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Résurrection

de l’Occident

 

Démonstration de notre
DROIT HISTORIQUE au Comm-Anar [1]

 

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Signature Freddy Malot – septembre 2007

 

Éditions de l’Évidence – 2010

2 montée de la Rochette, 69 300 Caluire

Sommaire

Résurrection de l’Occident

(version septembre 2007)

 

La Maladie Secrète de l’Occident (Introduction Générale)

I- Société du 3ème Âge

A- LE DRAME DU MONDE LIBRE

1- DIEU

I- Introduction

II- Permanence

III- Changement

IV- Leçons à tirer

V- Dieu Pur

VI- Conclusion

Dieu Moderne (tableau)

2- CRÉATION

3- DRAME

B- LE DRAME DU MONDE ÉGALITAIRE

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II- République du Comm-Anar

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La Maladie Secrète
de l’Occident

L’Occident est malade, et il règne sur le Monde. C’est tout le problème.

Faut-il préciser que c’est de la maladie de l’Occident Civilisé qu’il s’agit ; et point du tout du Pithécanthrope tailleur de galets d’il y a 250 000 ans, ni du Celte forgeur de fer de 750 A.C. ? Hélas, oui ! Car qui nous donne aujourd’hui une définition de la Civilisation faisant autorité ? Quant à la maladie de cet Occident, elle est absolument niée par ceux qui prétendent le représenter ; tandis que la Masse populaire, qui en ressent affreusement les effets, en ignore totalement la nature.

• Commençons par déclarer péremptoirement ceci : l’Occident Civilisé date très précisément dumiracle grec”, autrement dit de la parution des Hellènes, du surgissement de l’Hellade à Sparte et Athènes. Ceci se produisit autour de 650 A.C., et l’événement représenta un véritable séisme historique. En vérité, il est facile de confirmer cette origine, mais c’est une autre affaire d’en comprendre la vraie signification.

• Ensuite, il convient de rappeler que bien des fois notre Occident tomba gravement malade depuis sa naissance : il y eut la débâcle de la Grèce, puis la confusion des Alexandrins, la chute de Rome, celle de Byzance, et la ruine du Saint Empire au 14ème siècle. Méditer ces expériences n’est-il pas de première nécessité ?

•••

Que se passa-t-il lors de ces défis que nous eûmes à relever ?

C’est simple. À tout coup, nous vîmes l’Occident en venir à faire un retour complet sur lui-même, et déclarer bravement : OÙ EN EST l’Homme dans l’Histoire ? Surprise ! Cette seule remise à plat de “l’Homme dans l’Histoire” suffit pour rétablir l’Occident, et à le rendre même plus vigoureux et rayonnant que jamais.

Le fait est éclatant, et nous concerne de très près, quand nous vîmes le bout du tunnel de la Guerre de Cent Ans en 1475, surmontant du même coup la dure épreuve de la ruine du système Pape-Empereur. C’est alors que, grâce à l’Humanisme et au Protestantisme, l’Occident allait conquérir l’insigne privilège dans l’humanité civilisée : celui d’ouvrir la carrière aux Temps Modernes, et obtenir le titre de “Monde Librepar excellence. En effet, la marche triomphale de l’Occident Moderne commençait, menant tout d’une traite jusqu’à la Révolution Française, et la proclamation de ses Grands Principes qui ont ébloui le monde.

Et après cela, plus rien ? Si ! Les Grands Principes abstraits de 1789 font à présent belle figure au musée de l’Occident Civilisé, tandis que celui-ci se retrouve concrètement malade comme jamais ! Pourtant, depuis bientôt deux siècles, on ne se fit pas faute, bien des fois et en tous sens, de recourir à l’ancienne formule : “OÙ EN EST l’Homme dans l’Histoire”. Rien n’y fit. On ne put, au contraire, empêcher notre Occident de s’enfoncer toujours plus dans les Ténèbres, et n’user de sa supériorité acquise que pour entraîner le Malheur du monde.

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Fort heureusement, “quand le vase est trop plein, il faut qu’il déborde !” Nous y sommes. Totalement désillusionnés, nous voilà disposés à regarder la réalité en face. Et le commencement de la sagesse – rien de plus – donne le syllogisme suivant :

MAJEURE – C’est bien à présent l’Occident Moderne, le système occidental parvenu à sa Perfection finale, qui se découvre dans un état pathologique. Ceci veut dire simplement que toute l’histoire de l’Occident – de A à Z – se trouve cette fois remise en question ; et que la maladie secrète de l’Occident actuel ne fait qu’un avec la Chute de l’Occident tout court, avec la ruine de la Civilisation en tant que telle.

