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                   • Manuel Réaliste-Convenable du Comm-Anar

                   • Œuvres de Freddy Malot par ordre chronologique

 

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L’Islam

Juifs, Sabéens, Nazaréens

Mages, Manichéens, Idolâtres

Mazdak

Néo-Hellénisme

Les hébreux et l’Islam

Karaïtes

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cf. Tableau général, B-C.

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550 ans après le Catholicisme, l’Islam vient “redoubler” le lien qu’aura l’Occident avec le Mosaïsme. De sorte que cette relation à l’Israélisme sera caractéristique de toute la période que nous appelons le MOYEN-ÂGE (entre l’Antiquité et les Temps Modernes, entre l’Hellénisme et le Déisme). Ceci dit, comme le répète sans cesse Mao, “tout est dans le spécifique”, c’est-à-dire les particularités distinctives.

• Le grand point commun, entre l’Islam et le Catholicisme, c’est que l’influence de l’Israélisme est dans les deux cas DIRECTE et INTERNE (cela n’était pas dans l’Hellénisme, et cela ne sera plus dans le Déisme). Et dans les deux cas encore, il ne s’agit que d’une “intimité” À SENS UNIQUE, malgré les illusions dogmatiques des intéressés : les hébreux ne furent présents dans les deux formes de la Religion que comme un prétexte, un accident, si bien qu’ils se trouvèrent finalement étrangers à l’opération ! On sait que pour les Rabbins, malgré les prétentions des deux religions, les chrétiens furent tenus pour des Fils-d’Ésaü, des “chiens crevés”, des Édomites de la race de Japhet ; et les Musulmans sont tenus pour des Fils-d’Agar, des “Ânes crevés”, des Égyptiens de la race de Cham, tandis que les Fils-de-Jacob sont les seuls de la race de Sem et peuple-élu de Jahvé (cf. Document : Les Sémites selon les Rabbins).

• Mais la relation des deux religions au Mosaïsme est non seulement très différente, mais même opposée ! Et cette opposition se manifeste à plusieurs titres :

- En tout premier lieu, ce n’est pas du tout le même judaïsme” que l’une et l’autre religion connurent ! On sait que le retour au vomi d’Esdras, de la part des autorités juives, suite à l’avortement de l’entreprise de Judah Maccabée avait fait long feu ; la marque du Pharisianisme révolutionnaire était trop forte, ayant même produit le panthéisme sensualiste de Philon. C’est ce judaïsme-là que connurent les chrétiens. Au contraire, à partir du triomphe de St Paul, la fuite à Babylone avait plongé les successeurs de la clique de Yabné dans une prostration matérialiste intégrale. Le résultat fut que même le retour à la Bible persane ne suffit plus ; dans l’époque nouvelle du Rabbinisme, on eut le règne du Talmud (achevé en 500), “complété” par un Occultisme délirant.

Le Talmud est bien sûr celui de Babylone (inutile de prendre en compte celui dit “de Jérusalem”) ; c’est le fouillis oppressif des prescriptions ritualistes (la Halakhah), et son PILPOUL (les arguties “juridiques”). L’Occultisme, c’est le fatras de magie-divination de la “mystique” du Palais (Hékhalot) et du Char (Merkavah). C’est à un tel judaïsme que Mahomet eut affaire.

- Ce qui augmente le poids du matérialisme juif réactionnaire dans l’Arabie de l’an 600, c’est que par ce biais s’exerce la pression puissante d’un autre mosaïsme” : celui des Zoroastriens au pouvoir à Ctésiphon (Perse). Du temps de St Paul, au contraire, les juifs de Palestine subissaient l’ascendant occidental de Rome, par Alexandrie et Antioche.

Zoroastre est le “Moïse” des Perses, dont la “Torah” est l’Avesta. Les Hymnes de l’Avesta (GÂTHÂS) n’avaient d’existence qu’Orale, et pendant près de 300 ans (- 845/- 560) il n’y eut aucun pouvoir Aryen en Iran ; c’est sous domination Assyro-Babylonienne que les aryas s’insinuèrent lentement.

Le véritable Mazdéisme – pouvoir persan se réclamant de Zoroastre – s’établit avec Darius (- 520), durant toute la dynastie Achéménide (- 560/- 320). Mais ce n’est pas ces partisans de Zoroastre que Mahomet doit défier. Entre-temps, et ce n’est pas rien, il y eut 550 ans d’influence hellénisante, suite à Alexandre-le-Grand, sous les Séleucides et Parthes (Arsacides) : - 320/+ 226 [1].

Ce que vécut Mahomet, c’est la décomposition du NÉO-Mazdéisme des Sassanides (+ 225/+ 632), dans une Perse où, à côté de Zoroastre, non seulement agissait le “lobby” rabbinique, mais aussi la propagande des hérétiques chrétiens (Nestoriens) réfugiés chez le Roi-des-rois (Shah in-shah), et celle de Manî (216-277).

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Penchons-nous, avant de poursuivre, sur la circonstance déterminante de la découverte de Le-Dieu (Allah) par les arabes, c’est-à-dire de la Révélation du Coran, ou “Descente” (Tanzil) de la Récitation (des versets = ayat).

• Cette circonstance fut le déclenchement de la Crise Finale simultanée du Christianisme Impérial de Constantinople et du Mazdéisme Royal de Ctésiphon, drame que l’on peut dater de 570 (c’est aussi la date de naissance attribuée généralement à Mahomet) ; et qui est énorme, puisqu’il s’agit des deux grandes puissances occidentales de l’époque…

Du côté chrétien, la crise couvait depuis la disparition de l’impératrice Théodora (548). C’est donc alors le “premier catholicisme”, celui du Patriarche Œcuménique de Constantinople, ayant quelques 250 ans d’âge, qui court à sa ruine.

