE (Noachides) : Wharton – 1728 (1er Grand Maître en France).

• THÉISME : Rousseau – 1762.

 

Avec l’Évangélisme, on a bel et bien affaire à un Nouveau Monde !

1- C’est le monde des Nations en politique, et du Crédit en économie. Nations : en particulier la Hollande, la France et l’Angleterre. Crédit : Luca Pacioli le vénitien avait posé la comptabilité “en partie double” dans sa Somme Arithmétique de 1494 ; et Calvin proclame en 1545 : s’il y a une “usure” ruineuse, il en est une fructueuse. (Le FAIT préexiste à la THÉORIE, qui le consacre, le clarifie, et l’organise solidement).

2- C’est le monde de l’Imprimerie typographique [10] (Mayence – 1457) et des Ingénieurs (dont le moteur est l’artillerie et l’hydraulique – cf. Francesco di Giorgio), les deux choses dépendant d’une toute nouvelle métallurgie (bronze) [11].

3- C’est le monde du “tour du monde” (Magellan), grâce à la Boussole ; et de l’Héliocentrisme (Copernic – 1543), qui propulsa la lunetterie hollandaise (ž télescope). Quelle aventure que la navigation de haute-mer, d’une part vers l’Amérique (Colomb), d’autre part vers l’Inde (Gama), avec la découverte de tant d’humanités ! Et quel chambardement cérébral que la conception copernicienne, qui crève les sphères célestes solides, et délivre la Terre de son immobilité ! Adieu Astrologie-Alchimie en Physique, et place au Mécanisme d’Attraction-Répulsion (mathématiquement déterminable).

4- C’est le monde, dans l’Art, de Michel-Ange et Camoëns ; et dans la Mystique, de Savonarole et Luther. Michel-Ange, appuyé sur l’anatomie et la perspective, fait triompher dans la plastique le mouvement et la psychologie. Avec Camoëns, l’on a l’épopée de l’époque : les Lusiades (1572). Et la Passion de Savonarole (1494) sur les terres du Pape est vengée par le fleurissement de la Théologie Teutonique de Luther sur les terres de l’Empereur (1518).

•••

Le tout nouveau monde, dominé par les Modernes européens, fait que pour tous les hommes croyants de la Terre – autres mêmes que les Évangélistes : chrétiens Orthodoxes, Musulmans, Bouddhistes et Confucéo-Taoistes –, la “menace barbare” ne sera plus, définitivement, qu’un “mauvais souvenir”.

Est-ce une nouvelle menace, peut-être plus redoutable que l’ancienne, que l’obligation inédite qu’ont les diverses “confessions” d’avoir à se confronter directement ? Pas réellement tant que la religion Pure des européens n’aura pas parcouru en entier son propre cycle du Simple au Pur (1500-1800). Au contraire même, durant toute cette période, elle inspirera principalement les expressions pré-Modernes de la Religion, dans la marche vers leur propre Renaissance et leur propre Réforme (plus qu’ils ne débaucheront des Fidèles de ces confessions par des conversions). Et l’Europe pourra même faire figure d’“arbitre” entre les expressions pré-Modernes qui peuvent se heurter en se prenant pour des formes géographiques essentiellement, c’est-à-dire s’aborder en fait en païens. Cependant, il y a un réel problème dans le fait que l’Europe fonce à marche forcée vers le perfectionnement de sa religion Pure, ce qui accentue sans cesse “l’inégalité de développement” entre elle et les Empires pré-Modernes. Un seul fait contrebalance ce handicap : c’est que “les extrêmes se rejoignent”. Concernant la Religion, cela veut dire que la forme Pure finale se “reconnaît” très fort dans la forme Simple initiale. Ainsi, l’Écrit qu’est le Coran ruisselle de Simplicité active, même si les Cléricaux le “pensent” comme un traité de scholastique. Dans le même sens, les premiers “français” se trouvant en Algérie, démocrates-socialistes et franc-maçons souvent, furent frappés de la “facilité” de l’Islam par rapport au “christianisme” : l’acte de foi (SHAHÂDA) par le prononcement de la formule “Au nom de Dieu” (BI-SMI-LLA), et les quatre règles de culte, et déclaraient : “l’islamisme, ce culte le plus tolérant de tous, est aussi celui qui embrasse nos principes avec le plus d’enthousiasme”. Cette naïveté fut de courte durée, mais on sait qu’elle fut réciproque, puisque Abd el-Kader se fit initier Maçon en 1864, ce qui fut le cas pour Al-Afghâni aussi… (cf. “Le Sud”, Annexe I). D’ailleurs, la Maçonnerie Orthodoxe avait cessé d’être vivante depuis 1762 ! En tous cas, les Nazis sentirent la Simplicité de l’Islam : et Boulainvilliers, et Carlyle, voulurent en tirer parti contre la Démon-cratie.

De toute façon, toutes ces considérations devinrent hors de saison à partir du moment où la Religion Pure des Modernes atteignit sa perfection avec la Révolution Françaises (1789-1805). Alors, l’heure de vérité sonna. Quel avenir pouvait se proposer l’Occident, une fois la Religion – et donc la Civilisation – PARFAITE dans sa propre zone ? Ce ne pouvait être que, ou bien le Panthéisme Intégral (et avec cela l’Utopisme Intégral en pratique), ou bien le Paganisme Intégral (et avec cela la Barbarie Intégrale en pratique). Comme les deux voies restaient enfermées dans l’horizon civilisé, ne proposaient que de maintenir l’ancien système de façon Hétérodoxe, les Jeux étaient faits : le Paganisme Barbare avait les cartes maîtresses en main, avec les Armes du Bandit, l’Argent du Parasite, et la Religion de l’Ignorantin (AGNOSIE = Laïcité). Ceci se vérifia très vite : en un tournemain, de 1835 à 1845, la Barbarie Intégrale fut aux commandes de l’Occident. Deux conséquences à cette Catastrophe (SHO’AH réelle et géante, celle-là !) :

1En Europe. C’est pour écraser les doux Panthéistes-Utopistes, ouvertement Hétérodoxes concernant l’ordre civilisé, que le Paganisme Barbare s’est établi. Mais le Paganisme Intégral reconnaît dans le Panthéisme Intégral – toutes écoles confondues – le seul rejeton légitime de fait, de la Religion Pure des Temps Modernes. Il lui faut donc diaboliser désormais cette dernière en permanence et en totalité : de Calvin à Rousseau-Helvétius et à Kant. Il lui faut encore couvrir d’opprobre 1789, le fruit ultime de l’ère civilisée : honnir le “Terroriste Théocrate” Robespierre ; et Bonaparte, cet “Ogre Militariste”.

Bref, la masse populaire est interdite d’intelligence de la Religion Pure et Parfaite, parce qu’elle l’a connue, et que sa méditation pourrait réveiller le Panthéisme-Utopisme dans ses rangs (car c’est ce vers quoi elle se porterait spontanément, étant donné l’“évidence” qu’on ne peut “refaire 89”).

2Chez les Civilisés Pré-Modernes. (Nous ne parlons pas de Tiers-Monde indistinctement, car il faut résolument laisser de côté les contrées peuplées de Matérialistes Parentaux, qui ne pourraient se chercher qu’un Hésiode ou un Confucius et qui, pour cela, ne seront que pures proies de la ruée coloniale-raciste, sous le nom de “mission civilisatrice”.) Les civilisés Pré-Modernes sont interdits d’intelligence de la Religion Pure et Parfaite pour la raison inverse : parce qu’ils ne l’ont pas connue, et sont tenaillés par l’ambition de la faire enfanter par leurs confessions respectives. Ici, l’Occident Barbare se donne la mission de dresser les élites à la Laïcité ; il lui faut jouer principalement sur la combinaison de deux types de fantoches : une soldatesque Libre-penseuse, et des margoulins Cléricaux.

