En Occident, c’est-à-dire là où les Juifs ont pu compter dans le développement civilisé, il faut oublier les Hellènes, et commencer par les Catholiques. Rappelons que par ce mot de Catholiques, on groupe et la tradition Grecque de Constantinople, et la tradition Latine de Rome (l’Europe Occidentale a la malheureuse habitude d’identifier Catholique et christianisme Papal romain, alors que “catholique” signifie simplement “universel”, et est un titre également revendiqué par le christianisme Impérial de Constantinople ; la “3ème Rome”, celle Orthodoxe de Moscou, y prétendit à son tour) [1].
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Avec le Catholicisme, un fait entièrement nouveau intervient dans la civilisation Occidentale : il y a une référence DIRECTE, INTERNE, au Mosaïsme. La situation était plus claire dans l’Hellénisme ; à cette première phase, simple, du spiritualisme européen, les grecs puisaient dans leur propre tradition matérialiste en se donnant Homère comme Ancien Testament. Les Catholiques prennent le relais historique des Hellènes, mais ils doivent “nier” le culte de Jupiter qui a sombré dans le paganisme, dans l’“idolâtrie”.
Il peut sembler bien étrange que pour poursuivre l’œuvre de l’Hellénisme, il ait fallu rompre avec ce qui en était la racine même, et s’enticher d’une tradition complètement exotique. De fait, cela n’ira pas sans poser bien des problèmes tout au long de l’histoire du christianisme, dans ses relations parfois orageuses avec le “peuple déicide”. Mais les choses s’éclairent tout à fait quand on examine le problème concrètement.
D’abord, il y avait bien une grande Révolution à faire pour élever l’idée de Dieu du rang de Maître à celui de Père ; un tel “bond qualitatif” justifiait assez de briser avec une Tradition pour en adopter une autre.
Ensuite, chez les Hellènes eux-mêmes, la tradition matérialiste d’Homère était dès le départ en contradiction avec la religion spiritualiste de Zeus que les grecs avaient à établir. C’est pourquoi, très vite, l’Iliade d’Homère ne fut que l’arrière plan de la Théogonie d’Hésiode. Ensuite, Socrate provoqua un décalage irréversible entre les “Deux Testaments” de l’Hellénisme. Enfin, la “Philosophie Première”, véritable Théologie, creusa un abîme avec Homère chez les hellènes, qui ne prenaient plus alors réellement au sérieux le grand aède qu’en littérature ou en mystique.
Ensuite, chez les Catholiques comme chez les Hellènes, il ne s’agissait “que” de trouver un point d’appui primitif pour une opération civilisée. D’emblée cette fois, la référence à Moïse était qualifiée d’“Ancienne Alliance”, justification intemporelle de l’incarnation très datée du Messie, dont le témoignage se trouvait dans l’Évangile et non pas dans la Bible juive.
Ensuite, au sein de l’empire romain, il n’était pas d’autre tradition matérialiste pouvant rivaliser avec le mythe grec, que la tradition Israélite. Les juifs présentaient aux Romains un Livre en leur langue (la “Nouvelle Septante”) rendant compte de l’origine du monde ; ils avaient un Royaume dans le cœur riche de l’empire ; ils avaient tenté la révolution civilisatrice des Hasmonéens ; ils étaient répandus dans toutes les cités marchandes de la Méditerranée ; leurs échecs mêmes – de Salomon à Judah Maccabée – leur avaient fait préserver une identité mentale exceptionnelle, à l’écart de la paganisation de l’hellénisme, et en opposition connue avec elle ; cette même opposition, privée de nouvel espoir politique sérieux, avait suscité un puissant panthéisme juif hellénisé, illustré par Philon d’Alexandrie.
Ensuite, même au niveau des références panthéistes, le futur christianisme était dès l’origine travaillé par un second courant, directement contraire à celui des juifs, le courant proprement hellène illustré par Sénèque ; et ce n’est que la fusion des deux courants, mêlés dans l’Évangile même, qui fera le Catholicisme.