La crise éclate dès la mort de Justinien (565), accompagnée de celle de ses deux grands généraux : Bélisaire (565) et Narsès (568). Ce vide brutal se traduit immédiatement au sein de l’Empire, d’une part par l’Édit de persécution des Monophysites – derniers représentants de la vieille orthodoxie “hellénisante” – (571) par Justin II ; d’autre part par l’installation des barbares Lombards en Italie, avec Pavie pour capitale (572).

• La crise du christianisme impérial déchaîne une Guerre des Blocs suicidaire entre les “Romains” (Roumi) et les Perses ; guerre qui ne se terminera que par l’effacement commun et définitif des deux Puissances, 60 ans plus tard (630), immédiatement après que chacun des deux tyrans successivement se soit targué du “triomphe absolu” ! (cf. USA-Europe aujourd’hui) :

- 619 : CHOSROÈS II (Khosrou Perwiz), après avoir conquis Antioche (612), Damas (614) et Jérusalem (615), s’empare de l’Égypte, affamant Constantinople, de sorte que l’empereur Héraclius envisage d’abandonner Byzance et de transporter sa capitale à Carthage !

- 627 : HÉRACLIUS contre-attaque en 622, écrase la Perse à Mossoul (Ninive) ; il récupère l’Égypte, toutes les provinces perdues, avec la “vraie Croix”, Chosroès s’étant effondré sur ses trésors. Et le crétin “grec” innove en 629 : il prend le titre inouï de “Grand Roi” (Basiléus), pour singer le vaincu “barbare” de Ctésiphon…

Le Prophète de l’Islam avait dit entre-temps à Médine :

“Les Romains ont été vaincus pas loin de notre terre ;

Mais dans pas longtemps – disons 3/7 ans –, ils gagneront à leur tour.

C’est de Le-Dieu que dépend le sort de tous, leur hier et leur demain.

Eh bien ! nous les Soumis, nous réjouirons une seconde fois de voir que Le-Dieu soutient qui il veut !” (Sourate 30 : Er Roum, versets 1-5).

Finalement, l’horreur des deux blocs “invincibles” s’achève : le Calife (vicaire d’Allah) remporte la victoire historique de Yarmouk (Syrie) en 636. Les deux “mondes” arrogants, qui se croyaient “éternels”, et dont l’existence fut quasi-contemporaine s’écroulent :

- le christianisme impérial “Constantinien” (312-619) ; et

- le mazdéisme royal “Sassanide” (226-632).

C’est l’annonce d’un nouvel élan de la Liberté Religieuse, aux couleurs de l’Islam, à la charnière de trois continents (Europe – Asie – Afrique).

• Mais il avait fallu que tout le Moyen-Orient, essentiellement arabo-persan, fut broyé, affamé, épidémié, mercenarisé, dans une folle Guerre de Blocs. C’est que ce champ de bataille coïncidait avec un enjeu : la Route de l’Ivoire, des Épices et des Pèlerinages, sinuant à la lisière des déserts. Cette route allait de l’Éthiopie au Yémen et, de là, à Antioche d’un côté et à Ctésiphon de l’autre (cf. Tableau : La Route de l’Ivoire).

Heureusement, il était dit que des Ténèbres mêmes (Jahiliya) provoquées par la “guerre mondiale”, jaillirait une Lumière lui correspondant en tous points ; il fallait que le Prophète Illettré paraisse, et profère le Coran “Inimitable” (I’jaz). Insistons : il fallait une Lumière DÉTERMINÉE, correspondant à des Ténèbres DÉTERMINÉES. Le Coran lui-même en témoigne :

“Il n’est point de peuple qui n’ait reçu un Avertisseur” (Sourate 35 : 22).

“À chaque époque son Livre sacré” (Sourate 13 : 38).

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Creusons cette adéquation “déterminée” de l’Islam au grand œuvre de civilisation spiritualiste du monde, sur le théâtre moyen-oriental de 625. Qu’était l’éventail complet des mentalités quand l’Esprit-Saint ordonna à Mahomet de réciter les versets, “suspendu dans les airs, éloigné de deux arcs et même plus près” (S. 53 : 8-9) ? [Cet Esprit-Saint est Gabriel, “l’Envoyé illustre, puissant auprès du Maître du Trône, ferme, obéi et fidèle” (S. 81 : 19-21), JIBRÎL ; celui-là même que les Juifs nomment Rouah ha-qodech, mais qu’ils redoutaient comme celui qui vient leur annoncer les calamités les frappant pour leurs violations de l’Alliance (alors, l’Esprit “se retire” d’Israël). L’Ange protecteur d’Israël est Michel, Puissance de la Nature]. (Cf. Document : Mentalités en Arabie.)

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Juifs, Sabéens, Nazaréens

Le Coran signale les mentalités suivantes, de “ceux qui croient au Dieu et au Jour dernier”, qui peuvent “faire le bien”, mais ne sont pas de purs Unitaires, sont Associateurs (Mushrikun), et que Dieu départagera équitablement des Soumis au jour de la Résurrection (Qiâma). Reprenons cette liste, dans l’ordre chronologique de la Révélation :

- S. 22 : 17 : “Juifs, Sabéens, Nazaréens et Mages” ;

- S. 5 : 73 : “Juifs, Sabéens et Nazaréens” ;

- S. 2 : 59 : “Juifs, Nazaréens et Sabéens”.

(À cela j’ajouterai les Manichéens – disciples de Manî/Manès ; et évidemment les Idolâtres – adorateurs d’idoles : ‘ibadet el-asnâm ; idole = sanem ; c’est-à-dire la masse des arabes eux-mêmes).