III

La Religion ne peut sauver sa peau que par une Nouvelle Orthodoxie. C’est-à-dire une Orthodoxie qui ne soit plus celle de la Religion historique, civilisée, pas même – ou surtout pas ! – l’Orthodoxie Moderne. Comment avoir une religion post-Moderne, en échappant au Panthéisme, alors que l’Europe a prouvé que par elle-même, spontanément, elle ne peut trouver que ce seul débouché ? Est-ce la quadrature ? Nous n’avons pas le choix : c’est ou bien plus du tout de religion (mais ce serait quoi : l’Athéisme ? la Laïcité ? On connaît déjà !), ou bien la Nouvelle Religion, laquelle ne mérite ce nom que si elle est Nouvelle Orthodoxie. C’est possible, et nécessaire tout ensemble ; et pas bien compliqué par-dessus le marché si la question est examinée par le bon bout. Voici quelques principes à observer :

1Humilité de Créature :

Un vrai Croyant doit se pénétrer profondément – et pas seulement pour la forme – que les plus grands Docteurs, les Saints les plus brillants, et même tous les Prophètes réunis n’étaient PAS Dieu. Qu’en sait-il du véritable Dessein de Dieu par-delà la Religion Pure civilisée ? Pourquoi Dieu n’attendrait-il pas que les Croyants entrent alors dans une toute nouvelle carrière, pourvu qu’elle soit Orthodoxe et œuvre pour le Bien de l’Humanité et du Monde ?

2Réserve faite au Mystère (que Matérialisme et Spiritualisme reviennent au même) :

Il est inévitable qu’après la Civilisation se forme une Nouvelle Tradition Matérialiste, parallèlement à la Nouvelle Religion Spiritualiste. La Nouvelle Religion ne sera telle, c’est-à-dire Orthodoxe, qu’en admettant ce fait, et en se montrant des plus tolérante vis-à-vis des partisans de ce Néo-Matérialisme. Est-ce que cette tolérance demande un sacrifice quelconque aux Croyants ? Ce n’en n’était pas un pour les croyants Classiques, pour la bonne raison qu’ils n’eurent jamais à ce poser ce problème. Ce n’est pas non plus un sacrifice pour les Nouveaux Croyants, puisque c’est au contraire le gage de leur Orthodoxie, la condition générale de possibilité de cette dernière. D’ailleurs, la tolérance mutuelle du Néo-spiritualisme et du Néo-matérialisme va de soi, du fait qu’ils ont le même ennemi : le Paganisme Intégral, qu’ils peuvent par suite attaquer des deux côtés (On appréciera vite cet énorme atout !). De plus, l’existence des deux branches armées mentalement du même Front Populaire anti-Barbare ne nuit d’aucune façon à la liberté d’expansion totale de chacune des branches. Enfin, la base très saine de la double orthodoxie qui se lève en tournant la page de la Préhistoire humaine, pose le cadre pour que la Religion politique et la Tradition coutumière fassent pour la première fois connaissance dans leurs formes respectives vivantes, alors que dans le passé, à cause de leur Préjugé COMMUN – soit Mythique, soit Dogmatique – elles s’ignoraient royalement, sauf à se condamner dans des formes dégénérées (et donc pas du tout significatives). Remarque : quelle forme de la Religion peut prétendre ne pas être sortie du ventre de l’humanité parentale-matérialiste ? N’est-il pas temps qu’elle montre sa reconnaissance envers l’auteur terrestre de ses jours ?

3Nouvel Horizon – Audace (stratégique) :

Ce grand défi est sérieux. D’abord, la masse populaire mondiale le veut. Ensuite l’entreprise peut démarrer sur une base solide en éliminant d’emblée toute trace de l’idée que les “formes géographiques” de la Religion ont eu une réelle importance, et en proclamant que seules les “expressions historiques” parallèles dans chaque confession étaient décisives. Ceci veut dire que dès leur naissance (la Révélation originelle), toutes les formes géographiques étaient sœurs en la Religion ; et qu’elles le restèrent dans leurs phases d’évolution du Simple vers le Pur. Avec ce critère, qui doit prendre pleinement en compte l’expression Moderne et Pure, laquelle “fascinait” positivement les expressions pré-Modernes jusqu’en 1840 – il faut s’en ressouvenir –, les conditions aisées du “tri” à faire entre le fondamental et le folklorique dans chaque confession sont posées.

4Générosité de Missionnaire :

La véritable affaire de la Nouvelle Religion n’est pas de tolérer le Nouveau Matérialisme, mais que les diverses “confessions” (ou sous-confessions : catholiques et orthodoxes, sunna et CHI‘A, etc.)… s’aiment ! Il n’y a JAMAIS eu d’œcuménisme Croyant réussi ; eh bien la Nouvelle Religion va le faire ! Toute sa “nouveauté” immédiate réside même en ce fait : les diverses confessions doivent se proposer très explicitement d’arriver à se confondre réellement, sachant en même temps que “Paris ne s’est pas fait en un jour” !

5Travail intense – Militant Responsable :

Précision concernant le tri du fondamental et du folklorique en chaque confession. La religion Classique n’a jamais vécu – penser à ce que veut dire “vivre” ! – qu’en pratiquant et recommandant la Réforme Révolutionnaire, quoi qu’en disent les Cléricaux Païens, et malgré les contorsions pour brouiller les cartes des “Tariq Ramadan” que nous trouverons dans toutes les confessions. Et toujours – Kant y compris –, les docteurs ont trouvé moyen de lire les Saintes Écritures, en usant de l’Allégorie, découvrant que jusque là “la lettre en tuait l’esprit”. La même chose est possible – sinon mieux encore – avec la Nouvelle Religion. Le grand maître de la Sunna Résistante, al-Afghâni (1838-1897), déclare : “Que veut donc dire : la porte de l’Effort (ijtihâd) est fermée ? Il ne convient certes pas de penser que les sommités parmi les imams ont épuisé tous les secrets du Coran !”

6Patience – Intégrité :

Insistons sur le fait que dans cette aventure de la Nouvelle Religion, chaque confession reste elle-même autant qu’elle le désire. Tout se passe dans une Émulation enthousiasmante, chaque confession Différente recherchant seulement la position d’avant-garde au service de LA religion UNIQUE dont toutes les confessions participent. Telle est l’originalité, la condition inouïe, que présente l’Orthodoxie Nouvelle : le service de l’Unique religion, celle totalement agréée par Dieu évidemment. (Le SEUL Musulman que j’ai connu, qui croyait VRAIMENT que toute l’humanité adopterait l’Islam, c’est Sayyed Qutb. Nous sommes dans sa voie, comprise au sens large ; et j’ose le voir se réjouir de notre projet.)

7Modération (tactique) :

Dernier mot. Il importe au plus haut point que le courant Nouvelle Religion dans chaque confession laisse tranquilles les gens du peuple qui se tiennent attachés à leurs pratiques habituelles, pourvu qu’ils ne les mettent pas sur le compte du “sang” ou de la Géographie, ce qui est proprement païen. Et même sur ce point, la Nouvelle Religion doit corriger ces fidèles avec la plus grande souplesse, leur conduite Morale sans reproche ayant beaucoup plus d’importance.

•••

Voilà “Sept Commandements” simples pour démarrer la Nouvelle Religion.