MINEURE – Or, la vieille interrogation : “OÙ EN EST” l’Homme dans l’Histoire n’était autrefois salvatrice que dans la mesure où l’Occident avait à se développer, à se parfaire. Nous ne devons pas nous étonner que la recette devienne tout à fait inopérante une fois la civilisation arrivée à son Terme : c’est désormais son fondement, ce qu’elle présupposait aveuglément, qui s’écroule et doit être révisé.

CONCLUSION – Quel est le Préjugé, ce qu’on ne soupçonnait pas comme pouvant faire problème, dans l’ancien “Sésame, ouvre-toi”, dans cette clef des difficultés tant que l’Occident se trouvait en expansion ? Ce sont les deux motsl’Homme et l’Histoire” ! Donc, le piège de la vieille formule saute, mais à condition que nous abandonnions complètement la préoccupation du “OÙ EN EST”, pour ne plus nous attacher qu’à redéfinir de fond en comble les deux notions d’Homme et d’Histoire.

Résumons. Une question toute nouvelle se pose à nous : non plus “Où En Est” l’Homme dans l’Histoire, mais “QUE SONT” et l’Homme et l’Histoire ? Quelle est la vraie signification de ces deux mots, totalement ignorée de nos pères ? Répondre à cette question consiste ni plus ni moins à nous donner l’armement théorique fondamental, préalable et nécessaire, permettant de tourner la page de la Chute de l’Occident Civilisé. La Résurrection de l’Occident est à ce prix. Il est à prévoir que si on y parvient – et il le faut bien ! – le salut de l’Occident changera la face du monde, comme jamais on ne le vit de mémoire d’homme…

•••

Se poser enfin la bonne question : “QUE SONT” en vérité l’Homme et l’Histoire, indique immédiatement deux choses :

- d’abord, que nous vivons les derniers instants de la Chute de l’Occident ;

- ensuite, que les deux notions sont solidaires : à toute version du mot Histoire correspond un type d’Homme particulier, et réciproquement.

Ceci dit, il y a comme un saut dans l’inconnu à vouloir redéfinir l’Homme et l’Histoire. N’est-ce pas un peu fou ? À l’inverse, y aurait-il 36 versions possibles de ces deux mots ? En réalité, tous les doutes s’évaporent en s’y prenant posément.

1- Une première version se propose immédiatement à notre analyse : c’est la définition de l’Homme et l’Histoire cultivée par la Civilisation, par notre Occident du temps où il était bien portant, resplendissant de santé.

À ce propos, une curiosité vient à l’esprit : notre Occident, né du “miracle grec”, n’a cessé de nous entretenir d’Hérodote, en le qualifiant de “Père de l’Histoire” [2]. Une question se pose aussitôt : n’y eut-il pas d’histoire avant Hérodote ? Ses propres “Enquêtes”, qui traitent de l’Égypte, la Perse, etc., prouvent le contraire. Mais alors, faut-il admettre une histoire sans historiens ? Et à quel type d’Homme cet état social pouvait-il correspondre ?

2- Du fait même de la curiosité que nous venons de dénoter, nous serons directement renvoyés à une deuxième version de l’Homme et l’Histoire : celle qui devait nécessairement être en vigueur durant ce que l’Occident ne sut jamais que recouvrir du nom de “Préhistoire”. En ce monde qualifié seulement de manière négative il y eut, nous dit-on, des “Peuples sans Histoire” ; mais conquérants du Feu, ayant parcouru les âges de la Pierre et des Métaux. Nous eûmes ainsi chez nous, les Celtes et les Germains, les Pélasges et les Latins, les Phéniciens et les Étrusques, les Slaves et les Normands…

Caractériser précisément cette seconde version de l’Homme et l’Histoire ne fera pas du tout que remuer des cendres, loin de là ! Notons que la Civilisation se trouva obligée de s’avouer en quelque sorte débitrice de ces “Primitifs” qui l’ont précédée ; mais c’était en confessant implicitement son incompréhension à ce sujet, et donc qu’elle se comprenait mal elle-même ! Hérodote donne le spectacle de cette étrange ambiguïté. Il dit d’abord : “les noms des dieux grecs nous viennent des Barbares, et surtout de l’Égypte” ; et ensuite : “les coutumes et lois de l’Égypte sont contraires à celles du reste du monde”.