• La première chose qui frappe, dans les listes du Coran, c’est la priorité systématique donnée aux Juifs (Ihoud), alors que nous savons que le Judaïsme n’est pas une forme de la Religion, mais de la Tradition (matérialiste) ; et dans quel état lamentable se trouve cette Tradition du temps de Mahomet.

Mais précisément ! Le matérialisme des juifs est très “proche” de la société Parentale des arabes ; et si le Judaïsme est dégénéré au dernier degré, les tribus arabes sont de leur côté dans un état de décomposition ultime. Les juifs sont très présents du Yémen à la Syrie… en passant par l’Arabie, en liaison serrée et internationale. Ils ont oublié la vieille langue hébraïque et pratiquent le Chaldaïque (araméen), langue commune de la région, dont l’arabe est un dialecte. Et non seulement ils “écrivent” cette langue, contrairement aux arabes, mais ils ont un “livre” où les arabes se retrouvent en tant qu’“Ismaéliens” [2].

C’est la Torah des juifs qui dit, et elle seule, aux Idolâtres d’Arabie “sans Écriture”, qu’ils sont “devenus arabes” (MOUSTARIBA) ; que par-delà leurs clans à la dérive, ils ont une Généalogie commune, assurée, antique et pleine de noblesse : ils sont les Fils-d’Ismaël, le premier né d’Abraham, duquel viendraient, dit la Genèse (Berechit) “des rois de peuples”. Le “livre” des juifs ajoute : “Je rendrai Ismaël fécond, le multiplierai beaucoup ; il enfantera à coup sûr 12 chefs de clans, faisant de lui une grande tribu” (Genèse 17 : 16 et 18 : 20). C’est donc une grande lignée, exactement parallèle aux 12 fils de Jacob, qui fut promise à Ismaël. Ismaël, circoncis à l’âge de 13 ans en même temps que son père et la domesticité de ce dernier, est le préféré d’Abraham, bien que né de “l’esclave égyptienne Agar”. C’est contre son gré que Abraham chasse Ismaël et sa mère, se soumettant au droit matriarcal, à l’injonction de Sarah. Notons que c’est un tout autre lien, intellectuel, qu’avaient eu les Catholiques – via le judéo-christianisme – avec la Bible juive.

• La deuxième chose qui surprend, c’est la mention des “Sabéens” (SÂBI’ÛN), tenus pour des gens à livre” (ahl al-kitab) par le Coran, tout comme les Juifs et les Chrétiens ! Mieux même ! ils passent à deux reprises avant les chrétiens ! Nos musulmans Élyséens se font très discrets sur cette religion qui pourrait paraître folklorique ! Et c’est au Vatican que l’on ne doit pas être content ! Pour les historistes que nous sommes, ce fait est de première importance, pour saisir sur le vif l’Islam comme Lumière DÉTERMINÉE affrontant des Ténèbres DÉTERMINÉES. Mais au lieu de s’accrocher à ce fait flagrant et décisif, nos islamologues s’égosillent sur les “piliers de l’islam”, sur “les religions du livre”, bataillant sur tout cela entre sionistes de droite et sioniste de gauche ; et une fois le forum, le colloque, ou la table ronde sur l’“islamisme” radical ou modéré expédiés, tout ce beau monde va s’enfiler en catimini une rasade des Protocoles des Sages de Sion !

Avec le peu d’éléments dont je dispose, j’ai bâti une notice sur ces Sabéens (voir plus haut). Ce sont les sabéens du Golfe dont je me suis occupé ; on nous dit que d’autres à Harran (haute-Syrie) existaient, plus axés peut-être sur le culte des Astres. Il semble que dans les premiers temps de l’Islam, on s’est beaucoup occupé, sans complexe, de ces Sabéens ; et qu’une grosse documentation existe en arabe.

Retenons pour le moment deux choses. Primo, c’étaient des partisans de Jean-Baptiste (plus de 500 ans avant Mahomet !), des “baigneurs” se purifiant sans cesse dans l’eau courante. Secundo, ils n’avaient pas reconnu Jésus ; et surtout c’étaient des Juifs HAÏSSANT l’orthodoxie juive, les pharisiens traités de “race de vipères” dans Matthieu. Bref, encore des Juifs ! mais en lutte contre les officiels ; dissidence interne dont la gravité n’avait eu d’égal que la vieille scission entre Samaritains et Judéens… 500 ans avant J.C. au minimum.

• Ensuite, il importe de bien noter que la mention des chrétiens pose bien des problèmes, et ne va pas du tout de soi comme les coranologues de la D.S.T. veulent nous le faire croire ! Le tout premier problème c’est que le Coran les nomme NAZARÉENS (NASARÂ). Depuis 500 ans, à Antioche, ce nom avait été abandonné pour celui de Christiens ! Il faut savoir que ce sont les Juifs qui persistèrent à utiliser le terme de Nazaréens, évitant “christien” signifiant ayant trouvé un vrai Messie (Nazaréens fut injurieux à l’origine). Le Coran parlant pour les Fils-d’Ismaël aborde naturellement les chrétiens sous l’angle Juif. D’où, d’ailleurs, leur mention en 3ème position à deux reprises. Mais pourquoi gagnent-ils un rang (sans arriver cependant en tête) dans la révélation la plus récente ? Mahomet est soutenu par les juifs en 622 (Hégire, repli à Médine). Il est trahi par eux en 625. Il est contraint de les écraser en 628. Ceci explique l’intérêt renforcé pour les Nazaréens (dont la puissance en Arabie n’est en rien comparable à celle des Juifs). Cependant, la référence au judaïsme reste première, puisque c’est l’Islam qui est censé rétablir la religion d’Abraham dans sa pureté (l’Islam est “Dîn Ibrahimy”, religion d’Abraham, le modèle du Hanif, du croyant spontané, natif, comme un enfant croit en toute innocence).