Que les intéressés en tirent un “Catéchisme”.

Signature de Talib Freddy (Talib Freddy) – 18 août 2007

________

Qu’en est-il des
Innovations Blâmables ?

Ne tombons pas dans le panneau des Païens ! Nous savons très bien que la Religion est nécessairement marquée par le Dogmatisme. Mais ceci veut dire tout simplement que rien ne peut se concevoir comme réel (objectivement) et vrai (subjectivement) que dans l’horizon de l’“ESPRIT”. Or, insistons-y, c’est précisément pour cela que la Religion doit trouver légitimes et recommander fondamentalement les Innovations. Expliquons-nous.

Oui, claironnons-le, la vie du Croyant est gouvernée par le principe suivant : J’ai un Idéal, donc je suis Révolutionnaire par nature (Cf. Tableau “Je suis…”).

La Civilisation, c’est le Spiritualisme. Et l’homme authentique civilisé, c’est le Bourgeois Croyant (Bourgeois = Propriétaire/Citoyen). Le bourgeois croyant sait que Dieu ne fait qu’un avec l’Éternité, et que lui-même est porteur et responsable du Temps. Du fait que le Temps est constitutif de la vie du Croyant, chez ce dernier la Mémoire du passé et l’Anticipation du Futur lui semblent tout à fait “naturelles”. Et comme la vie du Croyant est toute entière commandée par le Salut, ses pensées et ses actes sont essentiellement mobilisés par l’Imagination et l’Invention ; il souhaite incessamment des Réformes, et les Révolutions ne sauraient le surprendre ou l’effrayer.

Ceci dit, en Ce-monde où le temps Continu est grevé de temps Discret, ne serait-ce que par l’alternance de la Veille et du Sommeil, et en tout cas par les bornes fatales de la Naissance et du Décès, le Fidèle ordinaire vit “écartelé” dans un Présent Fugitif et Fébrile, fait de trouble, de souci et d’inquiétude.

Seuls s’accommodent pleinement de la vie présente les Saints Prédestinés qui s’affairent en Ce-monde “comme n’y étant pas”. Oui, ces Pèlerins de la Terre s’y “affairent” intensément, mais comme “Soldats de Dieu”. Ceci veut dire que leur existence est entièrement consacrée à la Réforme Révolutionnaire de Ce-monde, celle-ci étant totalement ordonnée à la Révolution Révolutionnaire à laquelle Dieu œuvre parallèlement, et par laquelle il entend réunir le Terme et l’Origine de l’ordre Humain-Naturel que nous connaissons ; de sorte que les Révolutions Réformatrices qui ont pu ou pourront encore survenir, apparaissent négligeables à ces Guides de la trempe de St Bernard.

Il n’y a pas de doute : selon les Saints Prédestinés, non seulement les Innovations sont louables et légitimes en général, mais ils les entendent de plus précisément comme la trame d’une Réforme Révolutionnaire Permanente. Et à quoi peuvent servir les Saints Prédestinés, sinon à ce que les Fidèles ordinaires les prennent pour modèle ?

C’est donc un fait bien acquis : pour un Croyant authentique, les Innovations sont dans le principe absolument souhaitées et bienvenues. Pourquoi parle-t-on d’Innovations “blâmables” ? Ceci ne peut désigner que de mensongères et déceptives “nouveautés” démagogiques qui s’écartent de la voie des Saints, aussi bien sous le manteau du Réformisme que sous celui du Révolutionnarisme. C’est que les Innovations Orthodoxes ne sont pas données à tout le monde ! Le Salut ne s’obtient pas à aussi bon marché. Le réformiste mielleux et le révolutionnariste tonitruant sont deux complices poursuivant le même forfait : désorienter et débander le gros des fidèles, les uns opérant par la droite et les autres par la gauche, dans le seul et même but d’assiéger et vaincre la Réforme Révolutionnaire poursuivie par la Milice de Dieu. Tous deux ne rêvent que selon le “siècle”, n’ayant en vue que de perpétuer Ce-monde périssable, et ils ne parviennent qu’à remplir l’Enfer.

Précisons le point de la Révolution Réformatrice. Le Saint Prédestiné dit au Simple Fidèle de ne pas la désirer ni de la craindre. Comment la désirer, puisque ses véritables auteurs, ceux qui l’ont rendue inévitable, sont les païens apostats forcenés. Comment la craindre puisque la novation exceptionnelle et d’envergure qui en résulte consiste toujours dans une purification du Dogme, une victoire de l’esprit remportée sur la lettre à propos de la Vérité Immuable et de son Mystère même.

Conclusion. Dans la vie de la Religion, seuls les PAÏENS, Anti-Réformistes quant à la Morale et le Culte, et Contre-Révolutionnaires quant au Dogme ; eux seuls ont jamais hurlé contre les “NOVATEURS”.

Preuve par le contraire direct. Dans le Matérialisme Parental, que trouve-t-on ? Les membres de cette humanité sont des “gentilices”, c’est-à-dire des individus qui constituent la communauté qu’on appelle la “gens”, descendant d’un ancêtre commun. Cette société se veut porteuse et responsable de l’Espace, et ne veut connaître que Nostalgie et Attente noués en un Présent Permanent. Le Gentilice Ritualiste ne conçoit quant au Temps que la Routine Coutumière, au lieu de la Civilisation nous avons l’emprise de la Tradition, et l’Innovation est blâmable a priori. Que dit le Clan, la Tribu, la Confédération ou le “royaume” parental ? Ceci : “Je suis gardien de la Tradition, donc je suis Réactionnaire par nature” (pas au sens moral !).

Signature de Talib Freddy (Talib Freddy)– 18 août 2007

________

Jehan Calvin

(1509-1564)

“Il y a en l’esprit humain une inclination NATURELLE, quelque sentiment de la Divinité. Même l’idolâtrie nous est très ample argument de cette pensée [12].

•••

Dieu est notre PÈRE spirituel, sans avoir aucun compagnon [13].

Qu’est le FILS de Dieu ? C’est notre Chef. La Jérusalem d’en-haut est libre ; elle est la Vraie Église [14].

La parole ne profite de rien, sans l’illumination de l’ESPRIT de Dieu. Il faut que Dieu besogne par sa Grâce.

•••

Et encore ne suffit-il point que l’Entendement soit illuminé par le St Esprit, sinon que le Cœur soit confirmé par sa vertu. La fermeté du cœur est la principale partie de la foi. Il faut que la doctrine, pour être utile et fructueuse, entre tout en dedans du cœur, et montre sa vertu dans NOTRE VIE [15].

•••

Il y a toujours des Méchants hypocrites au troupeau des Bons [16].

Vous aurez de l’affaire, quand Dieu m’aura retiré !”

________

Al-Afghâni

(1838-1897)

“Louange à Dieu, s’exclama al-Afghâni au cours d’une réunion, le juge ‘Iyâd a dit ce qu’il a dit selon la capacité de son intelligence, selon la portée de sa compréhension et en accord avec son temps. N’est-il pas légitime à un autre que lui qu’il dise ce qui est plus près de la vérité, en étant mieux orienté et de façon plus judicieuse que les propos du juge ‘Iyâd ou tout autre savant ? Si le juge ‘Iyâd et ses semblables se sont donnés le droit de diverger des opinions de ceux qui les ont précédés, qu’ils ont extrait des textes des avis juridiques (istanbatû) et qu’ils ont dit ce qui correspondait à leur époque, pourquoi n’extrairions-nous pas nous aussi des avis juridiques nouveaux et ne dirions-nous pas ce qui correspond à notre époque ?