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Ce qui précède dicte le Plan que nous allons observer :

PREMIÈRE PARTIE

L’examen des deux versions (civilisée et pré-civilisée) de l’Homme et l’Histoire qui ont marqué l’humanité vivante du passé établira la nécessité présente d’une “Société du 3ème Âge”, à propos de laquelle il restera à s’interroger.

DEUXIÈME PARTIE

La leçon tirée de l’ensemble réel de notre passé social, vivant et néanmoins révolu, permettra alors de caractériser précisément la “vraie” définition de l’Homme et l’Histoire, et la société qui lui convient : “la République du Comm-Anar”, Communisme-Anarchisme correspondant à l’avènement de la 3ème espèce de la Race humaine.

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I
SOCIÉTÉ du
3ème ÂGE

Tournons-nous vers le passé social complet,
pour y prendre sur le fait
l’histoire de l’Histoire
et l’humanisation de l’Homme.

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A- LE DRAME DU
MONDE LIBRE

La conception de l’Homme et l’Histoire qui fut celle de l’Occident Civilisé est censée nous être familière. C’est justement pourquoi ce sera la pire que nous aurons à rencontrer. En effet, elle n’est pas du tout aussi évidente qu’elle le paraît, mais comporte deux aspects qui doivent être soigneusement distingués :

• D’un côté, elle est incontestablement JUSTIFIÉE HISTORIQUEMENT, et donc à jamais très Précieuse. Il suffit de rappeler qu’elle coïncide avec l’épopée de l’Occident Civilisé, à qui elle fit mériter le beau nom de “Monde Libre”.

• D’un autre côté, elle est assurément BORNÉE HISTORIQUEMENT, et donc définitivement très Partiale. Il suffit de prêter attention au fait que l’Occident Civilisé eut une Origine bien précise : le “miracle grec” ; et qu’il eut de même un Terme bien défini : la “Grande Révolution” de 1789.

Comment concilier le fait que la définition Occidentale-Civilisée de l’Homme et l’Histoire, fut tout à la fois très-Précieuse et très-Partiale ? C’est toute la question du “Drame du Monde Libre” que nous serons amenés à découvrir.

Marchons à cette découverte, en observant le Plan suivant :

1- Dieu ;

2- La Création ;

3- Le Drame.

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1- DIEU

I- INTRODUCTION

Ce n’est pas pour rien qu’il faut commencer par Dieu ! Qu’on le veuille ou non, Dieu occupa la première place durant toute l’histoire civilisée. D’ailleurs, tout au long de ces 25 siècles, vit-on jamais s’établir une société athée ? Comment aborder cette question si importante de Dieu ?

Historiquement, la chose est claire : Dieu est le nom que la Civilisation donna à la Réalité ; à la réalité avec majuscule, c’est-à-dire effective et authentique sans restriction aucune.

Mais en quoi cette manière civilisée de rendre compte de la Réalité fut-elle tout à la fois très-Précieuse et très-Partiale ? Deux choses sont à considérer à ce propos :

• Du début à la fin, la civilisation conserva en principe une position invariable : sous le nom de Dieu, la Réalité en tant que telle désigne l’ESPRIT ABSOLU, que les théologiens définissent Substance “simple et immuable”. Par suite, ce qui n’est pas Dieu ne peut être que de-Dieu, participer de Dieu, et ne mérite le nom d’“être” que dans la mesure où il est marqué d’esprit Relatif. Tel est le statut du Monde “et tout ce qu’il contient”. Voici formulé le Dogme de la civilisation.

• Ceci dit, l’idée que se fit en fait la civilisation de l’Esprit Absolu a une histoire ; elle ne cessa de se modifier par à-coups successifs. Comment concevoir un tel “devenir” de la Religion ? Ce fut toujours le gros problème du croyant. Dieu ne peut que susciter en Ce-Monde son Église Visible, médecin des âmes et comptable de leur Salut. Mais est-ce que cette Église peut tout à la fois proclamer que l’Identité de Dieu échappe à tout devenir, et que le Nom Propre qu’elle lui donne dans sa Théologie Positive puisse être inadéquat, susceptible de Progrès, sans rendre son autorité suspecte ? Face à ce problème, le Dogmatisme religieux se trouve en quelque sorte pris à son propre piège. Et pourtant, bon gré mal gré, la Foi dût gravir l’escalier du temps, et se reposer sur une série de paliers s’avérant chaque fois provisoires, avant d’atteindre sa forme conséquente et parfaite. C’est ainsi que l’histoire de la civilisation peut se résumer dans le processus de PURIFICATION de l’idée de l’Esprit Absolu, portée de sa forme Simple initiale à sa forme Pure finale.