Enfin, bien avant la victoire du Catholicisme (312), il nous apparaît – après coup – qu’il était prévisible de voir le catholicisme “grec” (oriental, impérial) revêtir une forme essentiellement “hellène” durant quelques 425 ans à Constantinople (310-745) ; ceci comparativement à ce que sera le catholicisme “latin” (occidental, papal). (Même si, alors, la référence aux juifs et à la Palestine était encore plus “artificielle” par un autre côté).
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Comment le Catholicisme s’est-il établi ?
• D’abord il faut poser nettement les deux courants inverses et complémentaires qui furent à la base du mouvement, et qui le restèrent définitivement, puisque les deux Testaments (témoignages) se conservèrent jusqu’à la fin. Ce sont les courants Israélite et Hellène.
- Le courant Israélite est inspiré par Philon (- 20/+ 54). Pratiquement, sa base est la prédication de Jean-Baptiste. Ce courant enserre le Nouveau Testament, commençant par Matthieu et finissant par l’Apocalypse. Entre ces deux pôles, il y a encore Pierre et Jacques.
- Le courant Hellène est inspiré par Sénèque (+ 2/+ 66), que Néron exécuta pour avoir participé à la conspiration de Pison (65). Pratiquement, sa base est la prédication de Simon le Mage. Ce courant va de Paul à Apollonius de Tyane. Entre ces deux pôles, il y a encore Philippe et Jean (Évangile du Logos-Verbe). (cf. Document : Le Testament Chrétien)
• Ensuite il faut distinguer nettement les deux phases concrètes du mouvement, au sein desquelles le caractère des deux courants se modifie, et la position principale ou secondaire de chacun varie. Ici, il importe de distinguer une première phase en réalité pré-chrétienne et une seconde avec laquelle le vrai christianisme commence, sous domination païenne (il y en aura d’autres ! et chaque fois avec leur particularité distinctive).
- La première phase est pré-chrétienne, en premier lieu parce que Panthéiste, et en second lieu parce que les deux courants œuvrent en ordre dispersé. Au cours de cette phase (+ 47/+ 117), le courant Israélite est dominant dans la masse populaire au début, et se fait supplanter à la fin. Cette première phase est dite Apostolique ; mais on ne doit pas pour autant s’imaginer comme le veut le dogme, qu’il y a alors des “chrétiens”. Il existe une fermentation idéologique qui est double : d’une part judéo-chrétienne, d’autre part hellèno-chrétienne. Quant aux judéo-chrétiens, ils sont tellement présents que la masse des Juifs et des Prosélytes croit réellement à la venue du Messie, d’abord autour de Jean-Baptiste, ensuite dans la voie de Jésus (en dépit des rivalités, flottements, inévitables dans une telle fermentation). Donc l’accusation du “peuple déicide” n’a aucun sens à cette phase, et ne sera justifiée plus tard que si on la comprend comme accusation d’une poignée de Notables dirigeants chez les juifs.
- La deuxième phase peut enfin être dite “chrétienne” parce que le renversement de fait de l’hégémonie Israélite s’opère, condition de la fusion des deux courants pour former une Orthodoxie émancipée du panthéisme. Ceci est acquis pour l’essentiel avec Justin et Hermas (le premier “retenant” le côté hellène, et le second le côté israélite). Alors, on peut parler de phase Patristique. On fait enfin de la théologie cohérente “catholique”. Certes, le Catholicisme est alors tout “bébé” ; mais il existe ! (+ 117/+ 312 ; cf. Tableau : Église souffrante).
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La clique de Yabné :
La bande noire des dévots d’Esdras parmi les hébreux se signala d’abord du temps de l’opulent Grand-Prêtre Sadducéen Caïphe (19-36). C’est lui qui fit condamner à mort le Messie par le Sanhédrin. Un nouvel Élie ? Un nouveau David ? Blasphème ! “Les Juifs n’ont pas d’autre roi que César !” ; “Pour que la parenté des Fils-de-Jacob se conserve, il est bon qu’un de ses membres meurt !”
C’est toujours le même aveuglement criminel chez les païens ! Il ne fit qu’attiser l’incendie Judéo-chrétien (messianisme incluant Jean-Baptiste et Jésus-Josué). Et le mouvement finit par envelopper une foule de “gentils” (prosélytes), en en modifiant totalement le caractère “national”. Car il y avait la Nouvelle Septante hellénisée, débordée elle-même par le mosaïsme “allégorisé”, panthéiste, de Philon.