Cette histoire du christianisme abordé sous l’angle Nazaréen, à partir des deux partis ennemis des Fils-de-Jacob (Juifs et Sabéens) se confirme de diverses façons. Quantité de récits et notions du Coran font écho à la Aggadah et à la Halakhah des juifs ; c’est-à-dire à leur folklore populaire et à leur juridisme sacerdotal. Ceci explique aussi le malentendu avec les chrétiens concernant la Trinité (TETSLITS), la sœur de Moïse Myriam assimilée à l’épouse de Joseph, père de Jésus, etc.

Qui étaient, quels étaient ! les Nazaréens que connaissaient les Arabes de l’an 600. Des hérétiques chrétiens exilés. Évidemment, en tant que chrétiens, plus cultivés que quiconque en Arabie. Mais ils sont une poignée dans cette région déshéritée. Et l’on sait combien des hérétiques exilés se sectarisent, et comprennent une part de marginaux. Enfin, il y a deux camps ENNEMIS chez ces exilés : ceux issus de Nestorius et ceux issus d’Eutychès (les premiers disent que Jésus a deux âmes, mais est un homme seulement “divin” ; les seconds disent que Jésus n’a qu’une âme, mais est dieu qui a l’air seulement d’être homme. La “dialectique” gêne chacun des deux bords en sens inverse !). Les Nestoriens viennent en Arabie en étant passés par la Perse, où on les avait d’abord accueillis à bras ouverts, avant de les persécuter. Les Eutychiens viennent en Arabie en venant d’Éthiopie, possession de Constantinople reprise à la fin par Ctésiphon.

Les chrétiens d’Arabie n’ont pas le contact avec la masse arabe idolâtre. Mais leur présence s’exprime dans le Coran, qui traduit des récits qu’on trouve dans des Évangiles APOCRYPHES : Protoévangile de Jacques (en hébreu), Évangile de l’Enfance (en arabe), pseudo-Matthieu (en araméen). Tout cela penche du côté Nestorien, c’est-à-dire “judaïsant”.

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Mages, Manichéens, Idolâtres

• Il faut dire un mot des “Mages” (MAGÛS) du Coran. Ici, tant pis pour les radoteurs de la religion DU livre ! On sort de la sphère d’influence de la Torah ! En revanche on a tout dit quand on sait que Zoroastre est le “Moïse” des Perses [3]. À Ctésiphon, le matérialisme est institution d’État ; aberration s’il en est, puisque l’État est absolument incompatible avec une Tradition Parentale. (Mais la barbarie est pleine de ressources : l’Inde de l’an 2000 avec ses castes !). Une nuance peut être utile : le Coran parle de simples “Mages” ; au sens strict, cela était du temps des Aryas sous domination étrangère ; depuis les Sassanides (+ 225) où ils sont au pouvoir, c’est l’Archimage (MAGUPAT) qui représente le Néo-Mazdéisme du Roi-des-rois.

Pour mémoire, on peut noter une tension très particulière au sein de l’Islam. Cette forme de la Religion est née chez les Arabes, et par son caractère absolu de religion du Livre, on n’imagine pas pouvoir chanter le Coran autrement qu’en arabe, ni que le Muezzin n’Annonce (Ezann) la prière autrement qu’en Arabe. D’autre part, l’Islam “arabe” est censé spiritualiser très spécifiquement la Tradition de Moïse, plus intimement encore que les Catholiques. Or, si la première dynastie, à Damas (660-750), eut des fonctionnaires “grecs”, la suivante, à Bagdad, “arabisa” l’administration quant à l’écriture, mais avec des perses quant à la langue. Le Calife al-Saffâh s’appuie sur des affranchis iraniens (MALAWÎ), “vengeurs de Ali”, dont on freina même la conversion à l’Islam un moment. Avec les perses, l’“arabisme” devient très relatif ; et Zoroastre rivalise avec Moïse dès ce moment. Ceci est très conforme à la vocation réellement religieuse, individuelle-universelle, de l’Islam ; mais un sérieux problème de FORME se pose. Au 16ème siècle, quand l’Islam est dominé, à l’Ouest par les turcs ottomans, et à l’Est par les perses safavides, le fondement religieux arabes-Moïse est miné sérieusement : les Turcs sont sunnites et les Perses chiites, mais le lien, soit avec Aïcha, soit avec Fatima est purement “philosophique” ; les deux États semi-féodaux, cette fois nettement séparés, ne peuvent oublier Mahomet et le Coran qui les unit, mais non plus rêver à un Calife commun.

• Il est indispensable de compléter les listes du Coran (des Gens À Livre) et s’arrêter sur les Manichéens. L’histoire du Prophète MANÎ (216-277) est énorme dans ses conséquences. Son père était disciple d’ELCHASAÏ, un judéo-CHRÉTIEN, qui s’était levé en 115 en Nabatène (Pétra), au moment de la révolte “mondiale” des Juifs, Baigneur comme les Sabéens, mais admettant Jésus-Christ, alléguant que le Messie s’incarnait de temps à autre (mais toujours Homme, et non pas Grand-Roi angélique ; simplement, l’Esprit de Pureté était la sœur de Jésus. “Ruah”, “Esprit” en hébreu, est femelle).