Il importe maintenant de souligner le fait suivant : l’Occident Civilisé seul parcourut le cycle complet de la civilisation, lui seul élabora la forme pure de Dieu (de l’Esprit Absolu).

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II- PERMANENCE

• Que fut l’avènement de l’Occident civilisé ? Le “miracle grec” consista avant tout dans la proclamation fondatrice du règne de Dieu sous le nom de ZEUS, ce qui veut dire Lumière Supérieure Intelligible (tel est le sens du mot grec Zevs).

Quel tournant historique immense ! Pensons qu’à partir de l’adoration déclarée de Zeus, l’humanité se trouva irréversiblement partagée en “grecs et barbares”. C’était inévitable ; puisque Zeus s’annonçait comme le vainqueur des Titans et, pour cela, débrouilleur du Chaos auquel se substitue le Cosmos rationnel. Dès lors, le Maître de l’Olympe se veut “Père des dieux et des hommes”, de tous les hommes, “barbares” inclus.

• Que verrons-nous à l’achèvement de l’Occident civilisé, 25 siècles plus tard, avec la Révolution Française (1789-1805) ? Les Constituants, le 26 Août 1789, ne peuvent faire autrement que de placer la Déclaration des “droits naturels” de l’homme “sous les auspices de l’ÊTRE SUPRÊME”. Et que dira, une génération plus tard, le philosophe Hegel ? Ceci : “La Révolution française fut un magnifique lever de soleil. Un enthousiasme de l’Esprit divin fit frissonner l’Univers. On crut assister pour la première fois à la réconciliation du Créateur avec sa Création” (Philosophie de l’Histoire – 1822-1831).

On peut se demander : qu’est devenue alors la vieille démarcation entre “grecs et barbares”. On n’en a pas fini avec elle ! Seulement, les barbares anti-civilisés d’antan se présentent avec un tout nouveau visage : on les voit maintenant comme d’attendrissants bébés civilisés, les “peuples à l’état de nature”, candidats dociles à l’assimilation religieuse. Veut-on préciser la chose ? Relisons donc le “Voyage de Bougainville” (1771).

• Conclusion : de son périgée à son apogée, l’Occident civilisé ne cessa d’exalter le Droit Divin ; d’une même voix il affirme que l’Esprit Absolu préside au Monde sans partage. Le message se déroule bel et bien en une seule chaîne.

- Ainsi, Hegel, dans son envolée sur la Révolution française, tient à se référer à l’Athènes d’Hérodote, qui fut aussi celle du philosophe Anaxagore, dont il cite la sentence suivante : “C’est la Raison Suprême (le NOŨS) qui gouverne le Monde”.

- Et que firent les Chrétiens, à mi-chemin entre Anciens et Modernes ? L’Évangile “grec” de St Jean, si décisif, s’ouvre par cette parole : “Au commencement était le VERBE Éternel (le Logos) ; tout fut fait par Lui, et en-Lui était la Lumière des hommes”.

Oui, l’affaire est jugée sans appel : la Raison Suprême des Jupitériens, le Verbe des Chrétiens et l’Être Suprême des Théistes de 1789 se font étroitement écho.

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III- CHANGEMENT

Voyons à présent le fait que l’idée humaine de l’Esprit Absolu dût être portée laborieusement de sa forme Simple à sa forme Pure. Eh oui ! la chaîne unique de la Foi fut faite de maillons très distincts, correspondants à plusieurs Révélations successives.

Illustrons la chose par l’examen historique de la formule bien connue, mais pas vraiment comprise : “Dieu créa le monde à partir du Néant”. Puisque l’expression introduit la notion de Néant, elle nous indique que l’Esprit Absolu, au regard de la création, doit être dit Être Absolu. Soulignons donc les grandes mutations que subit la relation Être-Néant – appliquée à Dieu –, en observant au passage que les Croyants n’ont jamais pu regarder le phénomène en face. Trois époques vont se mettre en relief : les Anciens, les Médiévaux et les Modernes.