Avec le développement, insoupçonné au début, du messianisme allant à la rencontre du panthéisme stoïcien, surtout après la chute du Temple (70), les disciples de Caïphe se ressaisirent, terrés dans l’Académie de Yabné subventionnée par les colons romains (+ 90). Cette clique, dénonçant le “faux-messie”, lança ses agents persécuteurs au service des monstres Vespasien (69-79) et Hadrien (117-138). Il y eut en effet l’immense soulèvement israélite, touchant cette fois toute la Diaspora, en 115/117. À la mort de Trajan (117) “l’ère des conquêtes était terminée. Désormais Rome n’allait songer qu’à se défendre” (A. Lama : Dieux et Empereurs).
C’en est fait ! Jérusalem rasée en 70, est reconstruite à partir de 122 par Hadrien, mais sous le nom de “Colonie d’Aelius (Adrien) du Capitole (colline de Rome dédiée à Jupiter)”. On attendra Constantin pour rétablir le nom de Jérusalem. Pour les autorités fantoches des juifs, Josué-Jésus (YE-OCHOUA [2] : Yah Délivre) est déclaré maudit sous l’appellation “EL LO-YOCHIA” = Génie-qui-pas-Délivre. Ensuite, à Yabné on nettoie la Nouvelle Septante, pour revenir au canon d’Esdras vieux de 575 ans (Bible d’Aquila, + 130). Mais maintenant, l’ennemi n’est plus seulement Socrate ; c’est aussi St Paul. Pour cela, on a un “second Esdras” (ils disent une fois de plus “Second Moïse” !) : Rabbi AQIVA (45-135), qui décrète que la Torah existait “avant le Monde”, pour la mettre au placard et faire prévaloir désormais la “Loi Orale” qui deviendra le Talmud. Quant au géant Philon, il devient pour les Yabnistes un “Autre” dont l’existence doit être oubliée : la première mention de son nom sous la plume d’un auteur juif date de la… Renaissance ! (Azariah de Rossi – 1560). Bref, du Judaïsme d’Esdras on passe à présent au Rabbinisme d’Aquiva. Les rabbins sont repris du virus Perse et vont moudre le Talmud en Babylonie, dans l’attente d’un nouveau défi : après Socrate et St Paul, ce sera Mahomet… En arrivant en Babylonie, les rabbins s’armèrent d’un nouveau “noyau central des offices quotidiens du matin et du soir”. Ce “noyau”, jusque-là, était le fameux CHEMA (Écoute !) : “Écoute Israël ! YHWH est notre Génie, YHWH est Un”. Or, le célèbre “Rav” (Abba Arikha “le Grand”), fondant l’Académie de Soura en Babylonie (220), produit un nouveau “noyau”, rivalisant désormais avec le Chema : l’ALÉNOU (À Nous !). “À nous seuls de remercier YHWH ! Car il ne nous a pas fait comme les autres parentés de la terre, ni réservé le même rôle. Les étrangers ne se prosternent que devant LA VANITÉ ET LE VIDE, et ne prient qu’UN GÉNIE QUI NE DÉLIVRE PAS”. On sait que le maudit “génie” est Jésus-Josué ; de plus (!) sachez que la valeur numérique des lettres formant l’expression “vanité et vide” est égale à celle du mot Jésus… Le juif est comptable. (cf. Documents : Chema et Alénou, et Alénou le-Chabbéah)
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Le Nouveau Testament laisse très bien apparaître que le christianisme proprement dit fut la fusion de deux Panthéismes, juif et hellène. Deux observations à ce sujet :
• Le Nouveau Testament que nous possédons ne vit son canon fixé qu’en 410 à Rome (je n’ai pas de N.T. orthodoxe). Et le respect de ce canon fut encore autre chose. Le canon de 410, du temps donc d’Augustin, et de l’Évêque de Rome Innocent Ier (402-417)… fils (oui !) du précédent “pape”. Ce côté tardif du canon n’a pas à nous émouvoir ; le christianisme n’est pas religion “du Livre” ! Hermas (Le Pasteur) fut canonique de fait auparavant, Origène fut déclaré hérétique par Anastase (399-402), etc. La religion est vivante, dieu merci ! Une fois qu’on eut le canon, les problèmes de la vie de la religion n’étaient plus là, mais étaient résolus par les Docteurs faisant suite aux Pères. Histoire ! Histoire !