Manî, lui, surgit en Babylonie. Il a 10 ans quand les Arsacides hellénisants sont renversés (226), dynastie à laquelle le clan de sa mère était apparentée. À l’âge de 25 ans, une révélation lui ordonne de se proclamer le Paraklet promis par Jean, le dernier Apôtre. Pendant près de 25 ans, Manî et ses disciples vont prêcher, du nord-ouest de l’Inde jusqu’en Égypte (242-277). On est en plein dans les turbulences révolutionnaires de consolidation des Sassanides, parallèlement à la course à l’abîme de l’empire romain (en 260, Sapor Ier fait prisonnier Valérien et le fait écorcher). C’est l’époque de la reine arabe amie des Juifs à Palmyre (Tadmor, Syrie) : 267-272.

Pendant 10 ans, Manî est protégé par Sapor Ier. Puis une violente réaction Mazdéenne se déchaîne sous Bahrâm Ier (ou Varane) et l’Archimage Kartêr. Finalement, Manî est crucifié, écorché vif, décapité, et la peau empaillée suspendue à une porte de Gondî-Shapoûr (près de Suse).

Manî eut une énorme et durable influence. Il écrit en syriaque son “Grand Évangile”, ou “Évangile de Lumière”. Il se dit “sceau des Prophètes”, chacun ayant eu, en sa contrée à évangéliser : Bouddha en Inde (première fois qu’on prend en compte Bouddha en Occident), Zarâdusht (Zoroastre) en Perse, ‘Isa (Jésus) à l’Ouest, et Manî lui-même en Babylonie. Manî est décidément civilisé, rejette Moïse.

Les Manichéens persécutés essaimèrent jusqu’en Chine, d’autres se réfugièrent en Mésopotamie romaine ; mais leur nouveau centre fut en SYRIE, d’où la doctrine se répandit jusqu’en Égypte, en passant par l’Arabie. N’oublions pas que 100 ans après la mort de Manî, le géant St Augustin (354-430) fut pendant 10 ans (373-382) adepte de cette église.

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Mazdak

Quelle incidence Manî eut-il sur l’Islam ?

Pour le comprendre, souvenons-nous qu’au milieu du 6ème siècle (550), 20 ans avant la naissance de Mahomet (570), le christianisme impérial de Constantinople et le Mazdéisme royal de Ctésiphon marchaient à leur perte. En Perse, l’usure du système était encore plus avancé que chez les “romains”.

Sous le Roi des rois Kobad (ou Cabad) – 491-531 – la famine et la peste se répandent en 500. Alors se lève un “disciple” de Manî, MAZDAK (470-535). C’est le grand-pontife des Mages de Nichapour. Manî disait que la puissance de Ténèbres, restreinte et contenue par celle de Lumière à l’origine, avait ensuite envahi sauvagement le domaine de cette dernière, d’où la Grande Calamité, la souffrance du monde soumis à la matière et les âmes prisonnières des corps ; mais que par l’instruction et la conversion, à la fin des temps, la Terre de Lumière retrouverait ses droits, les Ténèbres se trouvant refoulées et enchaînées dans l’étroit canton qui leur est assigné. Mazdak, lui, 250 ans après Manî, affronte la crise finale des Sassanides en déclarant : le Temps de la Fin annoncé est venu ! Nous allons dissiper les Ténèbres matérialistes de Zoroastre qui empoisonnent la Perse.

Mazdak bénéficie d’abord des faveurs du Roi-des-rois KAVÂDH Ier (Kobad). Le Roi publie une “loi agraire”. À cause de cela, le roi est détrôné. Mazdak se réfugie en Inde. Puis, Kavâdh “assagi” est restauré ; Mazdak revient en Perse. Il a un nombre immense de partisans et est décidé à instaurer le Communisme : propriété collective des biens et des femmes, les deux choses qui provoquent la guerre entre les hommes (la Grande Révolte se déclare en 529). Le nouveau Roi, KHOSROU (Chosroès le Grand) – 531-579 – s’empare de Mazdak, le fait lier à un arbre, et tuer à coup de flèches. 100 000 adeptes de Mazdak sont suppliciés (535-540).

Le mouvement “manichéen” de Mazdak eut un immense retentissement au Moyen-Orient durant les 75 ans qui séparent Mazdak de la Révélation de Mahomet. En 582, un ermite manichéen est averti en songe qu’une caravane passerait près de sa grotte le lendemain, dont un membre était marqué du signe de la Prophétie : un nuage flottant au-dessus de lui, l’abritant des flèches du soleil. C’est la caravane d’Abu-Talib, avec Mahomet âgé de 12 ans. L’ermite BOHAÏRA invite les caravaniers, découvre que le futur Prophète est Mahomet, avec son signe gros comme un œuf de pigeon entre les épaules. Bohaïra dit à l’oncle de Mahomet : “Protège Mahomet des Juifs, car ils savent ce que je sais et voudront le tuer”.

Le manichéisme et le mazdakisme (MAZDAKIYYA) seront constamment mêlés à l’Islam, aussi bien comme ferment positif que comme hérésie.

- Autour de la révolution Abbasside (750), qui amènera l’âge d’or de Bagdad, presque tous les grands penseurs de l’Islam sont d’origine persane (Majid Fakhry), et ensuite la famille des Barmakides se distingue parmi ceux qu’on qualifie de ZINDIQS (c’est-à-dire parlant Zend, iraniens).

- Mais on diabolisera en même temps sous le nom de ZINDIQS tous les adeptes du Mal depuis Adam ! Ce sont les éternels “ennemis de la Loi et de l’État” (Laoust), de la Sharî’a et du Khalifa. Que voulez-vous ! L’anglais Peter Brown, qui écrit la vie de St Augustin en 1967 (traduite au Seuil en 1971), dit que les manichéens de 375, bien avant Mazdak, “étaient les BOLCHEVIKS du 4ème siècle, une Cinquième Colonne venue de l’étranger pour noyauter l’Église chrétienne”...