ÊTRE

• Chez les Anciens, Dieu se donne comme l’Être Absolu sous le nom du MAÎTRE. Et il est dit que ce Maître Forme le monde ; c’est le Dieu “artiste”, l’artisan absolument Libre, le Démiurge. Précisons que l’Art, qui se dit “technique” en grec, sous-entend la “ruse”, autrement dit la production artificielle qui s’oppose à la production naturelle. De plus, chez les hommes, on affirme nettement que l’art dit Libéral des dirigeants prime sur l’art dit Mécanique des exécutants.

Les chrétiens reprocheront plus tard à Zeus de n’avoir pas pu se passer d’une Matière coéternelle pour remplir sa fonction de “Forme des formes”. L’objection est complètement anachronique, parce que le fait décisif chez les Anciens est tout autre : avec le triomphe de Zeus sur les Titans, la matière du Chaos, brouillée et sauvage, se mue d’un coup en “Matière Première” unie et paisible, pleine du seul Désir d’être “informée”, toute disposée à se faire Beau Cosmos.

• Chez les Médiévaux, Dieu se donne comme l’Être Absolu sous le nom du PÈRE. Et il est dit que ce Père Engendre le monde (au moyen de son Verbe). Avec l’engendrement du Monde, la Nature provient au même titre que l’Humanité du Cœur de Dieu, et l’ensemble manifeste son infinie Bonté.

D’où l’Incarnation du Verbe comme mystère central. D’où la double création spirituelle des Anges et des Hommes, et la double création matérielle des Cieux et de la Terre. D’où Responsabilité et Intercession conjuguées dans la destinée de l’Humanité, et Nécessité-Miracle combinés dans la marche de la Nature. D’où l’Église médiatrice de la Société, et les fidèles répartis en Clercs et Laïcs [3].

• Chez les Modernes enfin, Dieu se donne comme l’Être Absolu sous le nom de l’AUTEUR. Et il est dit que cet Auteur Crée le monde absolument, c’est-à-dire du Néant Absolu, par un acte totalement libre de sa Volonté. Mais c’est encore seulement au Sommet des Temps Modernes (1760-1835) que ce Dieu “Ingénieur” affirme n’avoir qu’un but Moral dans sa qualité de Créateur, ce qui disqualifie jusque le Grand Architecte de la Maçonnerie néo-Humaniste. Bref, le Dieu de Laplace évince le Dieu de Newton.

Qu’est-ce que cela donne ? La Création cette fois éclatante de Vérité est Perpétuelle-Illimitée et, pour cela, ne désigne proprement que l’Autre-Monde né en un Instant Unique, éclaire de l’Éternité. En quoi consiste l’Autre-Monde jailli de la Lueur divine ? Rien autre que la Personne Première, à l’“image et ressemblance” de l’Auteur, et dotée par Lui du pouvoir de produire Elle-Même toutes les générations de mondes Temporels (Humanités-Natures). Étant Personne, elle est avant tout Âme Première, et à ce titre Lueur de l’Âme Absolue ; mais en tant que Sujet Relatif, elle comporte un Corps Premier, Ombre de la Lueur, version totalement purifiée de la vieille Matière Première. Le Pouvoir de la Personne Première est Dynamique-Mécanique, Moral-Physique ; concrètement : Bien-Attraction (Gravitation).

Conséquence capitale : l’Église Pure, qui doit être fondée sur n’importe quelle Terre, se veut unique et universelle, totalement indépendante de toute autorité séculière (gouvernements et entrepreneurs), et n’admet comme authentique “clergé” que l’Église Invisible groupant les Agréés de Dieu de l’Autre-Monde, placés sous la Royauté de la Personne Première.

NÉANT

Voyons à présent comment le mot Néant – si étrange, si on y réfléchit, par rapport à son contraire le mot Être [4] – a vu sa signification se modifier profondément. Pensons en passant que le ZÉRO fut “le dernier chiffre que l’arithmétique a découvert”, et que ce chiffre (= vide = zéro) ne parut en Occident qu’en 1202 (Fibonacci) ! En effet, le “négatif de Dieu” a une histoire très précise, qui doit aboutir à une polarisation nette du Non-être et du Néant.