• Si, du temps des Pré-chrétiens on eut des Judéo-chrétiens et des Helléno-chrétiens, par la suite on eut quelque chose qui y ressemble, tout en étant l’inverse complet : des chrétiens dits “judaïsants” et d’autres dits “hellénisants” (ex : Tertullien et Origène). Ceci était inévitable et nécessaire, parce que la religion marche sur deux jambes, l’une Empiriste et l’autre Idéaliste. Le problèmes n’est pas là. Il est que :
- Judaïsants et Hellénisants ne sont plus que des façons de parler ; hellènes et juifs ne sont plus réellement dans le coup. De la même manière on dit qu’Augustin est “platonisant” et que St Thomas est “aristotélisant”, en sachant très bien qu’on n’est plus dans l’Antiquité, mais au Moyen-Âge !
- Ce qui importe, c’est de voir si, à partir de ces deux pieds, on ne pousse pas la chose jusqu’à l’hérésie ; et c’est de caractériser la particularité distinctive de l’Empirisme et de l’Idéalisme à chaque stade.
- C’est encore d’un autre point de vue que, comme je l’ai dit, on peut qualifier le catholicisme grec (oriental) d’“hellénisant” globalement, comparé au catholicisme latin (occidental) apparaissant “judaïsant” dans son ensemble. Le catholicisme Latin devint majeur en 740, avec Zacharie – Boniface et Pépin le bref. Quelle est la nouveauté ? L’Empereur de Constantinople était chef indifférencié de l’État et de l’Église, dominant ses Moines, et veillant à proscrire les “Images”. Le Pape (évêque des évêques) de Rome est différencié de l’Empereur. Le Sacre des rois nous vint, en passant par l’Angleterre, des Wisigoths de Séville rompant par l’arianisme (Léandre et Tancrède), en se référant explicitement à Samuel qui oignit Saül. C’est à ce moment encore – 589 – qu’apparut le “Filioque”, qui sera la pomme de discorde irréversible entre Rome et Constantinople (puis Moscou) : le St Esprit ne procède pas du Père PAR le Fils, mais du Père ET du Fils.
- On trouve systématiquement dans nos livres que les “Pères de l’Église” durèrent du 2ème au 7/8ème siècle. Ainsi, on dit Isidore de Séville (560-636) “dernier Père d’occident” ; et Jean Damascène (675-760) “dernier Père d’orient”. Ceci prête à la plus grande confusion, mettant dans le même sac l’Église “souffrante” sous les empereurs païens et l’Église “triomphante” depuis Constantin, prenant dès lors un tout autre caractère. C’est pour cela que j’ai parlé de Docteurs à partir des chrétiens au pouvoir.
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Pourquoi s’arrêter sur cette “religion” disparue ? Parce qu’elle gêne énormément les Juifs dans leur histoire, tout autant que les Samaritains avant eux, et les Caraïtes après eux.
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Il faut bien comprendre le contexte, qui dépasse de loin les démangeaisons sans issue des Fils-de-Jacob, depuis l’échec des Maccabées.
1- Avec la fin du règne d’Auguste (- 40/+ 14), c’est non seulement le Principat romain (il n’y a pas encore d’“Empereur” !) mais 600 ans d’hellénisme (Rome et Athènes confondus), c’est-à-dire de spiritualisme Olympien (Zeus-Jupiter), qui arrivent dans un cul-de-sac. Quel avenir pour la civilisation ? Personne ne le sait ! Impossible pourtant de pétrifier l’histoire ; et l’impasse étant énorme, l’issue sera nécessairement géante.