Que veut donc dire “La porte de l’ijtihâd est fermée” ? Sur le fondement de quel texte cette porte a-t-elle été fermée ? Quel imâm a-t-il dit qu’il ne convenait pas qu’après lui quelqu’un applique l’ijtihâd dans le but de comprendre la religion ou d’être guidé dans la voie du Coran et de la tradition authentique ou encore pour produire, au moyen de l’analogie juridique (qiyâs), ce qui est en adéquation avec les sciences contemporaines, les besoins du temps et ses règles.

Or, les sommités parmi les imams ont appliqué l’ijtihâd et y ont excellé, mais il ne convient certes pas que nous considérions qu’ils ont épuisé tous les secrets du Coran. Leur ijtihâd, par rapport à ce que recèle le Coran, équivaut à une goutte dans la mer ; le bienfait est dans les mains de Dieu, Il le donne à qui Il veut parmi ses serviteurs.”

________

Document : Tariq Ramadan – 1998

Aux sources du renouveau musulman

D’al-Afghâni (1838-1897) à Hassan al-Bannâ

Un siècle de réformisme islamique

•••

Université de Genève. Faculté des lettres. Imp. Thèse n° 435

•••

À ma mère, fille aînée de Hassan al-Bannâ [c’est biologique ?!].

À ceux qui, après lui, ont connu la prison, la torture, l’exil ou la mort
sans avoir jamais usé de violence [gage aux Tueurs païens].

À ceux qui n’ont trahi ni leur foi ni leur conscience
pour un salaire, un poste ou une reconnaissance [malin !].

•••

Du même auteur :

Les musulmans dans la laïcité. Responsabilités et droits des musulmans dans les sociétés occidentales, Tawhid, Lyon, 1994, 2è éd. 1998.

Islam, le face-à-face des civilisations. Quel projet pour quelle modernité ?, Les deux rives, Tawhid, Lyon, 1995.

Grandeur et décadence de l’islam. Dans le quotidien de nos vies, al-Bouraq, Paris, 1995.

To be a European Muslim, Islamic Foundation, Leicester, 1998.

 

En collaboration :

Péril islamiste ?, s. d. Alain Gresh, Complexe, Bruxelles, 1995.

La Tolérance ou la liberté ? Les leçons de Voltaire et de Condorcet [voyou… érudit !], s. d. Claude-Jean Lenoir, Complexe, Bruxelles, 1997.

Chapitre II :
Jamâl ad-Din al-Afghâni. La double libération.

Les sources, l’unité et le temps

Les propos d’al-Afghâni sur le rapport unissant la religion, la philosophie et la science sont de première importance. Ils vont, en effet, avoir une influence déterminante sur la pensée des disciples tels que Sa‘d Zaghlûl ou Muhammad ‘Abduh et, ainsi, “donner le ton” de la pensée réformiste en son origine. Ils interviennent à un moment clé du rapport entre la civilisation occidentale (avec ses visibles progrès) et le monde musulman (où tout paraît désormais en panne). La question, dans sa formulation la plus claire, va demeurer la même : l’islam et les musulmans ont-ils les moyens de faire face à leur époque en restant fidèles à leurs références ? C’est bien le débat sur la nature de cette fidélité qu’al-Afghâni avait lancé en parlant de la place de la philosophie et des sciences. Une lecture serrée de ses textes nous a dévoilé une pensée qui, si elle peut paraître originale – voire déroutante – de prime abord, reste exigeante quant à son lien avec l’islam. Il existe certes une influence occidentale, mais ce qui la motive provient du fait qu’elle est censée permettre et dynamiser, en un apparent paradoxe, le retour authentique à la salafiyya. Nous verrons, au cours de notre recherche, que, si chez la totalité des réformistes les fondements de ce débat restent inchangés, la posture ou la formulation vont quelque peu se modifier dans les cinquante années qui vont suivre la mort d’al-Afghâni.

Il reste néanmoins une constante qui a trait aux références islamiques fondamentales : on revendique le nécessaire dynamisme de la faculté rationnelle, alors même que l’on reconnaît la place centrale de la Révélation aux sources de la pensée. En ce sens, la réflexion sur le droit islamique et sur sa capacité à évoluer est fondamentale et al-Afghâni, très vite, a senti la nécessité de se positionner par rapport aux sources afin de mieux s’engager vers l’avenir. Ce mouvement d’aller-retour est clairement celui qui anime tous les penseurs qu’Henri Laoust appelle les “réformistes-orthodoxes de la salafiyya”. La description de ce processus est impérative pour la compréhension de la pensée réformiste islamique qu’elle soit sociale, juridique ou politique. Une mauvaise intelligence des enjeux, une formulation parfois floue, en même temps qu’une mauvaise maîtrise des instruments d’analyse ont parfois mené des chercheurs à qualifier les intellectuels tantôt de réformistes, tantôt de fondamentalistes (ou néo-fondamentalistes), tantôt d’orthodoxes ou de modernistes. En nous engageant dans le domaine du rapport aux sources, le Coran et la Sunna, nous sommes au centre d’un débat qui nous permettra d’y voir plus clair non seulement en ce qui concerne la prise de position d’al-Afghâni mais, bien plus fondamentalement, dans le but de dégager les lignes directrices d’une analyse qui servira de support à l’ensemble de notre recherche. La pensée sociale musulmane du 20ème siècle, qui fut influencée par les prises de position d’al-Afghâni (même si celles-ci furent essentiellement politiques), est fondée sur une lecture particulière du Coran et des ahâdith : en cherchant l’objectif (qasd) plus que la littéralité, elle prend une position doctrinale en matière de théologie.

Dans la lignée d’Ibn Taymiyya et d’Ibn‘Abd al-Wahhâb, al-Afghâni dénonce et critique la fidélité apparente des ‘ulamâ’ de son époque au Coran et à la Sunna. En se référant au sens le plus apparent ou le plus restrictif des versets ou des ahâdith, ceux-ci empêchent les textes d’interpeller l’intelligence des hommes. De la même façon, la quasi-sacralisation de l’opinion des premiers savants, dont ceux qui ont donné leur nom à des écoles juridiques, a placé un voile de commentaires, d’interprétations et de décisions (fatâwa), historiquement conditionnés, entre les savants d’aujourd’hui et les textes éternels. Ainsi, ce qui donne l’apparence d’une fidélité est, en fait, une déviation, une trahison : les savants contemporains lisent les textes non plus avec les yeux de leur temps mais en empruntant les lunettes des ‘ulamâ’ du 9ème ou du 10ème siècle et en répétant sans discontinuer leurs avis. Leur prétendue fidélité relève plutôt de la paresse.

Le premier travers d’une telle attitude tient au fait qu’elle est propre à créer des dissensions dans les rangs musulmans par des querelles inutiles. Or, si lui-même suivait le rite hanafite, et en respectait les règles, aux dires de Muhammad ‘Abduhu, et s’il admettait que les musulmans fassent état de leur appartenance à l’une des écoles juridiques (madhâhib sunnites) et plus largement au soufisme et au shiisme, al-Afghâni concevait cela comme un accommodement et il s’opposait à l’enfermement, à l’exclusivisme et au sectarisme dans l’expression de cette appartenance. Son but, clairement exprimé dans divers articles de son journal Al-‘urwatul-wuthqâ, est de mettre en avant l’essentiel qui unit plutôt que les détails qui divisent, dès lors qu’il avait constaté que c’est cette division qui, sur le plan religieux comme sur le plan politique, est l’une des causes majeures du déclin du monde musulman. Or, le dénominateur commun de tous est la référence au Coran d’abord et à la Sunna ensuite : dépasser les querelles d’école pour s’unir autour du Coran et du Prophète de l’islam, comme l’avaient fait les premiers musulmans, est une démarche impérative. Toutefois, force est de constater que ce n’est pas la voie que les savants musulmans, jaloux de leur savoir et de leur spécialisation, ont emprunté depuis des décennies : leur pensée est figée et, bien malheureusement, c’est elle qui se diffuse dans les peuples musulmans. La sclérose est donc totale.