MAZDAK est un Babeuf que s’est donnée la Perse, de même que l’Allemagne se donna Münzer. De tels hommes laissent des traces dans l’histoire civilisée et méritent fort d’être étudiés, non pas d’être camouflés en temps “normal”, sauf à être agités en épouvantail à certains moments “critiques”…

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Néo-Hellénisme

En 600, la masse des Idolâtres d’Arabie, broyée par la Guerre des Blocs, électrisée par les “Gens À Écriture”, est emportée vers la découverte urgente de Dieu. La société Parentale arabe disloquée à l’extrême présente comme un état de Bannissement (KHAL, TARD) universel de ses membres, réduisant clans et tribus à une foule d’Errants (SA’LUK ; pluriel SA’ALILYK), grand drame des “veuves et orphelins”.

• La référence de base, quant aux gens à Écriture, ce sont les Juifs. La méfiance à l’égard de ces derniers, que préconise Bahaïra, n’est pas absolue. Au contraire. WARAQAH (ben Nawfal), un Nestorien (chrétien judaïsant), est du clan de Khadîdja, l’épouse de Mahomet. On le tient pour un Hanif, un croyant “pur”. Il lit le syriaque. Et il rassure sa cousine, concernant les révélations de Mahomet en disant : ce qui lui arrive est “analogue à Moïse recevant la Torah” (la Loi, le NOMOS en grec).

Pour la 2ème fois donc (et la dernière), 550 ans après les catholiques, la cause de Dieu reçoit un élan majeur (en occident) en “instrumentalisant” au départ le Mosaïsme matérialiste ! Dans les deux cas, évidemment, cette instrumentalisation est absolument LÉGITIME historiquement ; en douter un instant c’est ne rien comprendre à la Préhistoire humaine dans sa phase Civilisée.

• Cependant, et c’est ce qui importe, l’irruption de l’Islam diffère complètement du Catholicisme. Ce n’en est ni une copie, ni une forme rivale. On a fortement souligné que l’Islam est “une religion de marchands”, le vocabulaire de commerçants étant présent dans tout le Coran. Qu’en déduire ? Ceci n’est pas à la portée de la pensée civilisée dogmatique. Le Réalisme, parce que Historiste, donne la réponse : l’Islam, 1200 ans après Hésiode, toute la carrière de Jupiter étant achevée, et celle du Christianisme impérial par dessus le marché, met au monde un Néo-Hellénisme. De fait, le Coran exalte dieu à la manière antique, comme Maître (RAB) ; un maître couplé au Destin et semblant principe du Mal “comme” du Bien ; un dieu Unique qui semble trop plein de lui-même pour se mêler personnellement de notre Ici-Bas ; mais qui semble en revanche trôner sur un Au-Delà des plus “sensuel” ; un dieu enfin totalement Politique, et prisant plus la Beauté que l’Amour.

Comment expliquer une telle résurgence du Maître des anges et des hommes ? Gabriel n’endoctrine pas Mahomet de Socrate, Platon, Cléanthe et Cicéron ! Il lui fait découvrir le Dieu simple antique en s’abaissant au niveau de l’état-enfant des Arabes, dans un milieu où sévit le judaïsme Rabbinique, et où œuvrent des Nazaréens de tout genre, y compris le Paraklet manichéen. Ce n’est que plus tard que les docteurs de l’Islam (Oulemas), et durant des siècles, fouillerons et se délecterons de leurs prédécesseurs. On peut dire qu’en 1100, quand Al-Ghazâli fait une mise au point générale sur Platon et Aristote, ceux-ci sont enfin “dépassés” par l’Islam. Cette exigence s’était posée dès que la capitale s’était transportée de Médine à Damas, en 660, sous Moaviyya…

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Reprenons. Deux points à avoir bien en tête :

• L’Islam avait un lien autrement intime avec le judaïsme que le catholicisme, puisqu’il s’agissait de rompre avec la Communauté Parentale pour fonder la Cité Civilisée ; de rompre avec la Tradition matérialiste pour découvrir la Religion spiritualiste. Mais, pour cette raison même, l’Islam se présenta quasi immédiatement comme une insurrection interne des Fils-d’Ismaël contre le rabbinisme des Fils-de-Jacob, alors que les Pharisiens juifs et leurs Prosélytes menaient eux-mêmes le christianisme utopique au départ. L’Islam n’a pas d’“Ancien Testament” juif en préface de ses Écritures comme les Catholiques, pour la bonne raison que le Coran spiritualise la Bible juive de l’intérieur. Ainsi, l’Ismaélisme de Mahomet est comme la réussite ARABE de ce que les Hasmonéens HÉBREUX avaient tenté en ne donnant finalement qu’un avorton : une grande forme historique de la Religion, largement expansive parce qu’appuyée sur une société civique solide et souveraine. Ce sont les juifs obstinés, comme les mazdéens obstinés (et plus tard les turcs chamanistes obstinés), qui reçurent sous l’Islam la Protection (Dhimma) de leurs communautés, comme autrefois les Ptolémées et les Séleucides (- 300) alexandrins pratiquaient la chose. Jeunes civilisés, un rayonnement immense s’ouvrait aux musulmans pour des siècles : toute la ceinture “tropicale” de la planète en premier lieu, encore primitive (Afrique Noire, Inde, Indonésie), bien mieux accueillis que les missionnaires chrétiens, bouddhistes et confucéens, déjà “trop” civilisés.

