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Laïcité et Sexologie :
le cas “Josette”

La “laïcité”, philosophiquement, ça ne m’excite pas des masses. Avec elle, je reste même furieusement sur ma faim spirituelle. Pourtant, il est dit que c’est le summum du raisonnable, de la tolérance. Qu’est-ce qui se passe donc en moi ?

•••

Suis-je frigide ? me dit ma sœur, harcelée par la meute des mecs hypervirils, à commencer par son Jules.

- Ça n’a pas l’air, ma sœur, réponds-je. D’abord, qu’est-ce que tu appelles frigide. Et même si ! c’est pas mortel ! Faudrait pas en faire un plat !

- Rigole pas, qu’elle me répond à son tour. C’est grave. Mon mec n’arrête pas de me répéter : “y’a rien de meilleur que le sexe, faut pas s’en priver ; si tu voulais, on pourrait faire des tas de choses. Pourquoi tu rechignes à chaque fois. T’es coincée, ou quoi ?”... Dis-moi, frangin, qu’est-ce que je peux dire contre ça ; c’est sans réplique. Et pourtant, dès qu’il me ressort ce truc, je me sens encore plus frigide ! Faut que j’aille voir un psy. J’ai même bien peur de finir en neuro avec cette histoire. Tu sais, ma copine Josette ? Elle est passée par tout ça. Je ne peux pas juger sur un cas, mais pour elle ça a pas été la joie. J’ai peur. Excuse-moi, aujourd’hui j’ai besoin de causer. Je te raconte.

Dès que Josette ouvrit la porte de son psy, il a commencé à lui écorcher tant et plus son conscient. Et il l’a pas lâchée tant qu’elle n’a pas atteint le stade schizo. Alors, elle a fini par craquer, lui avouant qu’elle se réveillait la nuit en hurlant, parce qu’elle avait un autre Moi qui la pourchassait en ricanant : t’es fichue, avorton, t’auras jamais de phallus ! À ce moment, bizarrement, son psy a abandonné un instant son air grave habituel et lui dit en souriant : tout va bien ! Nous avons fait un grand pas. Maintenant, va falloir, avec mon aide, vous atteler à la grande tâche : le curetage de votre inconscient, sur lequel, enfin, vous avez mis le doigt. Ce fut le calvaire. Le surmoi de Josette était très coriace, il s’acharnait terriblement. Faut le savoir : l’inconscient, c’est du chiendent. Celui de Josette repoussait dix fois plus vite qu’elle ne pouvait l’arracher.

Finalement Josette, hagarde et couverte de poils mâles qui poussaient tout blancs - mais toujours privée de verge - s’est retrouvée en neuro. Pauvre Josette ! Charybde et Scylla, on peut dire qu’elle, elle a connu. C’était à croire, maintenant, que tout Rhône-Poulenc et l’Institut Mérieux ne travaillaient que pour elle. C’étaient comme des trains de médics qui arrivaient pour lui bourrer l’œsophage. Josette en devint comme une poivrotte, elle ne pouvait plus faire deux pas sans se tenir au mur. À un moment, Josette crut que l’infirmière, sans le faire exprès, lui avait fait déglutir les cachets avec l’emballage alu et que, par-dessus le marché, la croix verte d’une enseigne de pharmacie lui avait été enfilée entre la panse et le thorax. Le total semblait coincé à l’entrée du duodenum, et lui tailladait sans répit l’estomac. En tous cas, elle crachait bel et bien du sang. À ce moment-là, je suis tombée enceinte de mon deuxième. On s’est perdues de vue. Je me demande ce qu’elle est devenue, la Josette. Je suis bien inquiète.

Mais il faut maintenant que je pense à moi. Faut pas que je déraille moi aussi. Et faut que je décide quelque chose. Ça peut plus attendre. Peut-être bien que je devrais tout de suite bifurquer chez Moon. Je les ai vu à la télé, les moon, sous le soleil, au milieu des moutons. Là-bas, ils ont l’air tranquilles. Je n’y ai pas vu de psys laïcs, ces maniaques de la culpabilisation didactique. Je n’y ai pas vu non plus d’apothiquaires laïcs, ces obsédés de l’hibernation chimique. Bien sûr, ils ont l’air un peu évaporés, les moon. Mais tranquilles. D’ailleurs, j’ai l’air de quoi, moi, quand je me regarde en-dedans ? Et qu’est-ce que j’ai à perdre ? Pourquoi j’irais pas me fourrer dans leur ghetto tranquille ? Au moins, évaporés ou pas, il ont l’air de se tenir chaud ensemble. Et on voit bien que ça les soulage vraiment, de dire sans le dire que c’est les autres qui vont pas bien. Qu’est-ce que je risque d’essayer ? Ah, je partirais tout de suite, si fallait pas lâcher mon Cesare - c’est mon Jules - et surtout les deux petiots Lombroso[1]. Qu’est ce qu’ils deviendront sans moi ? Qu’est-ce que je dois faire, frérot ? Dis-moi.

- Je sais pas trop, petite sœur. C’est pas facile à décider. Sincèrement, je te vois pas aller vraiment mal. Et je mettrais ma main à couper que tu es tout à fait normalement chaude. Vrai aussi qu’il faut pas écouter les boniments des gros porcs pornos. Fais quand même gaffe au gourou, si tu vas chez les moon.

Extrait de La Laïcité débusquée de Freddy Malot, Église Réaliste Mondiale – octobre 1997

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[1] Cesare Lombroso (1836-1909) : criminaliste italien, archi-célèbre à son époque. En 1896, il écrit à propos de la femme “normale” : “L’amour chez les femmes n’est pas autre chose au fond qu’une face secondaire de la maternité. La femme est naturellement et organiquement monogame et frigide. Le grain de beauté doit s’ajouter aux caractères de dégénérescence de la femme. La femme sent moins que l’homme, de même qu’elle pense moins. Ceci étant, ce dont il faut s’étonner, c’est que la femme ne soit pas encore moins intelligente qu’elle ne l’est”.





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