• Du temps du Maître antique, le Néant est identifié à l’INFORME, ce qui est la manière la plus Simple possible de le désigner. C’est que Zeus hérite d’une Matière Première sauvage jusqu’à son avènement (le Chaos), et qui devient alors paisible, Cosmos possible. C’est pourquoi Aristote défini Zeus “Forme des formes” ; par lui, l’A-morphe devient le Bien-formé, car la Matière Première est désormais “Désir de formes, comme une Femelle désire un Mâle”. Bien sûr, la M.P. est purement intelligible ; n’empêche qu’elle coexiste “éternellement” à Zeus, et est une réalité positive : on nomme cette Matière Originelle “Premier Bois” (Prôté Hylé), le bois étant tenu pour le matériaux-type.

À la version quasi-sensible du Néant antique correspond une Trinité divine se donnant comme une vraie famille dont les membres sont des personnes autonomes. Exemple : Zeus – Déméter – Apollon. (Déméter est la sœur-épouse de Zeus, et Apollon est fils de Zeus). Ensuite, nous voyons que Déméter, qui préside au côté Naturel de la Création, eut de Zeus une fille, Perséphone, qui possède une double nature, divine et mondaine. Elle figure l’Immortalité au sein de la mortalité, étant reine de l’autre-monde auprès de Pluton. C’est “la Vierge qui sauve”, Félicité qui fait fléchir le roi d’Hadès : “puisque Perséphone le veut !”.

• Du temps du Père médiéval, le Néant est identifié au VIDE, ce qui est la manière “équivoque” de la désigner : extérieur à la divinité par un côté, et intérieur d’un autre côté. Ce n’est plus l’Informe, mais pas encore le Néant pur. En grec, Néant se dit OUDÉN = peu de chose. En latin, c’est NIHIL = pas un brin, pas un pouce. Bref, c’est le Rien français, dont il faut rappeler qu’il est le “chose” latin, ce mot servant à désigner en ce cas un être très réel, mais indéfini, vague, sans vrai nom le déterminant (de plus, rien était de genre féminin à l’origine). Le Néant médiéval correspond bien au Non-être, ce qui est très différent du Néant pur. Un Lexique Scholastique très autorisé met les points sur les i à ce propos ; à l’Article “vide”, nous lisons : “Le Vide existait AVANT la Création, et il existe MAINTENANT au-dessus des cieux” [5].

À la forme ambiguë du Néant en tant que Vide, correspond une Trinité divine qui devient la Ste famille intérieure à Dieu : “trois Personnes en une Substance” (Père – Fils – Esprit). Rappelons que “personne” veut dire un rôle, un masque de théâtre porté par un acteur. Notons que parmi ces rôles il n’y a plus de personnage féminin ; le Fils s’est substitué à Déméter, ce qui indique un perfectionnement du spiritualisme. Cependant, le Fils incarné, mondain, a pour mère la Vierge et, une fois Jésus élevé au Ciel (Ascension) et Marie enlevée au Ciel par les Anges (Assomption), tous deux furent Roi et Reine de l’autre-monde, Marie étant la “Porte du Ciel”, intercédant pour les fidèles auprès de son Fils.

• Au temps de l’Auteur moderne, le NÉANT tout court s’impose enfin, contraire absolu de l’Être Absolu qu’est Dieu, et qui lui est absolument intime. C’est pourquoi l’Auteur crée absolument, n’ayant plus ni a informer de l’Informe, ni a remplir du Vide ; et ceci pour la bonne raison que la Personne Première issue de l’acte créateur “occupe” cette fois un univers Perpétuel-Illimité.

À la forme achevée du Néant correspond une Trinité divine qui concerne seulement les Attributs du Sujet Absolu, les Facultés de l’Âme Absolue, du Moi divin pur. Nous avons ainsi chez Kant Dieu tout à la fois Législateur (Saint) – Gouvernant (Bienveillant) – Juge (Intègre). Quant à la Création, elle se réduit à la Personne Première, dont l’Âme peut être dite “masculine”, et le Corps “féminin” (Matière Première).

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IV- LEÇONS À TIRER

Leçon à tirer du Perfectionnement historique avéré de l’idée d’Esprit Absolu auquel procéda l’Occident Civilisé.

• Pourquoi aux stades pré-Modernes de la Civilisation, alors que Dieu est déjà “en principe” aux commandes, a-t-on une manière hésitante, inconséquente, d’avancer le mot Créer, ne le distinguant pas clairement des mots Produire et Faire ?