Le deuxième défaut est plus fondamental sur le plan doctrinal : al-Afghâni rejoint Ibn Taymiyya dans son exigence de retour à la force vive de l’islam qui, dans les premiers temps, s’était réalisée tant sur le plan religieux, par l’adhésion des cœurs, que sur celui de la raison, par l’appel à l’intelligence. Cela est d’autant plus vrai en ce qui concerne la première science appliquée de l’islam, à savoir le droit. Les salaf, les anciens, étaient foisonnants d’idées, de réflexions, d’originalité. Dans la proximité la plus intime du sens de la Révélation et de l’exemple du Prophète, ils en comprenaient la finalité, osaient des analogies, avaient l’audace de proposer des décisions juridiques fidèles et neuves. Tel fut le secret de leur réussite : une foi ardente, une intelligence éveillée et curieuse. Nous retrouvons, à ce point de la discussion, quelques-unes des considérations générales qu’al-Afghâni avait formulées sur la relation religion-philosophie-science, mais ici, plus précisément, il s’engage dans un débat interne concernant l’applicabilité juridique et la nécessaire prise en compte du facteur temps. Ses conclusions vont d’ailleurs conforter son positionnement initial, tel que nous l’avons développé dans la section précédente.

Al-Afghâni va prendre une position ferme sur la question de l’ijtihâd en allant jusqu’à refuser l’idée que les portes en aient été fermées :

“Louange à Dieu, s’exclama al-Afghâni au cours d’une réunion, le juge ‘Iyâd a dit ce qu’il a dit selon la capacité de son intelligence, selon la portée de sa compréhension et en accord avec son temps. N’est-il pas légitime à un autre que lui qu’il dise ce qui est plus près de la vérité, en étant mieux orienté et de façon plus judicieuse que les propos du juge ‘Iyâd ou tout autre savant ? Si le juge ‘Iyâd et ses semblables se sont donnés le droit de diverger des opinions de ceux qui les ont précédés, qu’ils ont extrait des textes des avis juridiques (istanbatû) et qu’ils ont dit ce qui correspondait à leur époque, pourquoi n’extrairions-nous pas nous aussi des avis juridiques nouveaux et ne dirions-nous pas ce qui correspond à notre époque ?

Que veut donc dire “La porte de l’ijtihâd est fermée” ? Sur le fondement de quel texte cette porte a-t-elle été fermée ? Quel imâm a-t-il dit qu’il ne convenait pas qu’après lui quelqu’un applique l’ijtihâd dans le but de comprendre la religion ou d’être guidé dans la voie du Coran et de la tradition authentique ou encore pour produire, au moyen de l’analogie juridique (qiyâs), ce qui est en adéquation avec les sciences contemporaines, les besoins du temps et ses règles.

Or, les sommités parmi les imams ont appliqué l’ijtihâd et y ont excellé, mais il ne convient certes pas que nous considérions qu’ils ont épuisé tous les secrets du Coran. Leur ijtihâd, par rapport à ce que recèle le Coran, équivaut à une goutte dans la mer ; le bienfait est dans les mains de Dieu, Il le donne à qui Il veut parmi ses serviteurs.”

Ainsi parce que le Coran dépasse de loin ce qu’ont pu en tirer les savants de toutes les époques, parce que comme ceux qui nous ont précédés il faut nous atteler à extraire des avis juridiques qui conviennent à notre temps, parce qu’enfin c’est la légitimité de tout musulman de revendiquer le droit à l’ijtihâd : pour toutes ces raisons donc, al-Afghâni appelle à s’y engager avec détermination pour vivre avec notre temps à la lumière du Coran.

Sa conception de l’ijtihâd ne diffère pas de ce qu’est sa définition et sa portée dans les recueils de usûl al-fiqh (fondements de la jurisprudence) depuis sa codification par l’imam ash-Shâfi‘i. Sa fidélité en cela est totale et c’est d’ailleurs en son nom qu’il désire faire vivre d’une vie nouvelle son principe et sa réalisation. Dans la science des fondements (‘ilm al-usûl), le chapitre concernant l’ijtihâd est particulièrement conséquent et, pour chacun des savants, des règles spécifiques ont été mises en avant. Sans entrer ici dans trop de détails techniques, nous pouvons relever en tous cas trois principes sur lesquels la majorité des savants, et en particulier ceux des quatre écoles, sont d’accord :

 

1- L’ijtihâd – au sens où “le juriste dépense son énergie intellectuelle pour formuler un avis juridique” sur une question pour laquelle on ne peut se référer à aucun texte du Coran ou de la Sunna – est fondé sur la base des références elles-mêmes. Les spécialistes des usûl al-fiqh mentionnent prioritairement le verset : “Ô vous les porteurs de la foi ! Obéissez à Dieu et obéissez au Prophète et à ceux qui détiennent l’autorité parmi vous et, si vous divergez sur un point, revenez à Dieu et au Prophète” (Coran IV, 59).

Les commentateurs spécialisés dans les usûl (al-usûliyyûn) interprètent la seconde partie du verset, après que fut mentionnée l’obéissance à Dieu et au Prophète, comme la recherche de l’interprétation la plus appropriée qui permettra, dans les divergences possibles, de distinguer le sens littéral (al-dhâhir) du sens figuré (al-khâfi), le général (al-‘âm) du particulier (al-khâs) et, surtout, de dégager l’objectif, la finalité (al-qasd) du verset en question pour pouvoir, en revenant au sens voulu par Dieu ou par le Prophète, pousser plus avant, mais dans le même sens, une réflexion de nature rationnelle.

La tradition de Mu‘âdh est également rapportée à l’appui de l’autorisation de l’ijtihâd. Quand le Prophète décida d’envoyer Mu‘âdh ibn Jabal au Yémen pour qu’il y exerce la fonction de juge, le Prophète l’interpella la veille de son départ : “Selon quoi jugeras-tu ? – Selon le livre de Dieu, répondit Mu’âdh. – Et si tu n’y trouves rien ? – Selon la tradition (Sunna) du Prophète de Dieu. – Et si tu ne trouves rien ? – Alors je mettrai toute mon énergie à formuler mon propre jugement.” Sur quoi le Prophète conclut : “Louange à Dieu qui a guidé le messager du Prophète vers ce qui est agréable à Dieu et au Prophète.”

De même que celle de Ibn Musayyib : “Je dis : – Ô Prophète, des circonstances nous arrivent sans que le Coran ne nous en révèle rien ni que ta tradition ne nous renseigne ! Il répondit : – Réunissez les savants parmi les croyants et établissez la concertation (shûrâ) entre vous et ne vous en tenez pas à un seul avis.”

Ces deux traditions mentionnent clairement que, au temps du Prophète déjà, il était admis que les musulmans ayant acquis les connaissances requises pouvaient – et devaient – user de leur raison pour formuler des avis juridiques sur des questions pour lesquelles le Coran et la Sunna restaient muets.