• L’Islam ne pouvait être une simple “réplique” de l’Hellénisme. En 600 après J.C., le monde n’est plus celui de 600 avant J.C. ! Outre la référence à Moïse, les Catholiques ne pouvaient être aveugles à Socrate (- 400). De manière analogue, outre la référence à Moïse, l’Islam devait prendre en compte Eusèbe de Césarée, c’est-à-dire le Concile de Nicée (+ 325), qui intégrait lui-même Socrate. Je sais bien que chaque forme de la Religion a le fâcheux penchant de vouloir que Dieu l’ait attendue pour se faire connaître (tout en prétendant être la Vérité de toujours et immuable !). Mais l’histoire est là ! Si on triche avec elle, elle nous le fait payer durement. En l’an 600, une quinzaine de marchands arabes savaient lire et écrire à La Mecque ; ils lisaient une langue de “comptables”, empruntée dans son vocabulaire, et “défective” dans sa transcription (sans voyelles brèves, et dont certaines consonnes étaient indifférenciés) [4]. Ce fait montre quels miracles peut produire l’histoire, telle la victoire de l’Islam ; mais il réclame aussi une saine humilité historique de la part des musulmans, qui eurent beaucoup à apprendre des autres formes de la Religion préexistantes, APRÈS la victoire ; et à leur tour ils se trouvaient embarqués dans l’aventure consistant à porter laborieusement l’idée de Dieu de sa forme SIMPLE initiale à sa forme PURE finale, ceci non pas en vase clos, mais dans une émulation conflictuelle pleine de périls avec les autres dogmatismes (Croisades, etc.).

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Les hébreux et l’Islam

Après ce long détour, bien abrégé pourtant, il faut revenir à notre question centrale : que deviennent les hébreux, suite à cette deuxième instrumentalisation spiritualiste de Moïse qu’est l’Islam ?

Quelle drôle d’histoire vient de se boucler, avec l’affirmation de l’Islam sur terre, en complément du Catholicisme ! (L’Histoire a continuellement ce côté surprenant). C’est une drôlerie à double face à laquelle nous avons affaire :

• D’un côté, les Hébreux, qui n’ont par eux-mêmes jamais pesé dans l’histoire, peut-être plus que les Dogons, mais certainement moins que les Aztèques, se voient associés, par procuration, à l’histoire centrale de l’Occident, c’est-à-dire à la moitié de l’histoire civilisée (l’autre moitié est Chinoise) mondiale médiévale. Quel orgueil, pour les Fils-de-Jacob, que cette promotion gracieuse de Moïse ! Surtout quand on sait que l’Occident va prévaloir “totalement” dans l’histoire civilisée avec les Temps Modernes !

• D’un autre côté, quel traumatisme pour les Hébreux, que cette magnification absolument inespérée de Moïse soit le fait des “Autres” (AHÉRIM), de la Religion directement contraire à la Tradition ; ceci au point que Musulmans et Catholiques réunis parviennent à capter TOUTE la substance de la Bible juive au profit du Spiritualisme : depuis le premier livre prévoyant que l’aîné d’Abraham, Ismaël recouvrerait ses droits (Genèse – 17), jusqu’au dernier livre prévoyant la venue du Précurseur de J.C., Jean-Baptiste (Malachie – 3) !

C’est vraiment un drame que noue le Moyen-Âge avec les Hébreux ! (les Anciens Hellènes ne l’avaient pas allumé ; et les Modernes Déistes l’éteindront). Drame de drame, avec Mahomet, puisque le vieux refuge du matérialisme juif, la Perse, se trouve cette fois rayée de la carte comme forteresse mazdéenne, et passe à l’Islam. La 1ère fois, le choc hellène avait permis de muer le Mosaïsme en Judaïsme (Esdras), à l’abri des Achéménides (Darius) ; la 2ème fois, le choc catholique avait permis de muer le Judaïsme en Rabbinisme (Rav-Abba Arikha), à l’abri des Sassanides (Sapor). Que faire maintenant, alors que les débris du Mazdéisme sont partis se réfugier chez les Brahmanes du Pakistan (les Parsis), laissant derrière eux quelques Guèbres végéter en Iran ?

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Karaïtes

En vérité, la victoire de l’Islam a un double effet sur les Hébreux :

• Le caractère Néo-hellène du Califat permet une “domestication” du rabbinisme à l’ombre du spiritualisme musulman, la Religion prolongeant donc la Tradition !

• Le choc est pourtant dur pour le matérialisme fossile des juifs. Déjà, les restes des Samaritains de Syrie avaient embrassé la cause du Calife en 638. Mais le plus grave était à venir : ce fut la révolution Karaïte (ou Caraïte) au sein même du Rabbinisme.

Tandis que le rabbinisme se fonctionnarise de manière rigoureuse, avec l’Exilarque (RECH GALOUTA : chef des émigrés) qui nomme le Prêtre en chef, le “GAON” qui se fait héréditaire (le “Gaon de Jacob” est l’“Orgueil” des juifs), la bombe Karaïte se prépare. De quoi s’agit-il ?

D’une certaine manière, alors qu’on avait eu des Judéo-chrétiens AVANT le christianisme, on eut avec les Caraïtes des judéo-musulmans APRÈS l’Islam ! Les Caraïtes, ou Récitants (QARA = réciter) s’expliquent à eux-mêmes la chose de la façon suivante, dans le sens Néo-Samaritain :

• Le Talmud est une imposture, revenons-en strictement à la Torah.

• Ceci est la pure Tradition, celle de Roboam, le fils légitime de Salomon, dernier Roi d’Israël unifié, qui fut renversé par les scissionnistes de Jéroboam, dont les Rabbins talmudistes, réactionnaires et superstitieux sont les successeurs.