C’est en définitive, qu’on a encore une Civilisation d’abord très faible, puis encore vulnérable sur la planète : tant par ses dimensions que par sa puissance intérieure. En un mot, on a une civilisation plus ou moins RURALE en elle-même, et avec un environnement “barbare” à redouter [6].

• La Civilisation rurale ou semi-rurale ne peut pas différencier nettement, d’une part Être et Exister, d’autre part Néant et Non-être. Il en va de même pour les notions d’Éternel et Sempiternel, d’Immense et Illimité. En fait, la civilisation rurale veut un monde Circonscrit spatialement avant tout, ou bien Borné temporellement avant tout.

• Alors, qu’est ce “négatif de Dieu”, le Néant plus ou moins conséquent, ce sans quoi l’Esprit Absolu ne peut se définir ? On voit bien qu’il s’agit de la MATIÈRE, et du statut que doit lui donner la religion. Quand on arrive au Néant tout court des Modernes, on dit clairement : l’Esprit Absolu est ce qui est totalement exempt de Matière ; celle-ci est pur Néant en Dieu, tandis qu’elle est pur Non-être (“privation” d’être) dans la Création ; ce qui fait que cette Grande Créature – toute Perpétuelle et Illimitée qu’elle soit désormais – est fondamentalement et irrémédiablement toute autre que le Créateur. Découvrir que le Néant de Dieu est tout bonnement un autre nom de la Matière, c’est parvenir à l’intelligence du grand Mystère de la Religion. Il fallait que l’Église Réaliste vienne pour établir ce point.

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V- DIEU PUR

Nous pouvons maintenant développer ce que veut dire Dieu sous sa forme Pure, dans la religion Parfaite de l’Occident Moderne ; y compris ce qu’il a alors “dans la tête” en Lui-même, “avant” toute velléité de Créateur.

 

Dieu sous sa forme Pure

 

1- Le mot “Dieu”, sans cesse sur les lèvres de l’Humanité Civilisée, devient ceci (cf. tableau) sous la forme achevée et indépassable de la Religion (après 1760) :

• C’est l’ESPRIT Absolu, à l’égard de qui la Matière est pur Néant (les mots Esprit et Néant étant pris dans le sens le plus radical, conséquent).

L’Esprit ainsi posé est la Substance propre de Dieu. C’est pourquoi Dieu seul mérite le nom d’Être sans réserve aucune, avec majuscule.

• Quel est l’Avoir tout à fait spécial de cet Être ? Autrement dit, quelle Forme peut-on attacher à cette Substance ?

C’est l’ÉTERNITÉ. Ni l’Immortalité, ni même la Perpétuité, mais l’Éternité [7]. Dieu A l’Éternité en exclusivité distinctive. Dire Dieu, c’est dire “l’Éternel”. Osons une image : l’Esprit est le nom de Dieu ; l’Éternel est son prénom.

Quelle est la caractéristique de ce Temps Absolu qu’est l’Éternité ? Elle est un Instant Immobile.

• Enfin, quel est le Faire qui unit la Substance et la Forme de Dieu ; ou bien : quelle est l’Existence qui unit son Être et son Avoir. (Rappelons que notre existence est ce qu’on fait de notre être). Le Faire, ou l’Existence de Dieu est sa “vie” en tant que RAISON absolue. Bref, c’est l’activité “concrète” de l’Esprit, et ce dont se nourrit l’Éternité.

2- Mais alors se pose la question suivante : qu’est-ce que Dieu peut bien “raisonner”, et ceci “avant” toute Création [8] ? Il reste que raisonner, c’est toujours “idéer”. Qu’en est-il donc de l’idéation en Dieu ?

•••

Le mot “Dieu”, nous le savons, recouvre trois “Attributs” : Esprit-Éternité-Raison.

1- D’abord, comment nommer l’Unité des trois, qui est telle que chacun des trois la comprend toute ? Cette unité est Âme absolue, autrement dit Sujet absolu, ou encore MOI ABSOLU. Attention ! C’est encore peu de dire que Dieu est “Un” à ce titre. Juger de Dieu, même analogiquement, selon la Quantité est infantilisme. En Dieu, l’Unité mathématique est “néant” au regard de son Identité logique, “qualitative”. C’est seulement ceci admis, qu’une juste compréhension de l’Acte “unique” de la Raison divine, qui “meuble” son Instant Immobile, est possible.