 

2- La place du raisonnement, et avec lui la reconnaissance de la relativité de l’espace et du temps, est de première importance dans le domaine de la réflexion juridique. Les juristes doivent répondre aux questions de leur temps, en tenant compte des réalités sociales, économiques, politiques de leur lieu de vie. C’est ce que fit l’imâm ash-Shâfi‘i lorsqu’il modifia le contenu de sa jurisprudence (fiqh) après un voyage qui l’avait mené de Bagdad au Caire. Quand on lui demanda le pourquoi de telles modifications alors que l’islam est un, il répondit que les réalités de Bagdad étaient différentes de celles du Caire et que des lois valables là-bas ne l’étaient pas forcément ici. En d’autres termes, il traduisait le fait que si la lettre du Coran et de la Sunna est une, son application concrète est plurielle et sa fidélité suppose une adaptation.

Selon les lieux et les époques, les réponses ont donc dû s’adapter au contexte : elles furent par la force des choses diverses, plurielles mais toujours “islamiques” si elles ne contredisaient pas les principes généraux unanimement reconnus.

 

3- Le sens du fiqh : ce travail d’adaptation qui est le fait des juristes est connu sous le nom de fiqh ; il regroupe l’ensemble de la jurisprudence islamique : tant pour ce qui a trait à l’aspect cultuel que pour les affaires sociales. Si les règles codifiant le culte ne se modifient guère, il n’en va pas de même du traitement des affaires sociales. Ici, les réalités fluctuent et le fiqh bien compris est une réponse donnée à un moment donné de l’histoire par un juriste qui “a fait l’effort” de formuler une législation islamique dont on salue le travail mais dont les décisions ou les propositions ne peuvent avoir valeur absolue ou sacrée.

Ce qui est sacré, c’est la shari‘a constituée par le Coran et la Sunna et qui n’offre que des principes généraux vis-à-vis desquels chaque époque doit mesurer sa fidélité par une application pensée du fiqh qui, par nature, et pour ce qui est des affaires sociales (mu‘âmalât) doit rester en mouvement, en prise avec le changement et l’évolution. Sacraliser le fiqh, ce qui revient à le figer, revient a “fermer les portes de l’ijtihâd”, ce qui n’a été formulé, comme le rappelle très justement al-Afghâni, par aucun des grands savants de référence.

Al-Afghâni ne dévie pas de la tradition et il s’inscrit très clairement dans la lignée des savants qui ont affirmé que la seule possibilité, pour les musulmans, de relever les défis de leur temps étaient d’“oser” un retour à la source dynamique de la législation islamique et de s’engager à “faire un effort d’intellectualisation”. Cette préoccupation rejoint, on le voit, notre discussion sur la philosophie et sa relation avec le domaine religieux : tout porte à croire que le lien entre les deux sphères – puis, en aval, avec les sciences – devrait passer par l’application concrète de l’ijtihâd qui, ainsi, libérerait les énergies étouffées par le taqlid.

On a parfois vu dans cette démarche un mouvement de modernisation de l’islam au sein duquel certains savants prenaient le risque d’affirmer que les prescriptions du Coran et de la Sunna ne pouvaient plus être appliquées et qu’il fallait donc, par le travail rationnel de l’ijtihâd, les dépasser. Or, c’est là une lecture tronquée du rôle de l’ijtihâd dans le corpus des instruments juridiques islamiques : l’application de l’ijtihâd ne relève ni du rejet ni du dépassement des deux références fondamentales (ou d’un principe de législation générale). Au contraire, il s’agit d’un prolongement dans l’application bien comprise des orientations générales, des finalités et des objectifs de la Révélation et des traditions : il exige donc un permanent retour à l’origine qui octroie à la raison la possibilité de maintenir les repères lui permettant de rester fidèle aux sources. Le fait d’admettre l’évolution du temps, la diversité des lieux ou la pluralité des réponses participe de la compréhension fidèle des rôles respectifs de la Révélation et de la raison dans les sciences islamiques. L’indispensable travail rationnel a donc vocation non pas à nier mais plus fondamentalement à comprendre, à confirmer et à appliquer en tenant compte des contingences spatiales et temporelles.

Cette position de principe parcourt les livres de référence des usûl, et ni al-Afghâni ni les ‘ulamâ’ n’ont dit autre chose. Le principe de l’ijtihâd participe donc, pourrions nous dire pour employer la terminologie d’Henri Laoust, de la stricte orthodoxie sunnite.

Il paraît bien naturel que cette référence, pour un chercheur peu versé dans les sciences islamiques ou qui aurait l’habitude d’utiliser les instruments traditionnels de la théologie judéo-chrétienne, perturbe quelque peu les catégories connues en la matière. En effet, la reconnaissance dès l’origine, comme un fondement de la juridiction islamique, d’un instrument qui appréhende le mouvement et la diversité ne permet plus d’étiqueter avec autant d’aisance les tenants de telle ou telle position théologique. Car celui qui dit vouloir rester fidèle au Coran et à la Sunna affirme en même temps qu’il admet le principe de l’évolution du temps et des sociétés : dans la terminologie usuelle, il est à la fois fondamentaliste et moderniste. Curieux mélange. C’est pourtant bien cette peine infinie à catégoriser, sur le plan théologique, les réformistes, et plus généralement les intellectuels musulmans à leur suite (depuis Ibn Taymiyya très certainement, mais plus particulièrement avec al-Afghâni), que l’on perçoit souvent chez les chercheurs orientalistes. Nous sommes ici au cœur d’un débat d’une importance majeure autant d’un point de vue religieux que dans une perspective sociale et politique : nous percevons bien ici qu’il est impossible de rester à la surface de ces dénominations dont l’enjeu est aujourd’hui capital dans la relation existant entre l’Occident et l’Islam. Si l’ijtihâd est un principe islamique, qui donc est traditionaliste ? est fondamentaliste ? est moderniste ? qui, par un sensible glissement de registre, est modéré ?

L’étude de la pensée d’al-Afghâni nous place immédiatement face à cette question dès lors que l’on déploie devant soi le large éventail des conclusions qui ont ponctué les recherches menées à son sujet. Si tout le monde s’accorde à relever – mais il s’agit certes là de la conclusion la plus aisée – qu’il s’est opposé aux savants rigoristes et réactionnaires refusant toute évolution, les qualificatifs sont moins reluisants quand il s’agit de son rapport personnel à la religion : athée pour certains, sceptique pour d’autres, manipulateur ou encore stratège politicien doublé d’une apparence dévote pour les derniers. Plus que sa vie, ce sont ses prises de positions rationalistes et politiques qui ont poussé des orientalistes à dresser ce portrait : trop de “raison” semblait nécessairement empêcher la foi ou l’appartenance sincère à la pratique de l’islam. Nous avons traité plus haut de la question strictement philosophique et nous allons voir que, de la même façon, en ce qui concerne l’engagement politique d’al-Afghâni, lesdites conclusions sont discutables.

________


Annexes

________

Je suis…

Tableau - Je suis

________

Écrasons l’Infâme
LAÏCITÉ !

Portrait de Voltaire

Voltaire – 1760

Perfide laïcité ! qui réduit les naïfs et les ignorants à l’état de Pantins intellectuels.

La Laïcité eut pour modèle simpliste le Sophiste Protagoras, qui démoralisa la Grèce. Celui-ci aboyait : fichons-nous de savoir si les dieux existent ou non ; la vérité est à vendre au plus offrant ; jouir de la vie est le seul mobile ; la réussite par tous les moyens prouve qui est le meilleur.