2- Dans un premier temps, et dans une ambiance qui reste globalement civilisée par la force des choses, une formidable fermentation se développe, dans le sens du Panthéisme d’un côté, et du Paganisme de l’autre. Ceci se déchaîne durant 60 ans, jusqu’au milieu du règne de Claude (+ 47), et évidemment surtout dans la moitié orientale de la romanité, la plus profondément civilisée et la plus riche, depuis Alexandre le Grand (de Rome à Alexandrie et de Carthage à Antioche). Jusque-là, c’est le Panthéisme qui semble le plus fort, et on n’en est pas venu à l’affrontement physique général. Cela ne sut tarder, d’où la “célébrité” de Néron (54-68) et l’“incendie de Rome” (64). (À ce moment, même si les contemporains mettront longtemps à le comprendre, tout est joué : on est parti pour la domination du Paganisme et de la Barbarie “mondiale”, au moins jusqu’à la ruine de Valérien (260), et officiellement avec Constantin (312)).
C’est bien du contexte général que je viens de parler ; bien sûr les choses furent moins simples localement et conjoncturellement. Ainsi, il y avait la valse des Césars et des Augustes ; il y avait les défis extérieurs, des Barbares sur le Danube et des Perses sur l’Euphrate. Il y avait encore la grande différence de la romanité Occidentale, au-delà des Alpes : déjà Claude avait eu le projet d’appuyer l’Empire sur la Gaule plutôt que sur le Moyen-Orient (Justinien aussi avait pensé rapatrier la capitale de Constantinople à Rome) ; et 10 ans avant Constantin, son père s’était fait aimer des judéo-chrétiens d’Occident. Enfin, même dans le cœur oriental de l’empire, on put croire en 115/117 que le Paganisme n’avait pas gagné la partie, du fait du soulèvement de toute la Diaspora judéo-chrétienne : Libye, Égypte, Chypre, Babylonie (Nous avons connu cela après 1840-1848, avec la Commune et l’Internationale).
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C’est dans le premier temps du face à face “civilisé” Panthéisme-Paganisme (14-47) qu’intervient le problème des Sabéens. Comme les Sabéens ont à voir avec les autres Juifs, les 25 ans qui suivent, jusqu’à la Guerre Juive (66/70), qui se déclare peu après l’incendie de Rome et se termine par la chute du Temple, sont à prendre aussi en compte. On a donc deux phases : 14-47, 47-70.
On a le “grand cadre” : le Panthéisme affronte la crise antique, dans une ambiance encore civilisée, “pacifique”, dans la méditerranée orientale. À présent, un “petit cadre”, non moins important que le précédent, doit être fermement établi : le panthéisme a DEUX branches, l’une “Juive”, l’autre “Grecque”.
- La branche Juive part de Philon d’Alexandrie, et donne les disciples de Jean-Baptiste (le Judéen). C’est cette branche qu’illustrent nos Sabéens.
- La branche Grecque part de Sénèque (d’Espagne), et donne les disciples de Simon le Mage (le Samaritain). C’est cette branche qu’illustrent les Gnostiques.
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J’en viens aux Sabéens. Ce nom, en araméen, signifie les Baigneurs ; les Laveurs. Ils se disent eux-mêmes “les jourdains”. C’est qu’ils sont disciples de Jean-Baptiste (IAHIA arabe), et se repurifient continuellement dans l’eau vive (courante). C’est pourquoi ils se disent aussi Nazoréens, Jean-Baptiste ayant été un NAZIR, “consacré” au Temple dès avant sa naissance par ses parents : son père Zacharie y est prêtre, et sa mère Élisabeth descend d’Aaron. Le modèle du Nazir à vie, après Samson, est Samuel, qui oint Saül, puis David. Le Nazir est un ascète, il se rase le crâne et brûle ses cheveux sur l’autel ; il peut toucher un cadavre. Bref, les Sabéens seront non pas “royalistes”, mais “théocrates”.
On a appelé les Sabéens “Chrétiens de St Jean”. C’est un gros contresens, du fait que “chrétien” est synonyme de Messianiste ! Le juif célèbre Maïmonide dit dans “Le Guide des Égarés” (1200) : “La religion des Sabéens embrassa toute la terre ; notre père Abraham fut élevé dans la religion des Sabéens”. Une invocation sabéenne dit : “Je me consacre à ton service, ô Très-Puissant ! TU N’AS AUCUN COMPAGNON, excepté Celui dont tu es absolument le Maître, et tout ce qui est à lui”. On dit aussi que les Sabéens possédaient un “Livre des Hanifs”, ces croyants de naissance dont se réclame Mahomet. Il n’est pas étonnant que le Coran range les Sabéens dans les “Gens à Livre” (ahl al-kitab), et même immédiatement après les Juifs, à deux reprises, au début de la Révélation (Tanzil) :
- “Juifs, Sabéens, Nazaréens et Mages” (Sourate 22 : 17) ;
- “Juifs, Sabéens et Nazaréens” (Sourate 5 : 73).