2- Il va de soi que la Raison divine “produit” une Idée “unique”. Mais encore ?

• Dans la raison humaine, la Conscience se trouve toujours “derrière” les opérations mentales, armée du Premier Principe “évident-indémontrable” d’Identité-Unité. À son tour, la Réflexion n’a lieu que dans le cadre de l’opposition Sujet-Objet, les idées elles-mêmes n’étant que des “objets mentaux” (êtres de raison), et successifs-multiples. Enfin, le fruit du travail mental se réduit à des vérités relatives, victorieuses de l’erreur.

• En Dieu, l’Acte de la Raison “confond” Conscience-Réflexion-Vérité. La Spontanéité absolue de l’Esprit divin constitue la Conscience. L’Idée divine est l’affirmation que le Sujet divin est son propre Objet. Le “contenu” de cette Idée consiste tout bonnement dans leJEdu Moi de Dieu. Enfin, le fruit de ce “travail” mental est simplement la Vérité de toutes vérités possibles et imaginables, la Vérité absolue étrangère à toute erreur.

Au total, on rejoint la vieille formule d’Aristote (purifiée) : “Dieu est Pensée qui Se pense”.

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Moi Absolu

VI- CONCLUSION

Nous pouvons dire avoir pris Dieu sur le fait : Il est L’INTELLECTUEL ABSOLU. Ce sera pour cela l’Être absolument “Libre” que la Civilisation pose nécessairement, comme la Réalité-même qui préside au Monde Libre des hommes.

Qu’on n’aille pas dire que Dieu en Lui-même pousse la Contemplation à un degré insensé, et qu’un tel Dieu Oisif (DEUS OTIOSUS) fait sourire. Ce serait faire bon marché du fait que c’est au “JE” de Dieu que la civilisation dût la Création ! Ne s’est-il pas montré en cette circonstance “affairé” (NEG-OTIOSUS) au degré suprême [9] ?...

L’Occident Civilisé, lui, prit la chose au sérieux, et avouait hautement que le travail mental des enfants de Dieu était gouverné par le couple Foi-Raison. Qu’on fasse la fine bouche laïque – à la manière de Melanchton – ou non à ce sujet, on doit reconnaître au moins que notre Occident savait alors ce que signifiaient rigueur et cohérence intellectuelles.

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Dieu Moderne

Dieu Moderne






[1] Communisme-Anarchisme.

[2] Hérodote, hellène illustre s’il en est, connut la “pointe” – AKMÈ – de son activité au milieu du 5ème siècle A.C., au fameux “siècle de Périclès”.

[3] Cf. tableau : “Société Civilisée Complète”.

[4] Même s’il y a une constante ambiguïté entre Être et Exister.

[5] Ce Lexique se trouve en annexe du Tome VIII final de la 1ère traduction française de la Somme Théologique – “encouragée par Lacordaire”, de 1854 (les articles “sexuels” sont laissés en latin). Il s’agit du monument de Thomas d’Aquin.

[6] Pensons à nos “invasions” du 5ème siècle ; que le dernier Lombard ne tombe qu’en 774 (Charlemagne ; du temps du lien avec l’Islam) ; aux Mongols répandus depuis Gengis Khan – 1205 ; et que le Turc Tamerlan ne disparaît qu’en 1375. Plus tard, plus aucun “Attila” ne se montrera.

[7] Quand on pense que nos curés et pasteurs nous promettent encore la “vie ÉTERNELLE” ! D’ailleurs, ils prennent soin de ne pas préciser si ils ont en tête celle du Paradis ou celle de l’Enfer. Et ils ne se montrent pas du tout empressés d’en jouir, se feraient plutôt tuer (?!) pour que ne soit pas porté atteinte au Système actuel païen-barbare, avec ou sans eux.

[8] Il vaut mieux dire “indépendamment” de toute Création, puisque l’Éternité est par définition étrangère aux notions d’avant et d’après des hommes civilisés.

[9] Remarquons le lien de ce mot avec Négoce. Qui de plus affairé qu’un marchand ?

Précision. En grec, on dit Oisif : SCHOLÉ (σχολή). D’où scolaire = SCHOLA. Parce que Oisif veut aussi dire ÉTUDE, cette occupation étant caractéristique du Maître délivré des tâches manuelles, et non pas de l’Esclave. Historisme !







Avertissement :

Nous vous rappelons que nous vivons en pays occupé :

"Les murs ont des oreilles...".