Notre Laïcité porte cet Obscurantisme à son comble. C’est la putréfaction complète de la mentalité civilisée, qui révérait le couple Foi-Raison. Ce n’est pas autre chose que le Paganisme intégral.

Les deux anti-apôtres, fondateurs de la Laïcité, furent Comte et Proudhon (1845). Car la Secte Luciférienne dominante porte deux masques, et joue deux farces successives : d’abord Cléricalisme/Libre-pensée, puis Maçonnerie/Racisme.

•••

Interdite de toute Lumière mentale, l’humanité sombre dans la folie !

150 ans de Laïcité régnante démontrent à souhait qu’il est vain d’attendre un nouveau Socrate ! Comment donc nous évader de la nuit spirituelle ?

La Laïcité n’a vécu qu’en dévorant les manifestations du Dogme des Religieux. Il n’en reste plus rien. L’heure est bien d’en sauver l’essence ! Mais cela ne se peut qu’en réhabilitant en même temps le fond du Mythe ancestral des Idolâtres, dont la Religion avait dû balayer des formes ultimes corrompues pour imposer ses premiers foyers.

Aujourd’hui s’ouvre un âge mental tout nouveau. Il s’annonce en proclamant simplement ceci : mère-Matière et père-Esprit sont les deux faces d’une même médaille : la Vraie Réalité, complète et équilibrée.

•••

Il suffisait de fondre ensemble les deux flancs du Préjugé préhistorique exclusif pour l’abolir !

Soyons
RÉALISTES LUCIDES
 !

Freddy Malot, Église Réaliste – juin 2003

________

ACQUIS SOCIAUX ?
Funeste Foutaise !

Portait de Rousseau

Rousseau – 1762

Honteux système des Acquis Sociaux ! qui ravale la masse, les pauvres et les faibles, au rang de Gueux.

Le type non déguisé des Acquis Sociaux fut donné par les Romains décadents. Ceux-ci distribuaient des vivres à la foule, à la manière de la Sibylle, qui jetait des gâteaux de miel dans la gueule de Cerbère, le chien intraitable gardien des enfers : non point pour le nourrir, mais comme soporifique pour l’empêcher de mordre.

Notre système des Acquis Sociaux porte cette Immoralité à son comble. C’est l’expression de la putréfaction complète de la cité civilisée, qui honorait le couple Contrat-Loi. Ce n’est pas autre chose que la Ploutocratie intégrale.

Les deux aventuriers, fondateurs du régime, sont Cavaignac et Louis-Napoléon (1848). Car la Caste Despotique dominante revêt deux livrées, et mène deux ballets successifs : d’abord Conservatisme/Travaillisme, puis Démon-cratie/Nazisme.

•••

Interdite de toute Responsabilité sociale, l’humanité sombre dans la férocité !

150 ans de règne du système des Acquis Sociaux démontrent à souhait qu’il est vain d’attendre un nouveau Constantin ! Comment donc nous délivrer du chaos social ?

Les Acquis Sociaux n’ont vécu qu’en dévorant les manifestations de l’Intellectualisme des Politiques. Il n’en reste plus rien. L’heure est bien d’en sauver l’essence ! Mais cela ne se peut qu’en réhabilitant en même temps le fond de la Sagesse des Coutumes traditionnelles, dont la Morale avait dû balayer des formes ultimes corrompues pour imposer ses premiers foyers.

Aujourd’hui s’ouvre un âge social tout nouveau. Il s’annonce en posant simplement ceci : s’avouer Esclave de la nature ou s’en déclarer le Maître sont les deux faces d’une même médaille : le Vrai Travail, complet et équilibré.

•••

Il suffit de fondre ensemble les deux flancs de la maladroite Partialité préhistorique pour l’abolir ! Célébrons le mariage inédit Égalité-Liberté : c’est la formule même de la Vraie Société, du Nouvel Homme complet et équilibré.

Faisons-nous
COMMUNISTES-ANARCHISTES
 !

Freddy Malot, Église Réaliste – juin 2003

________

Les Trois Religions Monothéistes :
le dire imbécile [17] !

1- Que peut bien vouloir dire “religions monothéistes” ?

C’est une tautologie ! Religion signifie Dieu, et si Dieu il y a, où a-t-on vu qu’il puisse y en avoir plusieurs !

On nous bafouille donc simplement : religion-religion, monothéisme-monothéisme. Quelle science !

 

2- Que peut vouloir dire “trois religions” ?

Si Dieu il y a, il ne peut y avoir qu’une seule et unique Religion, quels que soient les particularités géographiques ou historiques ou le nom qu’on lui donne.

 

3- Ensuite si l’on parle des différentes formes de LA Religion, pourquoi “Trois” et pas 2, 5, 12 ou 10 000 ?!

 

• Premièrement, cela exclue honteusement l’Orient de Confucius et de Bouddha. N’est-ce pas de la Religion ? N’ont-ils pas de Livre ?

 

• Deuxièmement, même si l’on s’en tient à l’Occident, à quoi aboutit le charabia des “Trois” religions ?

1- À nier vulgairement que c’est en Grèce que naquit la religion simple – Hésiode invoquant Zeus dans sa Théogonie et les Travaux et les jours. Comment oser classer l’hellénisme Greco-Romain dans les “Mythologies” [18] ?!

Écoutons Zénon (336-264), père du Stoïcisme :

“Nous les Grecs, nous donnons au Dieu différents noms, selon les facettes de son action : On le dit DIOS ; on le dit ZEUS, parce qu’il crée la vie ; on le dit ATHÉNA ; on le dit : HÉphaÏstos pour le Feu ; HÉra pour l’Air ; PosÉidon pour l’Eau ; et enfin DÉméter pour la Terre. On donne encore au Dieu bien d’autres Noms [19], car ses opérations sont en nombre illimité”.

 

2- et le baragouin des T.R.M. occulte encore plus le sommet Moderne, le Déisme, la Religion Parfaite de l’Être suprême de Robespierre-Napoléon et de Kant, vraie cible de nos Païens Laïcs.

 

4- Quant au Judaïsme, ce n’est tout simplement pas de la religion ! C’est comme toutes les choses qu’on a sous le nez et que, pour cela même, on ne voit pas. Le judaïsme relève historiquement de la mentalité matérialiste de l’humanité Traditionnelle.

Faut-il rappeler que l’on est juif “par la mère” ? Dans la publication par M. Ben Rafaël, en 2001, du livre “Qui est juif ? 50 sages répondent à Ben Gourion en 1958”, il est dit :

“Chez les juifs, contrairement aux autres religions [!],
la Procréation remplace la Conviction.”

 

Écoutons encore Mr. Haim Rosenfeld, Directeur de l’Institut du Temple de Jérusalem :

Le judaïsme n’est pas une religion mais une manière d’être.” (Actualité Juive du 8/02/07).

Alors, que se cache-t-il derrière
l’embrouille des “T. R. M. [20]” ?

C’est autour de 1840 que s’imposa violemment sur le monde le Paganisme Intégral sous le nom trompeur de Laïcité, avec pour anti-apôtres le Clérical Pierre-Joseph Proudhon et le Libre-Penseur Auguste Comte.

L’Agnosticisme [21] Laïc veut dire : “Guerre à Métaphysique”, donc guerre à notre civilisation passée, des Grecs jusques à Kant, guerre à l’intelligence populaire. Guerre au Zevsisme, au Christianisme Impérial greco-slave, au Christianisme Latin et aux croyants Modernes (Évangélistes, Jansénistes, Puritains, Gallicans, Oratoriens, Sulpiciens, Franc-Maçons et Théistes).