Enfin, n’oublions pas ce que rapporte la Tradition (Sunna) : en 614, Omar, âgé de 25 ans, voulut tuer le Prophète ; il fit irruption dans le local de réunion de La Mecque en criant : “Je cherche Mahomet, ce Sabéen !”
Les Juifs du Ghetto sioniste, les Chrétiens de l’œcuménisme Clérical-païen, aussi bien que les Musulmans prêcheurs de “modération”, se font on ne peut plus discrets concernant les faits ci-dessus ! Unis dans la Conspiration DU Livre, il faut faire oublier au maximum que Mahomet parlait des Gens À Écritures, que parmi ceux-ci les Mages de Zoroastre comptaient autant que Moïse, et qu’une religion à Livre de premier plan, celle des Sabéens, puisse se trouver rayée de la carte…
Quelle est l’origine des Sabéens ? De 6 à 41 P.C., une première fois le Roi de Judée fut supprimé (il ne sera rétabli que de 41 à 44). C’est Auguste, faisant droit aux PLAINTES UNANIMES des Juifs et Samaritains, qui destitua Archelaüs et l’exila en Gaule (à Vienne), et rattacha la Judée à la province de Syrie, avec un Gouverneur résidant à Césarée. De 26 à 36, le Gouverneur (procurateur) est Ponce-Pilate. Les Juifs sont dégoûtés de leurs rois, et Auguste est mort en 14, ce qui fait flotter l’“empire” de Rome. La fermentation commence chez les juifs. En 29, sous Tibère, Jean le Baptiseur prêche la Repentance à Israël et appelle à la Purification au Jourdain. Le Nazir Jean, né par l’intervention de GABRIEL (et non pas par l’Ange en chef traditionnel des Juifs, Michel), voit les foules juives venir à lui, l’appelant Rabbi (Maître). Jean dit préparer les voies au nouvel Élie, au Grand-Prêtre final. Tel est le début du mouvement des Baigneurs. Il a un puissant avenir, INDÉPENDANT de Jésus-Christ, avec l’ouragan que va déchaîner la réaction Païenne-Barbare dans l’Empire. Une part des Baptistes incorporera le courant Chrétien, mais la nébuleuse restant attachée exclusivement à Jean se conservera, ramifiée en de nombreuses branches, dont les Sabéens sur lesquels je m’appuie, ceux qu’on dit “des marais” parce qu’établis dans le Grand Delta de l’Irak (golfe persique).
Les textes de nos Sabéens furent codifiés au 8ème siècle, pour clarifier leur statut sous le califat Abbasside, pro-iranien, installé en 750. On peut penser que le sabéisme a pu se modifier depuis Jean-Baptiste, mais essayons de voir clair dans sa base générale. Deux choses sont saillantes :
- Ils restent Messianistes non-chrétiens ; Jean seul compte. Jésus est un menteur.
- Ils haïssent par-dessus tout le Rabbinisme juif : “Malheur aux juifs Persécuteurs ! Malheur à Élizar !”
Qui sont ces juifs persécuteurs ? C’est la bande des notables du Sanhédrin, fantoches de l’empire païen, qui fit la chasse aux Baptistes sitôt la ruine de Jérusalem en 70 (comme Ledru-Rollin/Lamartine, ces autres pharisiens, firent la chasse aux Rouges après Juin 1848). L’“Élizar” mentionné ne peut être qu’ÉLIEZER BEN HYRCANOS (disciple chéri de Yohanan Ben Zakkaï, de la Gauche juive, se réclamant de Hillel). Éliezer organise la fuite de Ben Zakkaï hors de Jérusalem assiégée, lequel se réfugie chez le général VESPASIEN. Ben Zakkaï prédit doctement au général, la Torah à l’appui, qu’il sera sous peu Empereur-roi (70-79). En remerciement, le tyran offre à la bande des traîtres d’installer une “académie”… à YAVNEH ! On dit que Ben Zakkaï fut “le premier Sage à s’engager dans la mystique” (lisez Kabbale occultiste, et vous saurez tout !). Quant au jeune Éliezer, il finit par fonder sa propre école “ultra-rigoriste” (autre “vespasienne” juive) à Lod.