La Grande Révolte fut initiée en 767, suite à la tourmente qui élève les Abbassides pro-iraniens au pouvoir à Bagdad, par ANAN BEN DAVID. Celui-ci, écarté injustement de la dignité d’Exilarque qui lui revenait, crée sans hésiter une autorité rivale. Nous sommes à l’époque du Calife AL-MANSUR (Abu Gafar) – 754-775. Anan, mis en prison, y fraternise avec ABU HANIFA, le grand fondateur du Droit musulman. C’est aussi l’époque ou l’Islam se jette dans la Théologie (le KALAM), la défense du dogme à l’aide de la Dialectique, de la Philosophie hellène.

Anan, grâce à l’Islam, veut faire retrouver à Israël le contact avec l’Hellénisme qui avait animé les Maccabées menés par les Pharisiens révolutionnaires. Ceci avait été ensuite proscrit, avec le mot d’ordre : “Dressez une Haie autour de la Loi” ; mais voici que les Karaïtes reprennent le combat 900 ans plus tard !

Une fois de plus, toute la judaïcité se scinda de façon irréversible : comme du temps des samaritains, comme du temps de Judah Maccabée, comme du temps de Jean-Baptiste.

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Le Caraïsme eut une influence incalculable. Anan et ses disciples fixent le texte biblique : ils s’appuient sur l’araméen pour cela ; ils donnent naissance aux premiers Massorètes, qui divisent le texte en phrases, le voyellisent et y mettent des accents, de sorte qu’on aura une Bible réellement “lisible”, un vrai “livre”, en 930 ! Les Caraïtes créent encore les premiers lexiques et grammaires hébraïques ; et ils créent une Philosophie juive !

À l’époque Moderne, tous les grands critiques bibliques, depuis l’Oratorien Richard Simon (1638-1721), les Protestants sans exception, et finalement l’Abbé Grégoire (1750-1831), celui des prêtres “Jureurs” de la Constitution sous la révolution française, vantèrent le Caraïsme pour avoir rejeté le Talmud, et firent du Caraïsme un modèle démontrant la possibilité de civiliser les Juifs.

Et pourtant, le judaïsme dit “orthodoxe”, crispé sur la Tradition matérialiste, parvint à se maintenir. Tel est l’acharnement Communautaire, même s’il faut porter la chose jusqu’à l’absurdité totale ! Les Lumières (Haskalah) juives elles-mêmes furent “avalées” par l’inertie primitive, en attendant la “revanche” monstrueuse du Sionisme…

J’oubliais qu’Anan Ben David avait forcé à retardement le grand pourfendeur du Caraïsme SAADIAH GAON (930) à répudier… la Métempsychose ! (le GILGOUL – Gilgoul Nechamot ; Ahl al-Tanâsokh).

Mais le grand exploit des Caraïtes fut d’avoir contraint le même “Gaon” à traduire la Bible en arabe ! Qui peut arrêter l’histoire ?…

- Le fameux Maïmonide écrit dans son Épître aux Yéménites (1172) :

“Peu s’en fallut que la Torah divine ne fut détruite par les Caraïtes, si Ben Yosef Saadiah Gaon (882-942) n’avait pas été là !”

- De nos jours, Cécil Roth renchérit dans son Histoire du Peuple Juif (1936) :

“Le Caraïsme était le plus grand ennemi que le Judaïsme ait eu depuis des siècles, menaçant même plus gravement la Tradition QUE LA CHUTE DE JÉRUSALEM” ! ! !

Le Gaonisme ? C’est de l’ultra-talmudisme. Preuve en est que c’est l’anti-caraïte Gaon SIMÉON KAYYARA (825) qui va mettre à l’honneur, comme bien supérieurs aux Dix Commandements de Moïse, les “613 Prescriptions” (TARYAG MITSVOT). Noter que 613 coïncide avec la “valeur numérique” du total des 22 signes (dits consonnes) de la langue hébraïque. De plus, 613 est la somme des deux séries contraires des Prescriptions :

- 365 “négatives”, c’est-à-dire un nombre d’Interdits qui couvrent tous les jours d’une année ;

- 248 “positives”, c’est-à-dire un nombre de Contraintes qui recouvrent la liste entière des parties qui composent le corps humain.

Avec cette Numérologie (GEMATRÎA), mâtinée de Kabbale et agrémentée de diverses amulettes, nos Occultistes païens ont de quoi se régaler !

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Note :

• Sans fin, les Hébreux, dans la mesure où ils veulent affirmer contre vents et marées leur vraie “identité” – matérialiste –, doivent maudire par-dessus tout “l’Assimilation” (al-Tashbih) : soit en donnant une arme Panthéiste au Spiritualisme qui leur est contraire (!), soit en apportant de l’eau au moulin du Paganisme avec lequel leur Matérialisme positif n’a rien à voir non plus !

• Mahomet, glorifiant les “Livres”, et avant tout la Torah, se doit en même temps de proclamer qu’ils ont tous fait l’objet de “Falsification” (TAHRIF), et la Torah en tout premier lieu. Pour spiritualiser le Mosaïsme, il ne peut pas voir les choses autrement. C’est pour cela qu’il se donne pour le “Sceau des Prophètes” (KHÂTIM AL-ANBIYÂ’). “Sceau” veut dire CONFIRMATION de la “vraie” Révélation, ce qui est tout autre chose que DERNIER des Prophètes ! De tels détails ont de l’importance…

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[1] C’est durant cette période que résistent et s’élèvent les “Mages”.

[2] En 520, il y avait un Roi juif au Yémen, et depuis longtemps les Fellachas en Ethiopie.

[3] ZARÂDUST (Zoroastre) se veut Prophète (NABÎ), et le Mazdéisme “religion monothéiste” (DIYÂNAT TAWHID).

[4] Cf. Blachère : Introduction au Coran.







Avertissement :

Nous vous rappelons que nous vivons en pays occupé :

"Les murs ont des oreilles...".