Évidemment, il en est de même pour les disciples Orientaux de Confucius, Bouddha et Mahomet ! Et pour le vrai Judaïsme matérialiste...

Alors ne laissons plus les “spécialistes” de l’Obscurantisme Inquisitorial Laïc nous rouler dans la farine !

Dissidence Morale !

La Religion doit sauver sa peau ! et la masse populaire doit imposer son droit à penser à la manière civilisée, c’est-à-dire selon Foi-Raison, pour donner naissance à la Nouvelle Religion honorant ainsi l’ancienne.

En fraternité avec l’humanité matérialiste Traditionnelle ressuscitée, la branche spiritualiste sauvée, nous pourrons ensemble proclamer la fin de

L’infâme Laïcité
et de ses Funestes Acquis Sociaux !

Église Réaliste – novembre 2007

________

Florilège Laïc

• Régis Debray :

“Je poursuis la démarche d’Auguste Comte, mon seul maître en philosophie. Tout athée qu’il fût, il prenait la vierge Marie très au sérieux. C’est aussi mon cas.” (Le Figaro Magazine, 8/11/2003)

• Auguste Comte (1798-1857) :

“Quoique j’aie, depuis longtemps, repoussé formellement toute solidarité, soit dogmatique, soit historique, entre le vrai positivisme et ce qu’on nomme l’athéisme, je dois ici indiquer encore, sur cette fausse appréciation, quelques éclaircissements sommaires, mais directs.”

“Le véritable esprit positif est incompatible avec les orgueilleuses rêveries d’un ténébreux athéisme.”

• Pierre-Joseph Proudhon (1809-1865) :

“Ne disputons pas sur la nature et les attributs de Dieu ; tenons-nous-en à la définition vulgaire : celui-là est athée, qui nie dogmatiquement l’existence de Dieu. Or, je fais profession de croire et dire que nous ne pouvons légitimement rien nier ni rien affirmer de l’absolu ; c’est une des causes pour lesquelles j’écarte le concept divin de la morale… Qu’on ne me fasse pas athée, quand ma philosophie même s’y oppose.”

• Cardinal jésuite Henri de Lubac (1896-1991) :

À propos de P.-J. Proudhon : “Pas plus que pour un vulgaire “anarchiste”, il ne voulait qu’on le prit pour un “athée” vulgaire. Lui-même, au reste, prononçait ce verdict : “L’athéisme se croit intelligent et fort : il est bête et poltron”.

Cependant, c’est aux déistes, qu’il réserve ses sarcasmes les plus mordants. Le vieux fond catholique de la race conspire ici avec l’audace de la pensée pour lui dicter ses jugements sur la pâle religion de l’Être suprême.

On le voit vers 1860, à l’étonnement de beaucoup de ses amis, prendre violemment parti contre l’unité italienne et s’opposer à Mazzini pour soutenir la papauté.

Quant à lui, il veut être “catholique par position” et il ne craindra pas de passer même pour “clérical”.

Contre l’Être éternel et absolu des religions et des métaphysiques, il avait opté pour l’idée Progrès.”

________




[1] Ces courants opèrent toujours en couples de contraires, tous les couples coexistent sans cesse, mais chaque couple parvient successivement à occuper le devant de la scène religieuse au cours d’un cycle. Nous avons ainsi les Révolutionnaires (Fondateur ou Parfait) ; les Extrémistes (Exaltés ou Athées) ; les Classiques (Idéalistes ou Empiristes) ; les orthodoxes Secondaires (Fidéistes ou Rationalistes), et les Panthéistes (Spéculatifs ou Sensualistes). Ceci dit, la double démarche fondamentale est celle de la Théologie et de la Mystique. Un mot sur le couple Exaltés-Athées qui peut dérouter. L’Exalté est un intégriste de la Foi, qui ne veut rien savoir de la Raison, et s’insurge donc contre toute Autorité terrestre. Résultat : la troupe des Exaltés s’affiche comme l’apparition (THÉOPHANIE) sur terre de l’Église Invisible, celle du “cœur des saints” du Ciel. L’Athée est un intégriste de la Raison, qui ne veut rien savoir de la Foi, et s’insurge donc contre toute Autorité céleste. Résultat : le comité d’experts (braintrust) des Athées érige la Matière en Substance Absolue. Ceci dit, nous nous référerons seulement aux orthodoxes qui font date dans la Religion en vitesse de croisière, au couple des Classiques : Idéalistes et Empiristes. Ces deux courants représentent deux voies complémentaires de la Théologie : l’Idéaliste part du Créateur pour rendre compte de la Création (Platon, Augustin, François d’Assise, Descartes), tandis que l’Empiriste part de la Création pour prouver le Créateur (Aristote, Léonce de Byzance, Thomas, Locke).

[2] Notons au passage que nous avons là une confirmation très nette que la Libre-Pensée n’a absolument rien à voir avec l’Athéisme ! C’est toute la différence qu’il y a entre Condorcet et d’Holbach. Hélas ! les gogos qui hantent les salles de profs de l’école J. Ferry, après 20 ans de bachotage, sont incapables de faire ce distinguo…

[3] Dans le cas français, cela nous donne le tandem Lacordaire (1802-1861)/Ledru Rollin (1807-1874).

[4] Torquemada (1420-1498) : chef du Saint Office papal en Espagne.

[5] C’est le racisme anti-populaire fondamental de l’Occident Barbare, dont le racisme colonial n’est qu’une expression.

[6] Chez Molière, c’est du “sein” de la servante Corinne qu’il s’agit, au lieu de notre “instinct”.

[7] À ce propos, méprisons la légende officielle selon laquelle l’Islam (sunnite tout spécialement nous dit-on) n’avait pas de Clergé, comme si il vécut dans l’anarchie et sans Orthodoxie !

[8] Entendons-nous : pour la Civilisation, l’“histoire” se réduit au Temps, que l’humanité “chevauche” électivement. Bref, l’histoire est Chronologie naturelle et Perpétuité humaine.

[9] Le Moyen-Orient musulman “appelait” ces “invasions barbares”, suite à la désorganisation de la région par les Croisades (1100-1200). Comme en Europe occidentale au 5ème siècle.

[10] ≠ de xylographie.

[11] Sidérurgie “indirecte” (fonte).

[12] Noter : “penchant à la Foi” ; ce sera Impératif Moral chez Kant.

[13] “Unitarisme” lancé (Qu’une “Personne”).

[14] Le “Libre Examen” ne fait pas des “électrons libres”, mais veut plus que jamais une Église.

[15] La Morale est sur toute la ligne seule sanction de la Foi.

[16] Il y a un “penchant à l’HérésieDANS l’Église Visible.

[17] Rappelons que l’imbécile se distingue de l’idiot par l’absence de stigmate physique et la présence de certaines aptitudes mentales malheureusement inutilisables. Le dire de notre faible d’esprit est donc le suivant : Judaïsme, Christianisme et Islam sont les trois religions monothéistes ; autrement dites “les trois religions du Livre” : la Torah, l’Évangile et le Coran ; et désignant encore trois extra-terrestres : Moïse, Jésus-Christ et Mahomet.

[18] Cf. Benoît XVI et son discours à Ratisbonne.

[19] Cf. les 99 Noms de Dieu dans l’Islam.

[20] TRM : Trois Religions Monothéistes !

[21] AGNOSIE : Ignorance ; Agnosticisme = Ignorantisme.

L’Agnostique “suspend” son jugement quant à l’existence et la nature de Dieu.





Avertissement :

Nous vous rappelons que nous vivons en pays occupé :

"Les murs ont des oreilles...".