Quel est le système des Baptistes obstinés que sont les Sabéens ?
Relativement aux personnages de l’Évangile, les Sabéens, en tant que Baptistes, sont à l’extrême-droite, plus juifs que Jacques. Ils sont à l’opposé des Simoniens, qui sont à l’extrême-gauche, plus grecs qu’Étienne.
Les Sabéens, comme tous les Baptistes, rejettent la Bible d’Esdras et, par là, rejoignent les Samaritains (Jean-Baptiste eut un grand succès en Samarie). De plus, ils rejettent “scribes et pharisiens”, la “race de vipères”, ces POLITIQUES dégénérés issus des Maccabées. Les Sabéens sont RELIGIEUX : contre le ROI David, ils sont le camp du PRÊTRE Samuel ; et contre Zorobabel ils sont du côté de Josué (Jésus). (Zorobabel-Josué se réfère au premier Retour d’Exil, décidé par Cyrus – 538 A.C. –, 65 ans avant Esdras).
Les Sabéens sont “apocalyptiques” d’une manière différente et même opposée de Jean de Patmos (on date l’Apocalypse de 64/67, entre l’incendie de Rome et la Guerre des Juifs) : par la purification intense par l’Eau, ils se proposent de retarder celle par le Feu qui sera surnaturelle et finale.
Les Sabéens observent rigoureusement l’interdit du SANG établi par Noé. Ils croient, avec la tradition israélite, à la MÉTEMPSYCHOSE.
Les Sabéens, ou Nazoréens, sont dits aussi Mandéens, parce qu’ils disent adorer le grand SECRET (Manda), celui de la Vie cosmique. VIE est le grand mot des Sabéens ; c’est HAIJÉ (Hayyah en hébreu) : “O Vie ! O, ô Vie ! La Vie a vaincu le monde. La Vie est victorieuse !”
Enfin, le Sauveur des Sabéens est Enosh, fils de Seth lui-même fils d’Adam. Enosh, tout proche d’Adam, est bien antérieur à ceux qui furent “enlevés” de terre au lieu de mourir : Élie peu après Salomon et Enoch (ou Hénoc) avant le Déluge. La Torah dit que c’est depuis Enosh qu’on connut le NOM du Très-Grand, YHWH. “Seth, fils d’Adam, donna à son fils le nom d’Enosh. ALORS on commença d’invoquer le nom de Iahvé” (Genèse 4 : 26). Et c’est ce que rappellera le Très-Grand à Moïse bien plus tard : “Élohim parla à Moïse et lui dit : Je suis Iahvé ! Abraham-Isaac-Jacob m’appelaient El-Shaddaï (Puissant de la Montagne) ; ils IGNORAIENT mon nom secret : YHWH”. Connaître le “vrai” nom de Vie, c’est pouvoir commander à cette dernière. Les Rabbins talmudiques diront : à compter d’Enosh, on PROFANA le Nom ; l’exégèse talmudique est ainsi faite qu’il est normal de faire dire à un mot le contraire de ce qu’il signifie, ouvertement !
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Le “Livre” de référence des Sabéens est GINZA HAIJÉ, le Trésor de Vie (Ginza = Trésor ; Haijé = Vie).
Je tente ci-après de décrire la “tournure mentale” des Sabéens. Ceci en amateur audacieux ! Des spécialistes corrigeront mes bêtises de détail.
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[1] Dire que nous en sommes à devoir mettre les points sur les “i” concernant ces choses enfantines ! Ainsi nous usons-nous en préliminaires qui retardent le vrai travail…
[2] Josué avait été le nom du Conquérant de Canaan, “délivrant” du joug Égyptien ; et aussi le nom du premier Grand-Prêtre d’Esdras, celui des Exilés-Rassemblés.
Nous vous rappelons que nous vivons en pays occupé :
"Les murs ont des oreilles...".